Signal d’alarme sur le pétrole : Si toute l’économie a durement souffert de la pandémie mondiale, le secteur pétrolier a été particulièrement mis à mal. Il a subi la double peine de la chute de la consommation et de l’effondrement des cours du baril. On savait les dégâts considérables pour les majors, mais nous commençons à en mesurer réellement l’ampleur avec le début de la saison des résultats annuels des entreprises. Le britannique BP et l’américain ExxonMobil qui ont d’ailleurs révélés des pertes abyssales.
Les pertes de BP ont atteint 20,3 milliards de dollars en 2020. En 2019, le bénéfice s’élevait à 4 milliards de dollars. Tout ceci est dû au fait que son chiffre d’affaires est en baisse de 35 % et que les dépréciations d’actifs sont de plus de 16 milliards.
“Notre secteur a été durement touché. Le transport routier et aérien est en recul, tout comme la demande de pétrole, les prix et les marges“, précise Bernard Looney, directeur général de BP. Cependant, ce dernier entrevoit tout de même “des jours bien meilleurs en 2021“.
Une baisse d’effectifs
De son côté, Exxon connaît quasiment la même histoire. Sa perte est fixée à 22,4 milliards de dollars, contre un bénéfice de 14,3 milliards de dollars en 2019. Son chiffre d’affaires a également reculé de 31 %. Là aussi on trouve des dépréciations d’actifs de 19 milliards de dollars notamment dans le gaz. “L’année qui vient de s’écouler a présenté les conditions de marché les plus difficiles qu’ExxonMobil ait jamais connues“, a déclaré le PDG Darren W. Woods.
À ces deux cas, nous pouvons ajouter celui de Chevron qui a perdu, plus modestement, 5,5 milliards de dollars. La première réponse des deux pétroliers, qui visent à préserver les dividendes, passe par la vente d’actifs et la diminution de leur effectif d’environ 15 %. Selon le Wall Street Journal, des discussions de fusion ont eu lieu entre Exxon et Chevron même si celles-ci sont actuellement à l’arrêt.
ExxonMobil a fait savoir qu’il créait un pôle d’activités consacré aux technologies moins polluantes, ExxonMobil Low Carbon Solutions. Il compte y investir 3 milliards de dollars d’ici 2025. Les premiers projets porteraient sur la capture et le stockage de carbone.
L’attente des résultats Total
ExxonMobil a déjà annoncé au quatrième trimestre son intention de diminuer de 15 % à 20 % ses émissions en matière d’exploration et d’exploitation du pétrole d’ici 2025 par rapport à 2016.
BP a quant à lui annoncé vouloir multiplier par dix ses investissements dans les énergies à faibles émissions carbone d’ici 2030, pour atteindre 5 milliards de dollars par an.
Total annoncera ses résultats le 9 février prochain. Là aussi, une large partie des actionnaires attend du PDG Patrick Pouyanné un engagement vers un modèle d’affaires moins carboné et plus durable. Or en octobre dernier, celui-ci avait projeté la stabilisation, voire le déclin, de la production de pétrole d’ici 2030. Il ajoutait que le groupe aura d’ici là développé 85 GW d’énergie renouvelable (l’équivalent de 55 à 65 réacteurs nucléaires). “Total (est), la première major pétrolière et gazière à prendre des engagements de réduction de 30 % de ses émissions de CO2 sur son scope 3 dès 2030″, ajoutait-il.