Les fonds d’allocation au Royaume-Uni et en Europe

allocation au Royaume-Uni

Les fonds d’allocation au Royaume-Uni, qui répartissent les investissements entre différentes classes d’actifs comme les actions, les obligations et les liquidités, occupent une place essentielle dans la gestion de portefeuille. Pourtant, une récente étude de Morningstar révèle que ces fonds rencontrent des difficultés croissantes à battre leurs indices de référence. La diminution des frais, bien que généralisée, s’avère plus rapide au Royaume-Uni qu’en Europe, tandis que les stratégies d’allocation prudente et flexible perdent en attractivité.

Dans un contexte de marchés volatils et de changements structurels, ces évolutions interrogent sur l’avenir des fonds multi-actifs et les stratégies à adopter pour rester performants.

Une sous-performance persistante face aux indices de référence

Depuis plusieurs années, les fonds d’allocation au Royaume-Uni en livre sterling, en euro et en dollar américain peinent à surpasser leurs indices de référence. Plusieurs facteurs expliquent cette contre-performance. Les frais de gestion, bien qu’en baisse, continuent de peser sur les rendements nets. L’allocation d’actifs, pourtant conçue pour optimiser la répartition des investissements, ne parvient pas toujours à surperformer les indices, tandis que la sélection des titres se révèle souvent inefficace. Les tentatives de market timing, visant à anticiper les mouvements de marché, ont également montré leurs limites, conduisant parfois à des décisions contre-productives.

L’évolution récente des marchés actions a aggravé ces difficultés. Ces dernières années, la performance boursière s’est concentrée sur un nombre restreint de titres, notamment aux États-Unis, rendant la sélection encore plus complexe pour les gestionnaires de fonds. Les fonds d’allocation investis à l’échelle mondiale ont ainsi souffert de la surperformance des actions américaines, qui a creusé l’écart avec les indices de marché.

Une diminution des frais plus marquée au Royaume-Uni

Malgré une tendance générale à la baisse des frais, le Royaume-Uni a pris une avance significative sur l’Europe. Plusieurs facteurs expliquent cette différence. L’essor des stratégies d’allocation indicielle, qui proposent des frais nettement inférieurs aux fonds actifs, a transformé le paysage britannique de l’investissement. La réglementation plus stricte mise en place par les autorités financières a également contribué à cette évolution en limitant certaines commissions et en renforçant la transparence sur les coûts. Par ailleurs, le développement rapide des services de gestion de portefeuille a accentué la pression concurrentielle, incitant les gestionnaires de fonds à proposer des tarifs plus compétitifs.

En Europe, cette dynamique est moins marquée. La distribution des fonds y repose encore largement sur des réseaux bancaires, qui privilégient souvent leurs propres produits au détriment des solutions indicielle. De plus, la fiscalité appliquée aux ETF ne leur confère pas l’avantage qu’ils ont dans d’autres régions du monde, ce qui ralentit leur adoption. La fragmentation du marché européen, avec des réglementations différentes selon les pays, constitue un autre frein à une réduction homogène des frais.

Le recul des stratégies prudentes et flexibles

Les stratégies d’allocation prudente et flexible connaissent un net désintérêt de la part des investisseurs. Au Royaume-Uni, seules les stratégies les plus dynamiques, qui allouent une part importante aux actions, ont continué à attirer des capitaux ces dernières années. En revanche, les fonds flexibles ont enregistré des sorties de capitaux significatives. Cette tendance s’explique en grande partie par la remontée des taux d’intérêt et l’augmentation des rendements obligataires depuis 2022, qui ont réduit l’attrait de ces stratégies pour les investisseurs.

En Europe, un phénomène similaire s’observe. Les fonds d’allocation prudente en euros subissent la concurrence des fonds obligataires et des fonds monétaires, qui offrent des rendements plus attractifs dans un environnement de taux en hausse. En parallèle, les fonds plus agressifs ont mieux résisté, bénéficiant d’une collecte nette positive ces dernières années.

Une transformation structurelle du marché

Les préférences des investisseurs évoluent rapidement, influencées par la recherche de frais réduits et une gestion plus accessible. Les fonds indiciels multi-actifs rencontrent un succès croissant, notamment au Royaume-Uni, où des gammes comme LifeStrategy de Vanguard ont attiré plusieurs dizaines de milliards d’euros sous gestion. Parallèlement, les fonds de fonds actifs perdent du terrain, pénalisés par la superposition de frais qui les rend moins compétitifs face à des alternatives plus économiques.

Dans ce contexte, les sociétés de gestion doivent s’adapter pour rester pertinentes. La pression sur les coûts les oblige à proposer des frais plus attractifs et à diversifier leurs offres. L’intégration de solutions hybrides, combinant gestion active et approche indicielle, devient une nécessité pour répondre aux nouvelles attentes des investisseurs. La transparence sur les frais et les stratégies adoptées s’impose également comme un enjeu majeur, les investisseurs étant de plus en plus attentifs à la clarté des informations fournies par les gestionnaires de fonds.

Perspectives d’avenir

Le marché des fonds d’allocation traverse une période de transition marquée par une pression accrue sur les coûts et des défis de performance persistants. L’évolution des taux d’intérêt et la volatilité des marchés actions joueront un rôle clé dans l’avenir de ces stratégies. Si les fonds prudents et flexibles sont actuellement en difficulté, un changement de cycle économique ou une stabilisation des marchés pourrait redonner de l’attrait à ces approches.

À plus long terme, un alignement progressif des pratiques entre le Royaume-Uni et l’Europe est envisageable. La pression concurrentielle, combinée aux évolutions réglementaires, pourrait inciter les gestionnaires de fonds européens à adopter des structures de coûts plus proches de celles observées au Royaume-Uni. L’essor des ETF et des solutions de gestion pilotée pourrait également accélérer cette convergence, en offrant aux investisseurs des alternatives plus compétitives et plus transparentes.

Dans ce contexte en mutation, la capacité des fonds d’allocation à s’adapter aux nouvelles exigences des investisseurs déterminera leur succès futur. L’optimisation des frais, l’amélioration de la transparence et l’innovation dans les stratégies d’investissement seront des facteurs clés pour répondre aux défis du marché et continuer à attirer les capitaux.

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