Dans un environnement de marché complexe, une allocation d’actifs de plus en plus « tactique » s’impose en 2020
- Trois catalyseurs majeurs devraient animer les marchés financiers en 2020 : la lente dégradation de la conjoncture économique, les politiques monétaires toujours entreprenantes des banques centrales et, enfin, la persistance de risques globaux d’ordre politique.
- Cet environnement milite en faveur d’une approche d’investissement de plus en plus tactique, dans laquelle la sélectivité et la diversification des titres restent incontournables.
L’érosion
généralisée de la croissance économique – pour une fin de cycle
d’expansion assez probable en 2021 – milite en faveur de taux d’intérêt
toujours très bas. Elle devrait par ailleurs peser sur les perspectives
de croissance bénéficiaire des entreprises et sur la progression des
marchés actions en 2020. « Sans catastrophisme, notre vision est
assez prudente. Nous jugeons les prévisions du consensus trop
optimistes, à 10% de croissance bénéficiaire pour l’ensemble des
entreprises en 2020. Nous anticipons plutôt une stagnation des bénéfices
voire un léger recul, de 0 à -2% » nuance Gaëlle Malléjac, Directrice des investissements – gestions actives.
Le
deuxième catalyseur est celui des banques centrales, qui resteront
préemptives et entreprenantes en matière de politique monétaire, afin de
limiter l’impact du ralentissement économique. La Réserve fédérale
américaine devrait baisser légèrement ses taux directeurs en 2020 selon
une logique de « pilotage » du ralentissement de la croissance. De son
côté, la BCE va poursuivre sa politique d’achats d’actifs en se donnant
la possibilité de l’accélérer si nécessaire. « L’environnement
économique autant que les politiques monétaires très accommodantes
maintiendront une pression baissière sur les taux d’intérêt » affirme Gaëlle Malléjac.
Quant à la persistance des risques politiques, liés en particulier
aux relations commerciales sino-américaines, il faut dissocier
l’apaisement observé à court terme d’enjeux stratégiques de moyen-long
terme : bien que la signature de la phase 1 de l’accord soit en bonne
voie, les Etats-Unis et la Chine continueront, dans leur quête de
leadership, de s’affronter sur le plan technologique et économique au
cours des prochains trimestres. En Europe, les négociations en cours
concernant le Brexit devraient continuer de susciter de nombreuses
incertitudes, même si l’hypothèse d’une sortie avec accord est la plus
crédible.
Attention au risque factoriel issu des corrélations entre classes d’actifs !
Au regard de ces différents enjeux, il faut demeurer attentif non seulement à la sélectivité des titres en portefeuilles, mais aussi à la sensibilité au risque factoriel de l’allocation d’actifs.
«
Le regain d’incertitudes peut faire évoluer très vite le jeu de
corrélations entre classes d’actifs, nous veillons donc à ne pas
embarquer de risque factoriel en portefeuille, notamment sur les
actions. Dans un contexte de dégradation économique, 2020 fera la part
belle à la recherche de portage et aux positions tactiques » assure Gaëlle Malléjac.
Sur
la classe d’actifs taux, Groupama Asset Management maintient une
position neutre dans un marché « régulé » par les banques centrales. Les
bilans de ces dernières sont réorientés à la hausse comme l’illustre la
reprise des achats d’actifs de la BCE. « Les politiques monétaires très accommodantes constitueront toujours un facteur de soutien aux marchés de taux en 2020 ».
Les taux d’intérêt américains et européens devraient poursuivre leur
tendance baissière de façon modérée, avec toutefois un différentiel au
sein de la zone euro : le mouvement pourrait être un peu plus marqué sur
les taux dits « périphériques », qui ont la préférence de l’équipe de
gestion au sein de la poche obligataire souveraine.
Sur
le marché des obligations d’entreprises, le resserrement des primes de
risque observé ces derniers mois devrait prendre fin, sans pour autant
laisser place à une hausse notable des spreads. « Nous n’identifions
pas de sources de tension majeure sur la classe d’actifs et favorisons
le compartiment investment-grade européen, soutenu par les achats
d’actifs de la BCE. Nous apprécions aussi les émetteurs du secteur
financier dont les ratios de solvabilité sont très satisfaisants. La
qualité des titres prévaut, nous nous positionnons sur les maturités
longues du segment noté ‘A’ et sur les maturités courtes et
intermédiaires du ‘BBB’ » détaille Gaëlle Malléjac. Plus volatils,
le compartiment high yield et les obligations issues des marchés
émergents sont à considérer selon une approche essentiellement tactique.
« Sur le high yield, le ‘BB’ a notre préférence en comparaison au ‘B’, afin d’optimiser le portage ajusté de la volatilité ».
Marchés actions : une recherche d’équilibre entre sensibilités cyclique et défensive
Enfin,
compte tenu de perspectives globalement moins porteuses pour les
marchés boursiers, l’équipe de Groupama Asset Management opte pour une
sous-exposition modérée sur les actions en 2020. « L’évolution du cycle économique est moins favorable au couple rendement-risque de la classe d’actifs ».
Sa stratégie d’investissement vise un positionnement toujours très sélectif, équilibré entre valeurs cycliques et défensives, à travers plusieurs grands thèmes boursiers : d’une part, la thématique des « fondamentaux de long terme », à l’image d’entreprises bien positionnées pour bénéficier de gains de productivité, de plans de relance budgétaire tournés vers les infrastructures liées à la transition énergétique ou leaders sur des segments de niche en forte croissance (cloud, biotechnologies…), d’autre part, les valeurs défensives à forte visibilité, peu cycliques et peu sensibles au risque de disruption (utilities, santé …). Troisième univers, celui des valeurs exposées aux marchés émergents, notamment aux consommateurs chinois. « Nous nous attendons à des marchés actions assez complexes l’année prochaine avec de fortes oscillations entre sensibilité défensive et sensibilité cyclique. La sélectivité des valeurs, leur diversification et une approche de gestion active s’imposeront plus que jamais » résume Gaëlle Malléjac.