La République des Seychelles vient de lancer la première obligation bleue souveraine au monde, un instrument financier novateur destiné à financer des projets marins et halieutiques durables.
L’obligation, qui a permis de lever 15 millions de dollars auprès d’investisseurs internationaux, démontre que les pays peuvent faire appel aux marchés financiers pour financer l’utilisation durable des ressources marines. La Banque mondiale a soutenu la mise au point de cette obligation bleue et la prise de contact avec trois investisseurs, à savoir Calvert Impact Capital, Nuveen et Prudential.
« Nous sommes honorés d’être le premier pays à utiliser un instrument de financement aussi novateur. L’obligation bleue, qui fait partie d’une initiative combinant investissements publics et privés destinés à mobiliser des ressources pour autonomiser les populations et entreprises locales, aidera largement les Seychelles à réaliser la transition vers une pêche durable et à préserver nos océans tout en développant durablement notre économie bleue », se félicite Vincent Meriton, vice-président de la République des Seychelles, qui a annoncé l’émission obligataire lors de la conférence sur le thème « Our Ocean » tenue à Bali.
Les fonds levés grâce à l’émission obligataire serviront notamment à financer l’extension des aires marines protégées, l’amélioration de la gouvernance des ressources halieutiques prioritaires et le développement de l’économie bleue des Seychelles. Des dons et des prêts seront accordés par le biais du Blue Grants Fund et du Blue Investment Fund, gérés respectivement par le Fonds des Seychelles pour la conservation et l’adaptation au changement climatique (SeyCCAT) et par la Banque de développement des Seychelles (DBS).
« La Banque mondiale se félicite de participer au lancement de cette obligation bleue souveraine qui pourra servir de modèle à d’autres petits États insulaires et pays côtiers en développement. C’est un signe important que les investisseurs souhaitent de plus en plus s’impliquer dans la gestion et la mise en valeur durables de nos océans au profit des générations futures », déclare Laura Tuck, vice-présidente de la Banque mondiale pour le développement durable.
L’archipel des Seychelles regroupe 115 îles de granit et de corail. Ces îles ont une superficie totale de 455 km2 et sont réparties sur une zone économique exclusive d’environ 1,4 million de km2. Les Seychelles, qui font partie des zones écologiques sensibles de la planète, parviennent à concilier la nécessité de se développer sur le plan économique à celle de protéger le patrimoine naturel national.
Les ressources marines sont essentielles à la croissance économique du pays. Après le tourisme, la pêche est le secteur le plus important du pays, contribuant de manière significative au PIB annuel et employant 17 % de la population. Les produits de la pêche représentent environ 95 % de la valeur totale des exportations nationales.
« L’obligation bleue des Seychelles marque une étape importante dans le soutien de longue date que nous apportons à la préservation des océans. Le FEM est fier d’investir dans le développement d’économies bleues nationales qui protègent le riche écosystème marin tout en favorisant la croissance économique, l’amélioration des moyens de subsistance et la création d’emplois », souligne Naoko Ishii, directrice générale et présidente du Fonds pour l’environnement mondial (FEM).
La Blue Bonds bénéficie d’une garantie partielle de 5 millions de dollars de la Banque mondiale (BIRD) et est en outre soutenue par un prêt concessionnel du FEM qui couvrira en partie le paiement des intérêts de l’emprunt obligataire. Les fonds générés par l’emprunt obligataire contribueront également à soutenir le Programme de la Banque mondiale sur la gouvernance des pêches et une croissance partagée au sud-ouest de l’océan Indien, qui aide les pays de la région à gérer durablement leurs ressources halieutiques et à tirer plus de bénéfices économiques de leur secteur de la pêche.
Une équipe de la Banque mondiale composée d’experts du service de la Trésorerie, du département juridique et des services de l’Environnement et des Finances a travaillé avec des investisseurs, structuré l’obligation bleue et aidé l’État à mettre en place une plateforme pour transférer les fonds levés. L’étude de la viabilité d’une obligation bleue souveraine a été initialement réalisée grâce au soutien de l’initiative International Sustainability Unit de la fondation caritative du Prince de Galles. La banque Standard Chartered a joué le rôle d’agent de placement de l’obligation et le cabinet Latham & Watkins LLP celui de conseil externe de la Banque mondiale. Enfin, le cabinet Clifford Chance LLP a fait office de conseil pour l’opération.
