
SAGE : le suivi rigoureux des émissions de gaz à effet de serre est aujourd’hui au cœur des stratégies climatiques mondiales. Pour accompagner les pays dans leur effort de transparence et de conformité avec les standards internationaux. Le Greenhouse Gas Management Institute a développé une plateforme innovante : SAGE (Sectoral Activity data for Greenhouse gas Emissions calculations). Cet outil numérique, pensé comme une solution intégrée pour la collecte. L’organisation et l’analyse des données d’activité sectorielles, vient répondre à une difficulté majeure. Transformer des données brutes et éparses en informations fiables pour les systèmes de Mesure, Reporting et Vérification (MRV).
Alors que la transition écologique exige une précision croissante dans le suivi des engagements nationaux et sectoriels. SAGE se positionne comme une infrastructure essentielle, capable de combler les lacunes de données. D’harmoniser les méthodologies et de renforcer la transparence auprès des instances internationales comme l’ONU ou l’IPCC.
Une plateforme conçue pour répondre aux défis de la transparence climatique
SAGE ne se limite pas à un simple outil de saisie. Il s’agit d’une véritable architecture logicielle pensée pour répondre aux standards du système international de suivi des émissions. Compatible avec les exigences de l’UNFCCC (Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) et de l’ETF (Enhanced Transparency Framework). SAGE applique les méthodologies du GIEC (IPCC), assurant ainsi une cohérence avec les normes utilisées dans les inventaires nationaux.
L’un des atouts majeurs de la plateforme réside dans sa capacité à constituer des séries temporelles robustes de données d’activité. Ces séries sont indispensables pour calculer les émissions de manière cohérente et suivre leur évolution dans le temps. Contrairement aux approches fragmentées encore largement utilisées, SAGE intègre les métadonnées dès la saisie. Garantissant une meilleure traçabilité et une exploitation plus efficace des informations collectées.
En somme, SAGE vise à combler une double lacune : le manque de données homogènes et la difficulté pour de nombreux pays de mettre en place des systèmes MRV fiables.
L’architecture de SAGE : une combinaison d’ingénierie et de science des données
Au cœur de la plateforme se trouve une architecture modulaire. Articulée autour de trois piliers : la configuration, la collecte des données et l’analyse. L’ensemble repose sur une base de données robuste. Soutenue par une couche de scripts et un serveur web qui assurent la fluidité des échanges et la gestion sécurisée des informations.
Le module de configuration constitue la première étape incontournable. Il permet de définir les paramètres structurels qui encadreront la collecte des données. Unités de mesure, catégories sectorielles, types de technologies ou encore paramètres spécifiques liés à chaque activité. Ces tables de configuration sont conçues pour être relativement stables dans le temps, tout en reflétant les réalités nationales. Elles doivent être établies en amont, idéalement par des experts techniques. Et régulièrement révisées afin de tenir compte des évolutions sectorielles ou réglementaires.
Une fois ces fondations posées, la plateforme facilite la création et la gestion des collections de données d’activité (AD Collections). Celles-ci sont organisées par année et par catégorie sectorielle. Permettant une saisie manuelle ou une importation automatisée via des fichiers Excel. Cette flexibilité est essentielle pour intégrer aussi bien des données collectées sur le terrain que des séries issues de bases statistiques nationales.
Enfin, le troisième pilier est celui de l’analyse. SAGE offre des outils permettant de transformer les données collectées en indicateurs exploitables. Qu’il s’agisse d’établir des tendances historiques, d’identifier des écarts ou de compléter des séries incomplètes.
La puissance des tables de configuration
Les tables de configuration jouent un rôle central dans le fonctionnement de SAGE. Elles définissent un cadre cohérent pour la collecte et l’utilisation des données. En évitant les incohérences qui surviennent lorsqu’on combine différentes sources d’information.
Ces tables contiennent à la fois des valeurs qualitatives (comme les types de technologies ou les systèmes de gestion du fumier en agriculture). Et quantitatives (par exemple les facteurs de conversion ou les valeurs par défaut liées à certaines activités). Elles sont classées en deux grandes catégories : les tables générales. Applicables à l’ensemble des secteurs, et les tables sectorielles, adaptées aux spécificités de domaines comme l’énergie, les déchets ou l’agriculture.
Un exemple concret illustre leur importance : dans le secteur des déchets, la distinction entre déchets secs. Et déchets humides conditionne les paramètres de calcul des émissions de CO₂. De même, dans l’agriculture, des informations comme le poids moyen des animaux. Ou le nombre de jours de vie par an influencent directement les calculs d’émissions liées à la fermentation entérique ou à la gestion des déjections.
