Après une année 2020 plutôt chaotique, marquée par un choc sanitaire mondial et une récession économique historique, 2021 laisse entrevoir une accalmie.
L’ensemble des économies devraient se rétablir grâce à la mise sur le marché de vaccins « efficaces » contre la COVID-19, seule issue pour relancer l’activité.
La phase de reprise sera probablement sensible et assez soutenue avec une progression de l’économie mondiale estimée entre 5 et 6% pour 2021, d’environ 4,5% aux Etats-Unis, de près de 6% en zone Euro et de 8 à 9% en Chine. Les marchés ont déjà commencé à anticiper ce rétablissement économique ce qui signifie que les bénéfices des entreprises vont également s’afficher en nette amélioration cette année.
Les taux d’intérêts
En 2020, Les banques centrales ont acheté la tranquillité financière et permis les rebonds connus par les marchés grâce au déploiement de programmes de financement massifs.
Mais cette année, avec l’amélioration graduelle des conditions sanitaires et un marché qui se projette déjà au-delà, quelle va être la réaction des taux ?
Marché américain
Les démocrates, déjà majoritaires à la Chambre des représentants, ont créé la surprise en remportant le contrôle du Sénat, un atout pour le nouveau président Joe Biden qui va pouvoir imposer certaines réformes. Cependant, compte tenu des divisions au sein même du parti démocrate, cette majorité ne lui permettra pas de mettre en application son programme en totalité.
Des plans de relance nettement supérieurs aux mille milliards déjà annoncés (de 700 à 1500 milliards supplémentaires) devraient toutefois voir le jour ainsi que des hausses de taxes qui pourraient s’avérer défavorables aux marchés. Sur le front des taux d’intérêt, cela signifie davantage de financements et cette augmentation est d’ores et déjà visible sur les cinq premiers jours de l’année avec un taux 10 ans américain qui a commencé une remontée et franchi la barre de 1,10%. Dans ce contexte, la Réserve Fédérale (FED) devrait maintenir son rythme de rachats d’actifs, une manière de contrôler la partie longue de la courbe des taux.
Les taux américains devraient continuer de se tendre pour atteindre 1,25%, peut-être 1,50%, à horizon 6 mois. La FED veillera toutefois à ce que cette remontée reste modérée afin de ne pas entraver la reprise économique.
En ce qui concerne le taux 10 ans américain, une hausse significative lui redonnerait de l’attractivité en termes de portage ce qui inciterait les investisseurs à revenir sur cette classe d’actifs.
Marché zone Euro
L’ensemble des mesures de soutien de la Banque Centrale Européenne (BCE) va générer des émissions nettes négatives. En effet, compte tenu des émissions des Etats, des remboursements et des achats de la BCE, les achats vont dépasser les émissions. Les taux d’intérêt devraient donc se maintenir à des niveaux très bas sur les 3 à 6 prochains mois. Dans le sillage des taux américains, le 10 ans allemand pourrait potentiellement remonter vers les -0,25% à horizon 6 mois, un mouvement qui serait de très grande ampleur.
Aucun changement n’est prévu sur les taux en zone Euro et le niveau d’endettement ne sera pas un sujet sur les 6 premiers mois de l’année, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis.
Autres classes d’actifs obligataires
Le segment « Investment Grade », qui offre aujourd’hui un rendement moyen peu attractif de 0,20%, est une classe d’actifs chère du point de vue de ses spreads et devrait le rester, avec toutefois des disparités entre les différents émetteurs plus ou moins impactés par les développements sanitaires à venir.
Le segment « High Yield » propose toujours du rendement et même s’il est globalement cher au regard de métriques ante-crise, le besoin d’investissement et de rendement couplé à l’abondance de liquidités déversées par les banques centrales rendent cette classe d’actifs intéressante avec 2,80% de portage. Il est bon d’en détenir en portefeuille et ne pas hésiter à en remettre en cas d’écartement dans un épisode de volatilité. Le rendement restera crucial pour beaucoup d’investisseurs donc sur les classes d’actifs qui en apportent.
La « dette émergente » apporte du rendement bien que les devises émergentes aient un peu baissé ces derniers temps. La conjoncture actuelle (relance abondante aux Etats-Unis, FED très accommodante, dollar faible et reprise économique avec la sortie de crise sanitaire) devrait être favorable à cette classe d’actifs.
Les marchés actions
L’année 2020 a été marquée par une catastrophe sanitaire mondiale et une crise économique majeure. Et pourtant, en ce début d’année 2021, les marchés actions se situent à leurs plus hauts historiques.
Comment expliquer la bonne tenue des marchés actions ?
Première raison. Beaucoup d’entreprises ont souffert de la crise économique provoquée par la pandémie de Coronavirus mais certaines ont nagé à contre-courant, ont accru leurs bénéfices et ressortent fortifiées de cet épisode, notamment celles appartenant au secteur du numérique comme les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) ou liées à la transition énergétique et écologique. Par leur poids prépondérant dans les indices, ces valeurs ont notamment profité au Nasdaq (indice pourvu en valeurs technologiques) qui a battu tous ses records en progressant de plus de 50% en 2020.
Seconde raison. Les taux d’intérêt sont très bas et devraient le rester malgré une légère tension sur les taux long terme, notamment américains. C’est donc sous un effet TINA (« There is no alternative ») que les marchés actions continuent de monter car il ne semble pas y avoir d’autre alternative pour se procurer du rendement et rentabiliser son épargne. Les dividendes des actions restent très attractifs par rapport à ceux des taux d’intérêt (rendement des actions de 3% en Europe vs -0,5% pour le Bund à 10 ans) et ce, malgré une baisse en 2020.
« Plus arrivent de mauvaises nouvelles et plus les taux restent bas et, dès lors que les entreprises continuent à distribuer le même niveau de dividendes, plus les actions sont attrayantes en termes de rendement par rapport aux taux d’intérêt. »
Une remontée des taux américains vers 1,25%/1,50% (autour de 1% aujourd‘hui) ne remettrait pas en cause la dynamique des actions mais pourrait entraîner une rotation sectorielle, un mouvement déjà visible depuis la fin d’année dernière. Les grandes valeurs de croissance qui ont bénéficié de taux très bas, notamment en raison de leur actualisation à l’infini (plus les taux sont bas, plus l’actualisation est élevée), en pâtiraient en termes d’évaluation. En cas de hausse modérée, elles ne baisseraient pas mais progresseraient moins que les valeurs cycliques, notamment financières, qui bénéficieraient de cette légère appréciation des taux et surtout des plans de relance de l’économie et donc des profits des entreprises.
La configuration actuelle est optimale pour les marchés actions qui, dans un contexte de taux bas, bénéficient de politiques monétaires et budgétaires très accommodantes afin de relancer l’économie et de ce fait, générer une croissance positive (économie mondiale estimée de 5%/6% contre une récession en 2020).
Perspectives par zone géographiques
La Chine sort gagnante de la pandémie. Le pays a su rebondir très rapidement et a réussi à éviter la récession, contrairement à l’ensemble des pays, notamment les Etats-Unis et l’Europe. Les perspectives sont donc positives pour la croissance chinoise.
Le combat entre les Etats-Unis et l’Europe en termes de performances dépendra de la poursuite ou non de la hausse des valeurs technologiques sachant que l’Europe a une composante cyclique un peu plus forte que les Etats-Unis. En tant que valeurs de croissance, les valeurs technologiques pourraient pâtir de la hausse des taux, toutefois elles bénéficient de l’aspect structurel et devraient donc continuer à faire des bénéfices (Amazon compte de nouveaux clients chaque jour, Apple ne faiblit pas, …).