Un peu partout dans le monde, une meilleure alimentation, une amélioration des modes de vie et les progrès dans la médecine ont fortement allongé la durée de vie. À l’échelle internationale, l’espérance de vie a progressé de presque 25 ans en moyenne depuis les années 1950 [1].
Les populations les plus riches jouissent de l’espérance de vie à la naissance la plus longue. Dans les pays avancés, un nouveau-né qui voit le jour aujourd’hui peut ainsi espérer vivre plus de 80 ans [2].
Si les épidémies des siècles passés telles que la variole ont été éradiqués par la vaccination, ce n’est pas le cas du cancer. Dans de nombreux pays, dont la Belgique, les Pays-Bas, la France et l’Australie, il s’agit désormais de la première cause de décès.
La hausse du pourcentage de personnes âgées est le reflet de tendances positives, mais il est indéniable que le cancer affecte ces derniers de façon disproportionnée. Le taux de cancer a crû avec l’augmentation de la longévité, passant de 15 % en 1960 à 25 % aujourd’hui.
Le risque de diagnostic de cancer est presque doublé entre un trentenaire et un quarantenaire et plus que quadruplé entre un trentenaire et un cinquantenaire.
Cette proportion monte à cinq fois plus pour un septuagénaire [3]. Les experts sont unanimes : le nombre de cancers augmentera nettement dans les années à venir, en grande partie sous l’effet combiné de l’accroissement et du vieillissement de la population mondiale. Près de 40 % de la population mondiale pourrait subir un diagnostic de cancer au cours de sa vie [4].
Comment est-ce possible ? Il existe plus de 100 types différents de cancer, qui trouvent leur origine dans trois sources principales : héritage génétique, infections et tumeurs sporadiques. Dans tous les cas, le processus est identique : les mécanismes cellulaires de « contrôle qualité » sont affaiblis et l’organisme ne parvient pas à détruire les cellules mutantes assez rapidement. Notre capacité à réparer l’ADN se détériore avec l’âge : l’augmentation du nombre de cellules anormales amplifie l’instabilité génétique, et par conséquent la probabilité de cancer. Près de trois quarts des « signatures » des mutations génétiques proposées pour le cancer sont également associées au vieillissement [5].
Les cellules cancéreuses elles-mêmes possèdent des propriétés anti-vieillissement. Ces cellules prolongent leur durée de vie en produisant activement des télomères, dont on sait qu’ils préviennent la destruction de notre ADN de la même façon que l’embout d’un lacet empêche ce dernier de s’effilocher. Le vieillissement est pour sa part étroitement lié à la dégradation des télomères. Au fil des années, les divisions cellulaires successives entraînent la perte de minuscules fragments de télomère ; quand cet élément protecteur de l’ADN finit par disparaître, la cellule meurt. Lors d’expériences en laboratoire, des scientifiques ont montré que la stimulation de la production des télomères allongeait de 20 % la durée de vie de souris de différents âges [6].
Point crucial, le traitement anti-vieillissement de ces expériences ne se soldait pas irrémédiablement par un cancer. Cette découverte nous incite à penser qu’il est possible de vivre plus longtemps sans être victimes de cette maladie.
Il est important de souligner que les traitements découverts en laboratoire ne sont pas nos seules armes pour vaincre le cancer. Bien que les multiples formes de cancer ne soient pas encore totalement comprises, les scientifiques estiment que 90 à 95 % des facteurs de risque sont modifiables, c’est à dire qu’il ne tient qu’à nous d’y remédier. Citons entre autres le manque d’exercice, l’exposition au soleil, l’obésité, les conditions environnementales et le tabac . Les campagnes contre le tabagisme, qui reste à l’origine d’environ un quart des cas de cancer, fournissent d’ailleurs un bon exemple des bienfaits de l’abandon des mauvaises habitudes. D’après l’OMS, près d’un tiers des décès dus au cancer sont imputables à ces cinq grands facteurs de risque comportementaux et alimentaires : « Actuellement, 30 à 50 % des cancers peuvent être évités. La prévention suppose la réduction des facteurs de risque et l’application des stratégies préventives existantes fondées sur des bases factuelles », affirme à ce propos l’organisation.