« Cette obligation bleue démontre que les marchés financiers peuvent appliquer à grande échelle des solutions pour préserver durablement les océans en conciliant parfaitement protection des espaces marins et opportunité économique. Le marché de la finance des océans en est encore à un stade embryonnaire, mais il est de plus en plus urgent de trouver des capitaux pour faire face aux menaces qui pèsent sur la santé de nos océans. L’obligation bleue est un parfait exemple du type de prise d’initiative audacieuse de la part des gouvernements et de financements publics et privés dont nous avons davantage besoin », fait observer Jenn Pryce, directrice générale de Calvert Impact Capital.
« Le changement climatique crée aussi bien des défis que des opportunités pour les investisseurs. L’attractivité de la valeur de l’obligation bleue et le soutien technique et financier de la Banque mondiale représentent une opportunité importante pour nos clients », fait remarquer Stephen M. Liberatore, responsable des stratégies fixed incomed de la gouvernance environnementale et sociale de Nuveen, couvrant notamment le TIAA-CREF Social Choice Bond Fund. « Le développement durable des économies bleues telles que celle des Seychelles cadre avec notre point de vue selon lequel investir dans une démarche responsable est une approche à la fois prudente et financièrement rentable sur le long terme. Nous avons bon espoir que cette opération servira de modèle pour des solutions créatives d’investissement à impact dans le futur. »
« Un accès durable à des sources alimentaires, telles que la pêche aux Seychelles, peut avoir un impact transformateur sur les populations, apportant à la fois des ressources alimentaires et des sources de revenus stables », explique Andrea Kaufman, vice-président des investissements à impact de Prudential Financial, Inc. « Notre entreprise partage la vision à long terme de la Banque mondiale, à savoir faire de l’obligation bleue un modèle pour les futurs investissements destinés à préserver la durabilité des ressources en eau pour les générations futures. »
Service de la Trésorerie de la Banque mondiale et directeur des opérations pour les Seychelles
« Nous félicitons les Seychelles pour cette toute première obligation bleue. Nous sommes ravis d’avoir soutenu cette opération importante, réalisée en étroit partenariat avec les investisseurs et d’autres partenaires au développement. Nous espérons que cette obligation ouvrira la voie à d’autres, à l’instar de la première obligation verte de la Banque mondiale qui a été un catalyseur du marché des obligations vertes il y a 10 ans. L’obligation bleue est un autre exemple du rôle important que jouent les marchés financiers pour mettre les investisseurs en relation avec des projets qui promeuvent une meilleure gestion de la planète », note Arunma Oteh, vice-présidente et trésorière de la Banque mondiale.
« Je suis heureux que nous ayons franchi une telle étape. Cette obligation bleue souveraine vient compléter les efforts déjà déployés dans le cadre de notre portefeuille d’opérations dans le pays afin de promouvoir l’utilisation durable des ressources marines, notamment dans le secteur de la pêche qui, avec le tourisme, représente une part importante du PIB du pays. La mobilisation de fonds privés pour ce type d’initiatives est un accomplissement notable qui pourrait être reproduit dans d’autres pays insulaires et au-delà, y compris dans les pays dont j’ai la charge dans cette partie du sous-continent », indique Mark Lundell, directeur des opérations de la Banque mondiale pour les Seychelles, Maurice, Madagascar, les Comores et le Mozambique.
Co-gestionnaires des fonds de l’émission obligataire
« Nous sommes privilégiés de travailler avec les nombreux partenaires associés à cette opération unique en son genre et nous nous félicitons des possibilités qui nous sont ainsi données de soutenir des projets au stade de pré-développement et de la croissance en appui à l’économie bleue des Seychelles. Avec ces nouvelles ressources, nos principes directeurs et la structure de financement mixte que nous avons mise en place, nous soutiendrons les ambitions des Seychelles de créer une économie bleue diversifiée et, surtout, de protéger les ressources halieutiques et les écosystèmes océaniques », déclare Martin Callow, directeur général de Seychelles Conservation and Climate Adaptation Trust, qui assurera la cogestion des fonds de l’émission obligataire.
« La Banque de développement des Seychelles (DBS), agissant en vertu de son mandat, est là pour soutenir les Seychelles dans leur entreprise de promotion et de développement durable du secteur de la pêche du pays. La création du fonds pour les investissements bleus apportera une plus grande visibilité à la Banque aux niveaux local et international et lui donnera l’occasion de renforcer ses compétences en matière de gestion de fonds en vue d’obtenir des résultats positifs en matière environnementale et sociale et sur le plan de la gouvernance », se félicite M. Daniel Gappy, directeur général de la DBS, qui assurera la cogestion des fonds de l’émission obligataire via la création d’un fonds pour les investissements bleus.