Au troisième trimestre 2024, le marché de la finance durable connaît un ralentissement modéré, sans pour autant inquiéter les acteurs du secteur. ING France dresse un bilan des tendances et des opportunités qui façonnent ce marché en pleine transformation, avec un focus sur les émissions de dettes ESG (Environnement, Social et Gouvernance), les disparités régionales, et l’évolution de l’activité au sein de ses propres transactions.
Un ralentissement temporaire des émissions de dettes ESG
Le marché des financements durables a marqué un léger ralentissement au deuxième trimestre 2024. Avec des émissions totalisant 376 milliards de dollars, le volume reste légèrement inférieur à la moyenne historique de plus de 400 milliards de dollars pour cette période. Cependant, ce chiffre s’inscrit dans une dynamique stable, avec un total de 815 milliards de dollars émis au premier semestre, en ligne avec les tendances des années précédentes.
Les mois d’été, souvent caractérisés par une baisse d’activité, ont vu des émissions atteignant tout de même 200 milliards de dollars en juillet et août. Cela montre une résilience certaine du marché, malgré un ralentissement saisonnier habituel. À l’approche de l’automne, une reprise des émissions est attendue, avec des volumes du troisième trimestre historiquement situés entre 350 et 400 milliards de dollars.
Les obligations vertes en tête des financements durables
Les obligations vertes continuent de dominer le marché primaire, représentant 183 milliards de dollars émis au deuxième trimestre 2024. Ce montant s’aligne sur les volumes habituels des périodes équivalentes des années précédentes, confirmant l’importance croissante de ce type de financement pour soutenir la transition écologique. En parallèle, les obligations durables ont atteint 57 milliards de dollars, tandis que les prêts verts se sont élevés à 26 milliards de dollars.
Cependant, les obligations de type Sustainability Linked Bonds (SLB) n’ont pas réussi à atteindre leurs niveaux habituels, avec seulement 11 milliards de dollars d’émissions. De même, les obligations sociales et les Sustainability Linked Loans (SLL) ont affiché des volumes plus faibles que l’an dernier, totalisant respectivement 35 et 64 milliards de dollars.
Malgré ces baisses ponctuelles, les émissions d’obligations vertes corporate ont été particulièrement dynamiques au premier semestre 2024, avec un total impressionnant de 120 milliards de dollars, soit le double des volumes observés habituellement. Cela montre que les entreprises intensifient leurs efforts pour financer des projets à impact environnemental.
L’essor des obligations d’État et des sociétés financières
Les États se sont également montrés très actifs sur le marché des obligations vertes, durables et sociales au cours des six premiers mois de l’année 2024, avec des émissions respectives de 178 milliards, 108 milliards et 78 milliards de dollars. Cela souligne l’importance des gouvernements dans la mobilisation de capitaux pour soutenir des projets durables.
Du côté des institutions financières, les obligations durables ont également regagné en vigueur, atteignant 20 milliards de dollars au premier semestre, soit le double des niveaux précédents. Les émissions en dollars ont été les plus significatives, tandis que celles en euros sont restées plus modestes.
Une prudence de mise face aux incertitudes économiques
La conjoncture actuelle invite toutefois à la prudence pour les mois à venir. Les élections américaines imminentes, les décisions attendues des banques centrales et l’incertitude économique mondiale pourraient limiter les fenêtres d’opportunité pour les émissions durables. Les acteurs du marché restent donc attentifs aux développements politiques et économiques qui pourraient affecter l’offre et la demande de financements durables.
Laurent Bassi, directeur des financements durables chez ING France, souligne que la mise en œuvre de la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) pourrait marquer un tournant. Cette directive impose aux entreprises d’établir un plan de transition pour améliorer leur impact environnemental, ce qui pourrait stimuler les émissions de dettes ESG, à condition que les conditions économiques et de marché le permettent.
ING en forte croissance sur le marché de la finance durable
Malgré un contexte global plus incertain, ING a poursuivi sa croissance au deuxième trimestre 2024, avec un volume total de financements durables atteignant 32,2 milliards d’euros, soit une hausse de 30 % par rapport au premier trimestre et à l’année précédente. ING a ainsi mené à bien 204 transactions durables, renforçant son rôle clé sur le marché.
La région EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique) a contribué à environ 70 % des volumes mobilisés par ING, tandis que la zone APAC (Asie-Pacifique) a maintenu un bon niveau d’activité. Aux États-Unis, malgré la volatilité et les incertitudes économiques, ING a réussi à accroître son volume de transactions, principalement concentré sur les prêts verts et les SLL.
Une opération phare en France : Eurostar et la finance verte
Un exemple emblématique de la stratégie d’ING dans la finance durable est son rôle de coordinateur ESG dans le refinancement de 750 millions d’euros du groupe Eurostar. Cette opération, première de son genre dans le secteur des transports, reflète l’engagement du groupe pour une mobilité verte à travers l’exploitation de trains électriques à grande vitesse. Ce financement est aligné sur les Principes de Prêts Verts (Green Loan Principles) de la Loan Market Association et témoigne du rôle pionnier d’ING dans la finance durable.
Perspectives pour 2024 : incertitude et optimisme
Bien que le marché soit marqué par des incertitudes économiques, ING reste confiant dans sa capacité à atteindre son objectif de 120 milliards d’euros de volumes mobilisés pour l’année 2024. Grâce à un solide pipeline de transactions dans ses principales régions, la banque néerlandaise se montre optimiste quant à la poursuite de sa croissance sur le marché de la finance durable.
Un marché en mutation mais prometteur
Le marché de la finance durable en 2024 présente des défis, mais aussi des opportunités considérables pour les acteurs engagés dans la transition écologique. Avec des volumes d’émissions fluctuants mais résilients, et des initiatives exemplaires comme celles d’ING, la finance durable continue de jouer un rôle central dans la mobilisation des capitaux pour un avenir plus respectueux de l’environnement.
A lire aussi : La SCPI Mistral Sélection : une nouvelle ère d’investissement immobilier responsable