Dans les pays riches, le taux de mortalité pour cause de cancer s’est réduit de 18 % en moyenne depuis 1990, une baisse spectaculaire. Cette évolution est le fruit des améliorations du mode de vie encouragées par les systèmes de santé nationaux (comme le Programme national de contrôle du cancer lancé en République tchèque). L’allongement de l’espérance de vie signifie cependant que le taux de cancer dans la population continuera d’augmenter rapidement. D’ici 2040, on estime que 27,5 millions de nouveaux cas de cancer seront diagnostiqués chaque année, soit 60 % de plus qu’en 2018.
La tendance à l’augmentation simultanée de la longévité et du nombre de cancers s’accentuera en outre en Asie, notamment, en raison de l’élévation du niveau de vie dans de nombreux pays. L’influence des nouvelles habitudes de vie, dont un apport calorique supérieur et une activité physique moindre, commence d’ores et déjà à se faire sentir.
Les sociétés, et tout particulièrement leurs systèmes de santé, doivent se préparer au raz-de-marée du vieillissement et aux problèmes de santé afférents. D’un côté, les laboratoires de recherche s’efforcent de découvrir de nouveaux traitements anti-vieillissement, en modulant par exemple la fonction des télomères. De l’autre, les services d’oncologie des hôpitaux sont voués à se développer, entraînant à leur suite les ventes de matériel de dépistage et de chirurgie. La formation médicale s’orientera de plus en plus vers le traitement du cancer. Le déploiement des Big Data améliorera l’analyse et le pronostic, dont certaines fonctionnalités deviendront accessibles aux patients grâce aux applications mobiles.
Conclusion
Le foisonnement de la recherche pharmaceutique, la mobilisation des experts universitaires, le dynamisme des startups et des entreprises de biotechnologie sont autant d’atouts supplémentaires dans la lutte contre le cancer. Les progrès scientifiques et techniques annoncent l’avènement d’une médecine plus précise, plus personnalisée et – surtout – plus efficace. Les professionnels de la santé pourront compter sur un arsenal de combinaisons thérapeutiques de plus en plus sophistiquées pour améliorer les taux de survie, voire assurer la guérison totale des malades. Les promesses liées à la généralisation de l’immunothérapie et des thérapies géniques sont une source d’espoir pour de nombreux patients. L’intelligence artificielle et les données de santé offriront elles aussi de nouvelles perspectives en la matière. Ces nouvelles technologies devraient révolutionner le dépistage, le traitement et la prise en charge du cancer. Elles constitueront, à minima, un précieux outil d’aide à la décision médicale. En définitive, toutes ces initiatives poursuivent un objectif universel que Candriam partage sans réserve : contribuer à une vie plus saine et plus longue.
LE CANCER CHEZ LES JEUNES Le cancer ne touche pas exclusivement les personnes âgées et tous les cancers ne sont pas liés à l’âge. Depuis le début des années 1990, c’est ainsi chez les moins de 25 ans que l’incidence de cancers cérébraux et de leucémies s’est accrue le plus rapidement au Royaume-Uni. Le nombre total de cas reste néanmoins comparativement faible chez les jeunes. Il n’en reste pas moins que les conséquences néfastes de certains traitements anticancéreux, si elles sont observées à tous les âges, affectent les patients jeunes de manière à la fois plus précoce et plus prolongée. Dans une étude, les survivants d’un cancer infantile âgés de 20 ans se sont avérés présenter la même incidence cumulée de pathologies chroniques graves, potentiellement mortelles ou fatales que leurs frères et sœurs de 50 ans [8]. |