Reprise de l’interview de Catherine Orlhac, présidente de l’ AUREP ( formation et recherche en gestion de patrimoine) :
Quelle analyse faites-vous de l’année qui vient de s’écouler ? Quelle sont les tendances du marché et comment s’adapte-t-on quand on est un organisme de formation ?
Le rôle d’un organisme de formation est d’être capable de bien saisir les évolutions du marché et les nouveaux besoins des clients, voire de les anticiper, pour proposer de nouvelles formations adaptées, afin que les professionnels puissent rapidement être opérationnels.
Nous constatons que le marché est en pleine mutation, et ceci n’est finalement que la conséquence de l’évolution des besoins du client. Notre constat à l’AUREP est que l’on a affaire à un client de plus en plus sophistiqué, c’est à dire, avec des problématiques de plus en plus complexes, et cette complexité nécessite des compétences de plus en plus pointues. Il est donc devenu incontournable de se former. Je vous donne deux exemples :
Tout d’abord, le client évolue aujourd’hui dans un monde où la mobilité est sans frontière, où le nombre d’expatriés ou d’impatriés augmente chaque année, où de plus en plus d’unions se font (ou de défont) entre personnes de nationalités différentes. Intégrer la dimension internationale pour gérer le patrimoine des clients est devenu indispensable. L’AUREP a anticipé ce phénomène dès 2005 en créant une formation dédiée permettant aux professionnels d’acquérir les connaissances spécifiques nécessaires pour répondre aux problématiques complexes liées à la gestion internationale du patrimoine.
Ensuite, le vieillissement de la population constitue le véritable enjeu de demain en matière patrimoniale. C’est un fait : les personnes âgées de plus de 65 ans en France passeront d’environ 12 millions aujourd’hui à plus de 16 millions en 2030, représentant ainsi la seule cohorte d’âge en forte progression dans l’Hexagone. Là encore, l’AUREP a été précurseur dans ce domaine, qui constituera probablement un des seuls leviers de croissance dans les 15 prochaines années, en créant une formation sur mesure permettant aux professionnels d’acquérir les compétences adaptées à la gestion de patrimoine des Séniors et des personnes âgées vulnérables.
Ces évolutions du marché se traduisent-elles dans les profils des candidats qui se forment à l’AUREP ?
Absolument. Il y a une prise de conscience collective de la part de tous les acteurs du conseil patrimonial. Tout le monde a bien conscience aujourd’hui que le client est de mieux en mieux informé : réseaux sociaux et digitalisation rendent l’accès à l’information plus facile. Donc les exigences sont plus fortes en termes de conseils et les clients attendent une vraie valeur ajoutée de la part de leur conseiller. Dans cet environnement concurrentiel, le conseil produit ne suffit plus et l’expertise a une place de plus en plus forte. L’AUREP peut mesurer ce phénomène par la diversité des profils qui s’inscrivent à nos formations certifiantes :
Les CGPI d’une part qui, face à un environnement législatif et réglementaire en perpétuel mouvement et de plus en plus complexe et contraignant, ressentent le besoin de renforcer leur connaissance par un diplôme,
Les banques d’autre part, qui ont pris conscience de la nécessité de faire monter en compétences leurs collaborateurs face à une concurrence accrue et dans un contexte qui les contraint à se transformer rapidement,
Les fournisseurs / distributeurs qui veulent offrir plus de valeur ajoutée à leurs partenaires,
Et enfin les professionnels du droit et du chiffre, notamment les notaires et les experts comptables, qui considèrent l’activité de gestion de patrimoine comme un véritable relai de croissance.
Vous allez proposer en 2020 un nouveau certificat relatif à l’allocation d’actifs patrimoniale. Pourquoi ce diplôme ? Quels sont les objectifs de cette formation ?
