L’agriculture française réagit en permanence à des évolutions externes des prix mondiaux, des préférences alimentaires, ou des politiques de soutien. Le modèle Magali 2.0 permet d’estimer la contribution de ces chocs à l’évolution à moyen terme de la production et des revenus des agriculteurs.
Le secteur agricole français est le plus important de l’Union européenne. La production totale de la branche agricole s’élevait à 72 Md€ en 2017, dont 57 % de production végétale (céréales, viticulture, etc.) et 36 % de production animale (lait, viandes, etc.). Ce secteur est particulièrement exposé à des chocs externes, climatiques (sécheresse estivale en 2015 et 2018, intempéries printanières en 2016, gels tardifs en 2017) ou économiques (cours des productions, animales et végétales, et des matières premières agricoles), ou encore à l’évolution des préférences alimentaires (baisse de la consommation de viande). Ces évènements affectent les prix mondiaux. Ainsi le prix moyen du blé tendre peut durablement diminuer d’un tiers, comme ce fut le cas entre les périodes 2011-2013 et 2014-2017.
Par ailleurs, la production agricole est très dépendante des prix de l’énergie, via sa consommation de produits pétroliers (fioul, gazole et gaz naturel) ou de leurs dérivés (engrais azotés). Si le secteur a bénéficié des baisses de cours du pétrole de ces dernières années (le prix du baril étant passé de 96 $ en 2011-2014 à 58 $ en 2015-2018 en moyenne), il reste très exposé aux hausses de cours.
Le secteur agricole bénéficie également de nombreuses subventions à l’exploitation, principalement de la politique agricole commune (PAC), qui représentaient 8 Md€ en 2017. Le montant et la répartition de ces subventions pourraient évoluer avec la révision du cadre financier pluriannuel et de la PAC pour 2021-2027.
Un modèle économétrique rénové, Magali 2.0, permet d’évaluer les effets à moyen terme de ces différents types de chocs, réalisés ou potentiels, sur la production agricole française et ses performances économiques. Par exemple, on estime que la baisse de 12 % de la consommation de viande par habitant en France entre 2007 et 2016 aurait contribué pour 0,6 % à la baisse des surfaces en prairie permanente et serait responsable d’une baisse de 1,4 % de l’excédent brut agricole en France, plus marquée dans le secteur de la production animale. Les effets de ce choc sont bien sûr contrecarrés ou amplifiés par d’autres chocs intervenus sur la même période, comme la baisse du prix du pétrole ou celle des cours du blé tendre (cf. graphique ci-dessous).