Deux importantes réunions de la BCE et de la FED ont eu lieu la semaine dernière, entre anticipations et appréhensions certains acteurs financiers annoncent leurs perspectives :
Swisslife émet le commentaire suivant quant aux décisions qui vont être prises :
“La Banque centrale européenne a déjà beaucoup œuvré depuis le début de la crise pour que les Etats de la zone euro puissent financer dans des conditions décentes l’extraordinaire soutien qu’ils apportent à leurs économies. Elle a également pris des mesures fortes pour alimenter sans limite les banques en liquidités et s’assurer que les entreprises, dont les revenus se tarissent, aient encore accès au crédit. Dans un tel contexte, l’institution dirigée par Christine Lagarde ne devrait donc pas annoncer de renforcement significatif de son action.
Elle attendra notamment d’en savoir un peu plus avant de procéder à une éventuelle augmentation de son dernier programme d’achat de 750 milliards de titres, le fameux PEPP. Il n’est cependant pas exclu qu’elle décide de modifier à la marge les conditions d’octroi de sa facilité de financement à long terme (le TLTRO) pour réduire l’impact de l’environnement de taux négatifs actuel sur le système bancaire.”
De son côté, Amplegest rappelle que la BCE doit avant tout rassurer :
“La réunion du 30 avril de la BCE est importante à plus d’un titre. Même si nous n’attendons pas de décision sur les taux, le taux des facilités de dépôt étant déjà à -0,5%, la Banque centrale pourrait annoncer un geste comme celui de l’extension du programme d’achat d’obligations corporate. Plus généralement la BCE devra faire passer un message d’unité alors que les Etats de la zone euro peinent à se mettre d’accord sur l’établissement d’un fonds d’investissement global et efficace. Le discours de Christine Lagarde sera également scruté.
Elle doit absolument faire oublier l’impression initiale d’une Banque Centrale hésitante, contrairement à la FED ou à la Banque du Japon. Elle doit rassurer sur la volonté sans faille de la BCE de combattre la crise par tous les moyens. Elle mettra sûrement la pression sur les gouvernements pour faire leur part du travail“
Résultat : Christine Lagarde salue l’action déployée jusqu’à présent par les gouvernements et les institutions de l’Union européenne. Mais elle renouvelle sa pression sur les dirigeants européens pour qu’ils fassent preuve «d’efforts ambitieux et coordonnés cruciaux» pour préparer la reprise. Elle salue l’idée d’un fonds de relance économique poussée par la France et reprise par les Vingt-Sept, dont les principes restent toutefois à déterminer à Bruxelles. Les membres du conseil de politique monétaire de l’institution de Francfort attendent d’en savoir plus sur ce projet, avant leur prochaine réunion, prévue le 4 juin.
Quoi qu’il en soit, la BCE n’a pas fini d’être le pompier chargé d’éteindre l’incendie économique. Elle a prévu une enveloppe de plus de 1.000 milliards d’euros de rachats d’actifs sur l’année, dont 750 milliards au titre d’un programme d’urgence spécifique lié à la pandémie (PEPP). Elle se «tient prête à le revoir, recaliber, ajuster sa taille et sa composition», ainsi qu’à le prolonger au-delà de sa date limite fixée à la fin de l’année.
D’un autre côté, Swisslife estime qu’ hormis quelques ajustements techniques, la Fed pourrait marquer une pause lors de cette réunion :
« La Banque centrale américaine a déployé les grands moyens depuis le début de la crise. Elle a réduit de 1% ses taux directeurs, relancé de façon illimitée ses achats de titres financés par création monétaire et élargi la liste des titres qu’elle acceptait de porter à son bilan.
Elle attendra probablement d’apprécier l’impact de ces mesures sur l’activité comme sur les marchés avant de donner une nouvelle impulsion à sa politique monétaire et devrait donc marquer une pause lors de sa réunion. Il n’est cependant pas exclu que le FOMC procède à quelques ajustements techniques destinés à accroitre l’efficacité de ses dispositions notamment sur le marché interbancaire. »
La FED s’est engagée à utiliser les 454 milliards de dollars de garanties accordées par le Congrès au Trésor pour prêter directement à des entreprises ou des collectivités locales jusqu’à dix fois cette somme. La dernière mesure en date va permettre à la Fed de racheter jusqu’à 500 milliards de dollars de dettes de collectivités aux recettes fiscales asséchées.
Si la banque centrale avait besoin de munitions supplémentaires, le Congrès est disposé à voter de nouveaux crédits au Trésor. La seule chose qui semble pour le moment exclue par Jay Powell et ses collègues est le recours à des taux d’intérêt négatifs.
La Fed a souligné mercredi son engagement «à user de la pleine panoplie de ses outils pour soutenir l’économie». Dans sa conférence de presse Jay Powell est revenu sur les modalités d’utilisation des extraordinaires programmes de rachats de créances déployés depuis février étaient attendues mercredi soir. Mais comme le Covid-19 et le déconfinement incertain rendent toute prévision macroéconomique futile, le patron de la Fed n’a pas pu préciser jusqu’à quand ce dispositif sans précédent serait requis.