Gestionnaires d’actifs : Mobilisez-vous davantage pour la finance durable

Même si les sociétés de gestion s’impliquent de plus en plus en matière de finance durable, de nombreux efforts restent encore à fournir pour intégrer pleinement les critères ESG. Or la performance extra-financière devient un ingrédient essentiel pour les investisseurs qui ne se satisfont plus du seul rendement financier. Les gestionnaires d’actifs doivent donc impérativement prendre conscience de ce changement de paradigme.

Année après année, l’intégration des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) gagne du terrain auprès des gestionnaires d’actifs et de fortune. Il ne se passe pas une semaine sans qu’un acteur n’annonce, en effet, sa décision de généraliser à court ou moyen terme cette démarche à l’ensemble de ses fonds ou de ses stratégies d’investissement. Rares sont également les sociétés de gestion à ne pas avoir signé les Principes pour l’Investissement Responsable (PRI). Outre le respect des récentes évolutions réglementaires, à l’image de l’article 173 de la loi sur la transition énergétique, ils cherchent ainsi à répondre à une demande croissante des investisseurs. Conscients des conséquences néfastes du changement climatique et de l’augmentation des inégalités sociales, les épargnants aussi sont de plus en plus soucieux de donner du sens à leurs placements financiers. Ils souhaitent en effet participer au développement vertueux de l’économie et des entreprises, tant au niveau local que national.

De bonnes intentions insuffisantes

Pourtant force est de constater que la grande majorité des sociétés de gestion reste encore au stade des bonnes intentions. Certes, dans leur volonté de verdir leurs portefeuilles, bon nombre d’entre elles ont mis en place des outils de notation ESG sur l’ensemble de leurs fonds. Certaines se sont lancées dans l’émission d’obligations vertes (« green bonds ») dédiées au financement de la transition écologique. Aussi louables soient-elles, ces initiatives ne constituent pourtant que le premier pas sur le chemin qui reste à tracer vers une finance réellement durable. Un premier pas nécessaire mais pas suffisant : il faut maintenant que les gestionnaires d’actifs prennent en compte la finance durable de manière plus concrète, en évaluant tous les projets et sociétés dans lesquels ils souhaitent investir à l’aune des critères ESG. Il est impératif pour cela que les gérants de fonds adoptent une évaluation très fine de ces mêmes critères ESG utilisés dans la notation de leurs investissements, ceci afin d’écarter tout risque d’interprétation subjective ou biaisée. Ils se doivent en effet d’avoir une analyse et une évaluation détaillée de leurs investissements et des projets qu’ils financent par leurs émissions de « green bonds » pour s’assurer, ainsi, de financer réellement des programmes à vocation environnementale et durable. Pour finir, il s’agit d’être en mesure d’expliciter le caractère durable de l’investissement sélectionné en justifiant les critères ESG choisis ainsi que leur méthode d’évaluation.  

Inciter les émetteurs à se transformer

De la même manière, les acteurs de la gestion d’actifs ont un rôle-clef envers les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies. Actuellement, nombreux sont ceux qui se concentrent sur la problématique climatique des ODD. Ils doivent pourtant aller au-delà et s’intéresser aux initiatives de plus grande envergure telles la « Global Reporting Initiative » qui propose aux entreprises une norme précise de leur reporting durable ou le « Impact Management Project » dont la vocation est d’établir un consensus qui permette aux investisseurs de mesurer et gérer complètement l’impact social et environnemental de leurs décisions. Ces initiatives porteuses de progrès font sens pour tout investisseur et les gestionnaires d’actifs ne doivent pas attendre pour se saisir pleinement de ces sujets et les intégrer dans leurs transformations stratégiques.

Certes, les gestionnaires d’actifs ne pourront, à eux seuls, changer le monde, et ce ne peut pas être le rôle de la seule finance. Il leur appartient par contre de redéfinir leur stratégie d’investissement durable pour choisir les modèles et projets d’entreprises qu’ils soutiennent financièrement. Ils pourront ainsi jouer un rôle majeur pour inciter les émetteurs à changer de pratiques voire de modèle économique afin qu’ils adoptent des comportements plus écologiques, durables et socialement responsables. De même la politique d’engagement des investisseurs, déjà parée des vertus de l’ESG, doit être mieux fédérée pour que les votes de leurs représentants en assemblées générales soient plus représentatifs et efficaces.

Un changement de paradigme

L’enjeu est loin d’être neutre. Intensification des inégalités sociales, épuisement des ressources naturelles, multiplication des risques climatiques : nous faisons face à un vrai risque de crédit sur la planète. Les acteurs de la finance se doivent donc d’intégrer ce nouveau paramètre et se doter de solides politiques de développement durable et social. L’avenir même de la gestion d’actifs et de fortune réside d’ailleurs pour une large part dans la finance durable et responsable. Cet engagement devrait être au cœur de la concurrence de demain dans l’univers encombré de la gestion de portefeuille. Certes, la performance financière continuera d’occuper une place importante dans l’esprit des investisseurs. Mais la prise de conscience sur le développement durable ne peut que se développer. Et loin de se cantonner à des enjeux extra-financiers, elle aura aussi une traduction comptable dans les risques et résultats financiers des entreprises.

Dans ce contexte, fournir des solutions d’investissement responsable et un reporting transparent et précis sur les performances environnementales et sociales constitueront des facteurs de différenciation majeurs. Le monde de la finance et de la gestion d’actifs doit rentrer de plain-pied dans ce changement de paradigme. La mise en place de capacités de recherche complémentaires sur les domaines de l’ISR, de l’ESG ou de l’Impact témoignent d’ailleurs de la prise de conscience des sociétés de gestion. L’heure est aujourd’hui venue de sortir des bonnes intentions et des vœux pieux et de s’engager pleinement sur la voie d’une finance durable, responsable et éthique. Aux gestionnaires d’actifs désormais de transformer l’essai.

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