« Transport Durable » : Dans cet article nous allons voir, quelles sont les stratégies des entreprises aéronautiques, en particulier d’Airbus, pour effectuer leur transition écologique ? Cette analyse a été menée par Oihab Allal-Chérif, professeur de Management à Neoma Business School.
Compagnies aériennes/transition écologique
Le secteur de l’aviation est souvent considéré à tort comme l’archétype de l’industrie polluante. Prendre l’avion serait un acte anti-écologique pour les défenseurs de l’environnement qui considèrent qu’alors que le réchauffement climatique menace la planète et produit déjà une extinction de masse des espèces, d’autres modes de transport sont préférables.
La France a mis en place une politique des transports qui privilégie le train pour les trajets de moins de deux heures et trente minutes. Le 24 juin 2021, le Sénat a en effet voté la suppression des lignes aériennes intérieures lorsque qu’une alternative ferroviaire inférieure à cette durée existe.
À l’échelle européenne
La prise en compte du changement climatique dans la politique économique est également devenue une priorité. La Commission européenne s’appuie sur les 17 objectifs de développement durable des Nations unies pour construire un nouveau modèle de croissance durable fondé sur la protection de l’environnement, le respect des libertés fondamentales et la conduite responsable des affaires. C’est dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne que 42 pays et 150 entreprises ont signé la Déclaration de Toulouse avec pour objectif une aviation décarbonée à l’horizon 2050.
Les faveurs d’une croissance durable
La croissance durable constitue un moyen essentiel pour les entreprises de se différencier, d’améliorer leur image de marque et de conquérir de nouveaux marchés. Elle est le résultat d’une prise de conscience du potentiel de création de valeur des marchés durables et d’une transformation profonde des entreprises vers des stratégies commerciales plus sociales et environnementales qui s’est intensifiée avec la crise de la Covid-19.
Une croissance durable signifie que le développement des entreprises ne contribue ni à réduire les ressources naturelles, ni à mettre en danger les générations futures. Les entreprises répondent aux préoccupations économiques, sociales et environnementales en créant une valeur multipartite durable pour les clients, les fournisseurs, les employés, les investisseurs, les autorités locales, la société et la planète.
Un secteur stratégique
L’aérospatiale représente un secteur stratégique pour l’économie européenne. En effet, il emploie 2,6 millions de personnes et contribue pour 193 milliards de dollars au produit intérieur brut (PIB) de l’UE. La croissance durable semble cependant difficile à mettre en œuvre dans l’aéronautique, qui est considérée comme l’un des secteurs qui polluent le plus, parfois même inutilement et impunément. Sans la pandémie de Covid-19, qui a plongé le secteur dans une crise historique, son niveau de pollution aurait sans doute continué à augmenter pendant de nombreuses années.
Les nouveautés durables ouvertes chez Airbus
Airbus développe une nouvelle approche de la croissance, tournée vers le développement durable. La stratégie ambitieuse du groupe Airbus est soutenue par la France, l’Espagne et l’Allemagne, pays qui ont des intérêts dans le groupe et se sont engagés à devenir neutres en carbone d’ici 2050.
Pour atteindre ses objectifs, Airbus combine trois approches managériales : l’innovation durable ouverte, le management d’équipes multifonctionnelles et la gouvernance collaborative avec ses fournisseurs.
Début 2021, Boeing a annoncé viser 2030 pour proposer des avions sans pétrole grâce aux carburants alternatifs, et 2050 pour réduire de moitié ses émissions de carbone. Cependant, le PDG de Boeing, David Calhoun, ne croit pas à l’hydrogène comme solution à moyen terme en raison des exigences réglementaires, des infrastructures difficiles à transformer, et de la logistique à mettre en place.
Gouvernance collaborative et équipes multifonctionnelles
Airbus s’appuie sur ses partenariats et sa coopération industrielle avec les entreprises les plus puissantes et innovantes de la planète ainsi qu’avec quelque 1500 fournisseurs. Malgré leur externalisation, ces fournisseurs restent très proches et font partie des partenaires privilégiés du groupe. Ils participent aux réflexions et aux projets de R & D en tant que co-designers. À lui seul, le groupe Airbus n’est plus en mesure de développer les technologies qui feront le succès de l’avion de demain. La création de partenariats et de relations durables basées sur la confiance et la création de valeur durable mutuelle est donc la solution.
L’éden de l’hydrogène
De très nombreux projets d’Airbus se concentrent sur la réduction de l’empreinte carbone des avions, avec des matériaux plus légers, des formes d’ailes améliorant la portance des avions et de nouveaux algorithmes d’optimisation des trajectoires. Dans le même but, des recherches sont menées sur les biocarburants et l’utilisation de l’énergie électrique.
L’analyse du big data est également à l’étude pour réduire les phases d’essais des avions et mettre en place une maintenance prédictive. De nouveaux modes de production pourraient émerger en s’appuyant sur les technologies d’impression 3D, les systèmes cyber-physiques et l’automatisation. L’avionneur travaille désormais sur trois concepts d’ avions à hydrogène.