Discours de la Présidente von der Leyen à la plénière du Parlement européen sur les conclusions du Conseil européen des 24 et 25 mars 2022, y compris les dernières évolutions de la guerre en Ukraine et les sanctions de l’UE contre la Russie ainsi que leur mise en œuvre.
Des nouvelles sanctions pour arrêter la guerre en Ukraine
« Il y a sept semaines à peine, Boutcha était une banlieue agréable et tranquille des faubourgs de Kiev. Mais la semaine dernière, c’est l’humanité elle-même qui a été tuée à Boutcha. Elle a été tuée de sang-froid, réalisant les mains liées et une balle dans la tête. On l’a laissée pourrir au milieu de la rue ou dans des fosses communes. Ils s’appellent cela une libération. Nous, nous appelons cela des crimes de guerre. »
La présidente déclare la mise en place d’une équipe commune d’enquête avec l’Ukraine pour créer des preuves et des témoignages sur le terrain. « Nous demandons des comptes aux responsables des crimes de guerre. » Après Boutcha, plus que jamais, l’Europe se tient résolument aux côtés de l’Ukraine. « Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour faire en sorte qu’ils puissent rentrer chez eux en toute sécurité. »
Afin de mettre plus de pression sur Poutine et sur le gouvernement russe, l’UE émet davantage de sanctions. Le cinquième paquet compte six piliers. Premièrement : une interdiction des importations de charbon en provenance de Russie, qui valent 4 milliards d’euros par an. « Il était grand temps de prendre cette mesure. » C’est la première qui supprime ainsi une importante source de revenus. Deuxièmement : une interdiction totale des transactions pour quatre banques majeures de Russie dont la VTB, la deuxième plus grande banque russe. Ces quatre banques, sont coupées désormais des marchés, représentent 23% de la part de marché du secteur bancaire russe. Cela affaiblira encore davantage le système financier de la Russie.
Troisièmement : l’interdiction pour les navires russes et les navires exploités par des Russes d’accéder aux ports de l’UE. Aussi une interdiction frappante les transporteurs routiers russes et biélorusses. Cette interdiction limitera les possibilités pour l’industrie russe de se procurer des biens essentiels. Les quatrième et cinquième piliers concernent les importations et les exportations. Quatrièmement : de nouvelles interdictions d’exportations ciblées, d’une valeur de 10 milliards d’euros, dans des domaines où la Russie est vulnérable. Cela va de l’informatique quantique aux technologies avancées, aux semi-conducteurs, aux machines et au matériel de transport. Afin de continuer à saper la base technologique et la capacité industrielle de la Russie.
Cinquièmement : de nouvelles interdictions spécifiques sur les importations, d’une valeur de 5,5 milliards d’euros, pour bloquer le flux d’argent de la Russie et de ses oligarques, sur des produits allant du bois au ciment, et des fruits de mer à l’alcool. Cela supprimera aussi les échappatoires entre la Russie et la Biélorussie.
Et sixièmement : des mesures très ciblées, comme l’interdiction générale que des entreprises russes participent à des marchés publics dans les États membres, ou une exclusion de tout soutien financier, qu’il soit européen ou national, à des organismes publics russes. « Parce que, Mesdames et Messieurs les Députés, l’argent des contribuables européens ne doit pas aller à la Russie sous quelque forme que ce soit. Et c’est pourquoi nous devons être fermes dans nos mesures et cohérentes dans nos sanctions, que nous devons progressivement renforcer. »
La présidente von der Leyen appelle à envisager des mesures sur le pétrole, de cibler les revenus que la Russie tire des combustibles fossiles. Elle incite à faire un réel effort, par exemple par une participation à un compte de garantie bloquée, de façon à limiter les revenus de la Russie provenant des combustibles fossiles.
Plus de 40 pays appliquent des sanctions de ce type. « Nous attendons des autres pays qu’ils respectent nos mesures ou, tout du moins, qu’ils ne contournent pas ni ne compromettent les sanctions que nous prenons. Tel a été notre message à la Chine lors de notre Sommet du vendredi dernier. Nous avons clairement indiqué combien il était essentiel pour nous en Europe, mais aussi pour le reste du monde, d’adopter une position claire. Une position claire contre le choix de la guerre fait par Poutine, contre les massacres de civils et contre la violation des principes fondamentaux de l’ordre mondial. » En tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, la Chine a une responsabilité particulière dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.
L’UE se libère des énergies fossiles russes ?
L’Europe est plus que jamais résolue à défendre ses principes et également se protéger des effets de cette guerre. Afin de se libérer de la dépendance aux combustibles fossiles russes, l’UE doit diversifier ses sources d’approvisionnement en énergie. Sur la base des travaux du Conseil de l’énergie de l’UE, un nouveau accord entre la Présidente et Joe Biden vient d’être lancé. Les États-Unis fourniront au moins 15 milliards de mètres cubes supplémentaires de GNL en 2022. Au moins 50 milliards de mètres cubes supplémentaires par an sont visés. Cela remplacera un tiers du gaz naturel russe arrivant par pipeline en Europe.
L’UE concentre les efforts pour construire un avenir plus vert et atteindre la neutralité climatique. Pour réduire encore la demande, une forte coopération avec l’industrie à forte intensité énergétique est mise en place. L’infrastructure utilisée pour le gaz aujourd’hui pourra être utilisée ou réaffectée pour l’hydrogène propre dans le futur.
Les États-Unis et l’Union européenne se soutiennent mutuellement afin de donner une réponse efficace à la guerre menée par la Russie et effectuer une transition vers une énergie verte.
Retrouvez le discours complet de la Présidente Ursula von der Leyen :