En standardisant ces paramètres, SAGE permet d’assurer une comparabilité entre pays et secteurs. Tout en offrant une flexibilité suffisante pour s’adapter aux contextes nationaux.
Les collections de données : la colonne vertébrale du système
Une fois les paramètres établis, la collecte de données devient le cœur opérationnel de SAGE. Chaque année est représentée par une « collection », qui regroupe les données d’activité pour les différentes catégories sectorielles. L’utilisateur peut créer de nouvelles collections, les éditer, importer des données préexistantes ou compléter manuellement les informations manquantes.
Dans le secteur des déchets, par exemple, une collection peut inclure des informations sur la quantité incinérée. La teneur en carbone fossile, le facteur d’oxydation et les hypothèses retenues sur la base humide ou sèche des déchets. En agriculture, les collections rassemblent des données aussi variées que le nombre de têtes de bétail. Leur masse moyenne, les régimes alimentaires ou encore les systèmes de gestion du fumier utilisés.
La logique de SAGE repose sur la répétition systématique de ce processus année après année. Garantissant la construction d’un historique fiable. Cet aspect est fondamental pour mesurer les progrès réalisés et ajuster les politiques climatiques.
Des outils analytiques pour transformer les données en connaissances
L’un des apports majeurs de SAGE est sa capacité à dépasser la simple collecte pour offrir une analyse intégrée des données. La plateforme propose différents modules d’analyse, dont l’étude des tendances historiques, permettant de visualiser l’évolution des émissions sur plusieurs années.
Ainsi, l’outil permet également d’identifier les lacunes dans les séries de données. En recherchant automatiquement les « data gaps », SAGE aide les utilisateurs à détecter les incohérences ou les absences d’informations. Une fois les manques identifiés, différentes méthodes de comblement peuvent être appliquées, allant de l’utilisation de valeurs par défaut à des interpolations statistiques.
Cette fonctionnalité est particulièrement cruciale dans les pays en développement, où la disponibilité et la qualité des données peuvent être limitées. En offrant un cadre rigoureux pour combler ces lacunes, SAGE renforce la crédibilité des inventaires soumis aux instances internationales.
Un déploiement flexible et accessible
Le Greenhouse Gas Management Institute a conçu SAGE pour être largement accessible. Plusieurs modalités de déploiement sont prévues : un accès temporaire gratuit à une version de test, permettant aux équipes nationales de se familiariser avec l’outil, et une version complète distribuée sous forme de package d’installation. Dans les deux cas, le processus est accompagné d’un support technique, incluant des guides utilisateurs et des manuels détaillés.
De ce fait, ce choix de déploiement reflète la volonté de démocratiser l’accès à un outil robuste, en particulier pour les pays disposant de ressources limitées pour développer leurs propres systèmes MRV.
Des cas d’usage concrets : agriculture et gestion des déchets
Pour illustrer son fonctionnement, SAGE a été testé dans plusieurs secteurs pilotes, notamment les déchets et l’agriculture. Dans le premier, l’accent est mis sur la précision des paramètres liés à l’incinération et aux fractions de carbone fossile. Dans le second, la complexité vient du nombre important de paramètres nécessaires pour décrire la diversité des pratiques d’élevage et de gestion du fumier.
Ces cas pratiques montrent que la valeur ajoutée de SAGE réside autant dans la rigueur scientifique que dans la facilité d’utilisation. En intégrant des tables de configuration adaptées et en permettant une saisie progressive des données, l’outil facilite la production de séries cohérentes et exploitables.
Un outil au service des engagements climatiques mondiaux
Au-delà de son aspect technique, SAGE répond à une nécessité politique et stratégique. Les pays signataires de l’Accord de Paris doivent soumettre régulièrement des rapports de transparence, incluant des inventaires d’émissions détaillés et comparables. La crédibilité de ces rapports dépend de la qualité des données sous-jacentes, et c’est précisément ce que SAGE ambitionne de garantir.
En favorisant la standardisation des approches tout en laissant place aux spécificités nationales, la plateforme constitue un levier pour renforcer la confiance entre pays et améliorer l’efficacité des mécanismes internationaux de suivi.
Conclusion : vers une nouvelle génération de systèmes MRV
Avec SAGE, le Greenhouse Gas Management Institute propose bien plus qu’un outil informatique : il met à disposition une méthodologie complète, pensée pour répondre aux enjeux de rigueur scientifique et de transparence internationale.
Dans un contexte où la pression pour réduire les émissions s’intensifie et où chaque pays doit démontrer sa contribution à l’effort mondial, la capacité à disposer de données fiables, comparables et vérifiables devient une condition incontournable. SAGE s’inscrit pleinement dans cette dynamique et pourrait bien devenir, dans les prochaines années, un standard incontournable pour les systèmes MRV.
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