Si pendant des décennies l’évolution des classes d’actifs a été relativement prévisible, ce n’est clairement plus le cas depuis 10 ans. Les obligations, utilisées traditionnellement comme actifs de rendements sûrs par excellence, ne rapportent quasiment plus rien. Les actions sont volatiles et de plus en plus vulnérables aux politiques monétaires. L’immobilier s’est quant à lui démocratisé mais rend le sourcing plus difficile que par le passé. Pendant ce temps, de nouvelles classes d’actifs émergent ou se démocratisent, comme les SCPI thématiques, les investissements non côtés, le financement des infrastructures ou des forêts, etc.
Dans ce paysage trouble, le besoin d’architecture du patrimoine pour le client devient à la fois plus important mais aussi plus difficile à réaliser que par le passé. Pour cela, il est nécessaire de comprendre de plus en plus finement le fonctionnement de chaque classe d’actifs en fonction de l’environnement (économique, financier, réglementaire, etc) pour redéfinir le rôle que chacune d’entre elles pourra jouer dans une allocation globale.
Ainsi, il devient crucial pour le conseiller patrimonial de mobiliser des connaissances multiples (économiques, financières, comportementales) s’intégrant dans une méthodologie rigoureuse s’il souhaite maximiser les chances de réussite d’une Allocation d’Actifs globale appropriée.
Cette formation s’adresse particulièrement aux conseillers en gestion de patrimoine, qu’ils travaillent pour un cabinet indépendant ou pour une institution financière. Ils devront avoir une connaissance globale des classes d’actifs (prérequis) mais pas nécessairement des spécificités de chacune d’entre elles. La formation intéressera également les gérants de Family Office ou les investisseurs privés qui souhaitent gérer directement leur patrimoine. Elle peut enfin venir compléter les connaissances des experts comptables qui veulent offrir un service plus large à leurs clients. La maîtrise de cette discipline complexe permettra aux conseillers d’identifier les problématiques financières de long terme et les risques qui y sont associés, afin de pouvoir construire une allocation d’actifs globale appropriée à la fois à l’environnement et au client. Pour développer ces compétences, l’Aurep a réuni les meilleurs spécialistes par classes d’actifs, mais aussi en économie, en finance comportementale, et bien sûr en méthodologie d’allocation.
Vous avez également annoncé il y a quelques semaines, le lancement d’un certificat inédit sur le marché, en partenariat avec l’association française du family office (Affo), dédiée au métier du family office. Quels seront les axes principaux de cette formation ?
Nous sommes très fiers de ce partenariat avec l’AFFO. Cette formation répond à un réel besoin : le nombre de familles fortunées augmente, et leur environnement devient de plus en plus complexe. Les familles ont pris conscience de la nécessité de se structurer et de se faire accompagner par un professionnel. Le Family Office, qu’il soit dédié à une famille unique ou à plusieurs familles, qu’il soit salarié ou prestataire dédié, occupe un rôle essentiel auprès des familles qu’il conseille. Sa mission globale est d’accompagner les familles dans la gestion, la préservation et la transmission de leur patrimoine, tout en fédérant l’harmonie et la cohésion familiale.
Véritable chef d’orchestre, ses missions vont être aussi différentes qu’essentielles. Aussi, sans qu’il puisse être spécialiste de chacune d’entre elles, il doit être capable d’appréhender la situation de la famille dans sa globalité et d’identifier les bons interlocuteurs ainsi que les compétences nécessaires, au bénéfice des intérêts patrimoniaux.
La formation proposée permettra de savoir gérer cette pluridisciplinarité requise par le métier. Elle sensibilisera les professionnels aux enjeux et aux contours du métier, et les aidera à acquérir les compétences nécessaires pour pouvoir s’entourer et fédérer une équipe de prestataires spécialisés dans l’intérêt bien compris de la famille. Elle s’articulera donc autour de 3 axes principaux :
– La gouvernance d’entreprise et familiale,
– L’organisation patrimoniale de la famille,
– L’accompagnement de la famille ou comment gérer l’affectio familiae.