La crise sanitaire Covid 19, qui a frappé le monde en 2020 montre que, sur le plan économique, certains pays peuvent être davantage exposés à la mise en œuvre de mesures sanitaires en raison de leur spécialisation.
L’analyse présentée dans cet article repose sur des données de commerce extérieur de biens. La décomposition des parts de marche à l’exportation permet de distinguer la contribution des effets de spécialisation sectorielle et géographique, d’un effet de pure ≪ performance ≫.
L’analyse des exportations
Les exportations ont été plus durement affectées par la crise de la Covid 19 que celles des trois autres grandes économies de la zone euro en raison d’un confinement plus strict lors de la première vague épidémique. La spécialisation sectorielle de la France, en particulier la place très importante qu’occupe le secteur aéronautique, a contribué à renforcer l’impact initial du choc. Elle a aussi freiné la reprise de nos exportations par la suite.
- -8% la baisse de la part de marché de la France dans les exportations mondiales de bien en 2020
- -2.3% la contribution de la spécialisation sectorielle de la France à la baisse de sa part de marché
- -0.7 la contribution de la spécialisation géographique de la France à la baisse de sa part de marché
Décomptions structurelle de la croissance des parts de marché à l’exportation de la France en 2020 (glissement annuels, variations en point de logarithme de la part de marché mondiale à l’exportation de la France sur les biens en valeurs).
L’épidémie a fortement altéré sur l’économie et perturbé les échanges internationaux
La pandémie de Covid 19 a déclenché un large éventail de réponses gouvernementales afin de limiter sa propagation au sein des populations. La mise en place des mesures de distanciation sociale, allant jusqu’à des confinements stricts des populations, a freiné la propagation de l’épidémie et a fortement influé sur l’économie. Ces restrictions ont eu un impact sur l’offre via la capacité des agents à travailler ou des entreprises à organiser la production, avec une grande hétérogénéité d’effets entre secteurs. Elles ont eu également un effet sur la demande en entravant la capacité des agents à consommer en raison notamment des fermetures de commerces, mais aussi des limitations imposées aux déplacements.
Ces deux chocs, d’offre et de demande, ont fortement perturbé les échanges internationaux (Berthou et Stumpner, 2021). Pour la France, comme pour d’autres pays, les exportations ont chuté au cœur de la crise sanitaire en raison des restrictions mises en place dans le pays (effet d’offre), mais aussi dans les pays partenaires (effet d’offre transitant par les intrants importés, ou effet de demande via la consommation intermédiaire ou finale des partenaires). Les effets de ces mesures sont fortement différenciés entre les secteurs, et la spécialisation a donc joué un rôle important dans la réaction des exportations au cours de l’année 2020.
Selon les analyses de cet article, les exportations de la France en 2020 ont été, en comparaison, davantage pénalisées par la crise sanitaire que celles des autres grandes économies de la zone euro (Allemagne, Italie, Espagne).
Cette surréaction s’explique à la fois par un confinement plus dur au printemps 2020 que chez certains de nos partenaires proches (Allemagne), et par une spécialisation plus défavorable en raison de l’importance de l’aéronautique dans nos exportations de biens. Tandis que les effets sur les exportations d’un confinement particulièrement sévère en France se sont dissipés depuis la fin du printemps 2020, les difficultés propres à l’aéronautique tendent à perdurer. Il en résulte que les exportations de la France sont durablement affectées par la crise sanitaire, en raison d’une spécialisation sectorielle défavorable dans le contexte de la Covid 19. Les restrictions à la mobilité et la fermeture des frontières ont également été très dommageables dans les services au secteur du tourisme, autre point fort de la spécialisation française.