JLL France publie une version spécifique dédiée aux enjeux et challenges parisiens en matière de décarbonation et d’adaptation de son parc immobilier.
Immobilier : les enjeux et défis de Paris d’ici 2050
La succession rapprochée de vagues de chaleur inhabituelles par leur ampleur et leur durée nous fait toucher du doigt le futur probable de notre climat et ses répercussions sur les métropoles. Ces changements soulèvent le problème criant de l’adaptation des villes à ce nouvel environnement et surtout questionnent la volonté et la capacité à conduire les adaptations nécessaires.
L’enjeu est de taille pour Paris puisque, selon le bilan carbone de la capitale, le parc tertiaire et résidentiel représente 70% des émissions de GES sur le scope 1 en 2018. Si l’enjeu est bien identifié, JLL remarque également que le sujet du développement durable a largement été traité par le législateur depuis 15 ans et qu’il s’agit aujourd’hui de traduire les intentions en actions.
Paris présente des caractéristiques uniques vis-à-vis des autres villes européennes et des métropoles mondiales :
- Paris (comprise ici à l’échelle de la région Ile-de-France) est l’une des plus grandes métropoles européennes en matière démographique. Mais avec une population globale de moins de 15 millions d’habitants, Paris est l’une des plus petites métropoles d’envergure mondiale. Comparer Paris avec les autres villes européennes ou métropoles mondiales n’est donc pas nécessairement approprié tant les échelles démographiques – et donc les enjeux urbains – sont différents.
- Paris est une petite ville en superficie et l’une des plus denses du monde avec plus de 20 000 habitants au km². La densité parisienne est souvent 4 à 5 fois supérieure à celle des autres villes européennes.
- A l’échelle de la Métropole du Grand Paris, la densité de population est proche de 9 000 habitants au km² et reste supérieure à celle de New-York, de Tokyo ou de Londres. Cette densité, qui est un atout en matière de sobriété carbone (en limitant l’ampleur des déplacements par exemple), accentue les effets du changement climatique (par les effets d’îlot de chaleur et les risques d’inondation) et confronte Paris et la Métropole du Grand Paris à des enjeux particuliers pour une métropole de climat tempéré à faible risque climatique.
- La gestion du Grand Paris comporte de nombreuses strates et compétences qui peuvent se superposer et rendre la compréhension de l’environnement réglementaire complexe pour les acteurs de l’immobilier. C’est avec ces caractéristiques particulières que Paris et la Métropole du Grand Paris devront faire face aux enjeux du changement climatique et répondre aux objectifs de décarbonation.
Selon Walid Goudiard, Directeur Europe de la Maîtrise d’Ouvrage chez JLL : « S’il reste énormément de chemin à parcourir, la France est l’un des pays les plus avancés en matière d’évolution réglementaire pour guider la décarbonation. Les acteurs privés doivent continuer à se saisir de ce cadre non pas comme une contrainte mais comme une opportunité de création de valeur durable. »
JLL définit la décarbonation comme une approche globale du cycle de vie des bâtiments et pas comme la seule recherche de réduction des consommations d’énergie. Cette approche doit couvrir la conception, la construction et l’exploitation des bâtiments. Aussi de nombreux leviers doivent-ils être actionnés par l’ensemble des parties prenantes : décarbonation de la construction bien sûr, réduction des consommations mais aussi verdissement des sources d’énergie et des réseaux urbains de chaud et de froid.
« Pour l’immobilier, la priorité doit clairement devenir celle de la rénovation du parc existant pour le décarboner. Il faut plus que tripler l’effort annuel en matière d’investissement pour espérer tenir les objectifs 2050 » précise Walid Goudiard. L’effort à produire, selon les estimations de JLL, pourrait représenter 2% du PIB annuel de la région chaque année jusqu’en 2050 pour traiter le parc de bureaux et de logements et espérer tenir l’objectif d’une capitale 0 carbone.
Virginie Houzé, Directeur Etudes et Recherche France de JLL, conclut : « Si personne ne questionne plus la nécessité de l’adaptation, de nombreuses questions restent ouvertes : comment conduire ces changements dans des conditions acceptables par la société et quel est le modèle urbain de demain, résilient et attractif pour tous ? L’enjeu est bien de mieux faire la ville de demain, d’un point de vue environnemental et sociétal avec une ville accessible à tous ».
Les points clé à retenir
Nous entendons par décarbonation l’ensemble des actions mises en œuvre pour réduire l’empreinte carbone d’un immeuble sur l’ensemble de son cycle de vie (construction, rénovation, exploitation).
S’il reste énormément de chemin à parcourir, la France est un des pays les plus avancé en matière d’évolution réglementaire pour guider la décarbonation. Les acteurs privés doivent continuer à se saisir de ce cadre non pas comme une contrainte mais comme une opportunité de création de valeur durable.
Le développement durable, la décarbonation de l’économie et la protection de l’environnement sont abondamment traités par la réglementation française depuis 15 ans. Le législateur offre ainsi des guides précis à l’ensemble des parties prenantes.
Paris fait partie des métropoles les plus engagées en matière de développement durable à l’échelle mondiale avec un objectif 0 carbone en 2050.
Paris s’est dotée de nombreux outils et intègrera des objectifs renforcés dans son nouveau PLU bioclimatique qui entrera en vigueur en 2024 et dont la démarche est très innovante.
Paris La Défense, aménageur du quartier d’affaires de La Défense, s’est doté
d’une réelle ambition en matière de développement durable en se voulant le
promoteur d’une Défense post-carbone.
1- L’immobilier représente 70% des émissions de GES de la capitale. C’est un élément incontournable de toute politique de décarbonation. Viser la décarbonation de l’immobilier implique nécessairement une approche sur l’ensemble du cycle de vie des bâtiments et non pas uniquement la phase exploitation comme cela est encore trop souvent le cas.
2- Viser la décarbonation de l’immobilier nécessite de revoir le mix énergétique des immeubles et d’engager une décarbonation des réseaux urbains de chaud et de froid. Les collectivités locales et l’Etat ont ici un rôle essentiel à jouer.
3- En ce qui concerne les bureaux, il faudrait non seulement tripler les efforts pour espérer atteindre les objectifs 2050 et surtout les recentrer sur la rénovation-restructuration plutôt que sur la production neuve.
4- Le traitement du parc de bureaux et de logements pourrait représenter un effort d’investissement équivalent à 2% du PIB de l’Ile-de-France chaque année pendant 25 ans.
Les principaux textes et réglementations sur le climat et leurs liens à l’immobilier
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