PARIS (Reuters) – L’Union européenne et les Etats-Unis se sont entendus pour travailler à établir des normes communes pour déterminer ce qu’est un investissement réellement vert, a déclaré mercredi le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, à l’issue d’un entretien avec l’envoyé spécial des Etats-Unis pour le climat, John Kerry.
Bruno Le Maire a souligné :
“Nous ne pouvons continuer dans la voie d’un développement économique qui se ferait au détriment de la planète”, alors que les Etats-Unis et l’Union européenne s’apprêtent à mettre en oeuvre de gigantesques plans de relance pour surmonter les effets de la pandémie de coronavirus.
“Nous ne voulons ni décroissance, ni croissance pour la croissance, nous voulons une croissance durable. Nous voulons faire de la décennie qui vient la décennie du climat“, a dit le ministre français au côté de John Kerry, en tournée en Europe pour préparer le sommet international pour le climat que le président Joe Biden prévoit d’organiser le 22 avril.
La Maison blanche entend afficher des objectifs ambitieux en matière de lutte contre le changement climatique en vue de la prochaine Conférence des Nations unies pour le climat (COP26), en novembre à Glasgow, qui marquera le grand retour des Etats-Unis dans l’Accord de Paris après la décision prise en 2018 par Donald Trump de les en retirer.
“Nous devons commencer dans la décennie qui vient à réduire significativement nos émissions. Nous avons toutes les capacités pour réussir ce défi (mais) nous devons prendre des décisions maintenant”, a martelé John Kerry.
L’ancien secrétaire d’Etat du président Barack Obama, qui avait paraphé à ce titre l’Accord de Paris, avait déjà promis une “décennie d’action” lors de ses escales à Londres lundi et à Bruxelles mardi.
A Paris, où il devait aussi s’entretenir avec la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, et avec Emmanuel Macron, John Kerry a estimé que les Etats-Unis et l’Europe avaient devant eux “la plus grande opportunité de transformer (leurs) économies depuis la révolution industrielle”.
Transition verte
L’émissaire américain a appelé le secteur privé à “jouer le rôle le plus important” dans cette transition verte qui va nécessiter au cours des prochaines années “des milliers de milliards de dollars d’investissements” mais qui permettra de créer des millions d’emplois.
Bruno Le Maire a lui aussi insisté sur le rôle de la finance dans ce processus.
“Nous voulons que la finance se mette au service de la lutte contre le changement climatique. La finance c’est le nerf de la guerre climatique”, a-t-il répété à deux reprises.
Reconnaissant le risque de “greenwashing”, le ministre de l’Economie a plaidé pour une harmonisation des normes entre l’Union européenne et les Etats-Unis.
Il a annoncé la création de deux groupes de travail sur la “taxonomie”, la définition de ce qu’est investissement durable, et sur le futur mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, qui doit permettre à l’UE d’imposer à partir de 2023 ses normes environnementales aux entreprises étrangères exportant sur son territoire.
Rappelant que la France et l’Allemagne ont décidé d’investir sept milliards d’euros dans le développement de l’hydrogène, qu’il a présenté comme “la technologie décarbonée la plus prometteuse”, Bruno Le Maire s’est dit prêt à “lancer un défi aux Etats-Unis pour savoir quel continent aura le premier avion à hydrogène”.
“Nous espérons qu’Airbus disposera d’un avion à hydrogène d’ici à 2035”, a-t-il ajouté.
Interrogés sur la Chine, dont le récent plan quinquennal de réduction des émissions est jugé peu ambitieux par les experts, les deux dirigeants ont dit ne pas vouloir “jeter l’opprobre sur un pays ou un autre”.
“Tous les pays qui émettent du carbone doivent revoir leurs ambitions à la hausse. Nous devons balayer devant notre porte”, a souligné John Kerry.