Des images satellites diffusées par la NASA ont montré une chute vertigineuse de la pollution en Chine depuis le début de l’épidémie de Coronavirus. A un niveau tel que, selon Marshall Burke, professeur à l’université de Stanford, le nombre de victimes chinoises du Coronavirus serait vingt fois inférieur au nombre de vies humaines épargnées par la diminution des pollutions.
Des images satellites diffusées par la NASA ont montré une chute vertigineuse de la pollution en Chine depuis le début de l’épidémie de Coronavirus. A un niveau tel que, selon Marshall Burke, professeur à l’université de Stanford, le nombre de victimes chinoises du Coronavirus serait vingt fois inférieur au nombre de vies humaines épargnées par la diminution des pollutions. Si le fort ralentissement de l’économie en constitue la principale raison, cette crise mondiale ne saurait être analysée comme une aubaine pour la transition énergétique, le climat et la planète.
En effet, parmi les conséquences probables de la pandémie, les analystes de l’agence Bloomberg New Energy Finance (BNEF) anticipent une baisse significative de la fabrication des installations de production d’énergie renouvelable telles que les panneaux photovoltaïques et les éoliennes, mais aussi les voitures électriques et les batteries. En effet si les éoliennes installées en Europe sont quasi exclusivement fabriquées sur le territoire, beaucoup de leurs composants sont importés de Chine.
Selon les premières données statistiques en provenance d’Asie, les ventes de voitures électriques en janvier et février ont chuté de 44% en Chine. Il est assez vraisemblable qu’avec la propagation de l’épidémie dans le monde cette tendance soit bientôt constatée également en Europe et en Amérique du Nord. La production de panneaux photovoltaïques pourrait aussi se rétracter en 2020 et – pour la première fois depuis les années 1980 – la production de cellules solaires pourrait être inférieure cette année à celle de l’an dernier.
Surtout, dans un contexte de prix du pétrole et du gaz très faibles, investir dans le solaire ou l’éolien pourrait être très rapidement remis en cause dans un souci d’opportunisme économique immédiat. Partout dans le monde aujourd’hui, les émissions de CO2 se réduisent, comme elles ont déjà baissé dans le passé pendant les guerres et les périodes de récession. Mais après les crises, l’économie se redresse et les activités reprennent de plus belle, générant inexorablement toujours plus de pollutions et d’émissions de gaz à effet de serre.
Fatih Birol, directeur de l’Agence Internationale de l’énergie (AIE), prévient : « Les gouvernements doivent garder l’œil sur le changement climatique. Les problèmes actuels sont importants – coronavirus, conditions de marché – mais ils sont temporaires. Dans quelques mois, peut-être plus longtemps, les conditions du marché se rétabliront, mais notre défi climatique sera toujours là ».
La situation actuelle pourrait en revanche pousser les énergéticiens à se diversifier à long terme alors qu’investir dans de gros projets pétroliers devient moins intéressant, explique Valentina Kretzschmar, directrice de la recherche chez Wood Mackenzie. « L’argument selon lequel les sociétés pétrolières et gazières perdront de la valeur si elles investissent dans les énergies renouvelables ne tient vraiment pas dans un monde à 35 dollars le baril », assure-t-elle.
Pour la première fois de l’histoire récente, la croissance économique a momentanément cessé d’être l’unique métrique de mesure des politiques publiques. En face, un nombre de morts potentiels y est opposé. Stéphane Foucart, éditorialiste au journal Le Monde, estime que c’est très important. « Parce que ce sont précisément ce type de mesures, adoptées aujourd’hui pour faire face au Coronavirus SARS-CoV-2, qui pourraient être prises, demain, pour contrecarrer les deux grands phénomènes qui menacent à plus long terme la stabilité et la prospérité du monde : le changement climatique et l’érosion de la biodiversité. »
Une solution « disruptive » pour reprendre un adjectif à la mode serait la prise de mesures contraignantes pour l’économie mondiale afin de contrecarrer le réchauffement et l’érosion du vivant. Le Coronavirus a bien fait sauter les dogmes traditionnels de la politique publique. C’est malheureusement pour l’instant peu vraisemblable, car il faudrait s’opposer à des industries autrement plus riches et puissantes que le monde de la culture, de la restauration ou du tourisme…