Oxfam France : Pendant que le coût des biens essentiels augmente à une vitesse inouïe, les milliardaires des secteurs de l’agroalimentaire, du Big Pharma et de l’énergie voient leur fortune gonfler à hauteur d’un milliard de dollars tous les deux jours.
Prix des denrées alimentaires qui explose
Le rapport Quand la souffrance rapporte gros est publié alors que le Forum économique mondial (qui réunit la crème de l’élite mondiale à Davos) a lieu pour la première fois en présentiel depuis la pandémie de COVID-19, une période pendant laquelle les milliardaires ont vu leur fortune exploser.
Le rapport d’Oxfam montre que la pandémie a vu émerger 573 nouveaux milliardaires, au rythme d’un milliardaire toutes les 30 heures. Selon les estimations, 263 millions de personnes supplémentaires pourraient basculer dans la pauvreté extrême cette année, au rythme d’un million de personnes toutes les 33 heures.
« Les milliardaires se rendent à Davos pour célébrer la hausse extraordinaire de leurs fortunes. La pandémie, et maintenant la flambée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, ont tout bonnement été une aubaine pour eux. En même temps, on observe un recul des progrès réalisés dans la lutte contre la pauvreté extrême au fil des dernières décennies et des millions de personnes sont confrontées à l’augmentation insoutenable du prix à payer pour simplement rester en vie », déclare Quentin Parrinello, Responsable Plaidoyer Justice fiscale et inégalités à Oxfam France.
Un nouveau milliardaire émerge toutes les 30 heures
Il y a désormais 62 nouveaux milliardaires dans le secteur de l’agroalimentaire. Aux côtés de seulement trois autres entreprises, la famille Cargill contrôle 70 % du marché agricole mondial. L’année dernière, avec un revenu net de 5 milliards, Cargill a enregistré les bénéfices les plus importants de son histoire et a versé 1,13 milliard de dollars de dividendes, dont la majeure partie a bénéficié aux membres de la famille À elle seule, la famille Cargill compte 12 milliardaires. Ils étaient 8 avant la pandémie. À elle seule, la famille Cargill compte 12 milliardaires. Ils étaient 8 avant la pandémie.
Ces bénéfices historiques du secteur agroalimentaires qui profitent aux PDG et aux actionnaires font échos avec la hausse insupportable des prix des denrées alimentaires observées en France et dans le monde depuis plusieurs mois. Ainsi, en France, le prix du pain a augmenté de 3,8% en un an, la farine et autres céréales ont augmenté de 9,7% en un an, les pâtes de 12,3% en un an et les huiles alimentaires (hors huile d’olive) de 15% en un an.
La fortune des milliardaires a augmenté davantage en deux ans de pandémie que lors des 23 dernières années. Les milliardaires détiennent au total l’équivalent de 13,9 % du PIB mondial. Ce pourcentage a triplé depuis 2000 (où il était de 4,4 %).
« Si la fortune des milliardaires a autant augmenté en sortie de crise, ce n’est pas grâce à la main invisible du marché, ni par les choix stratégiques brillants des milliardaires. C’est principalement en raison de l’argent public versé sans condition par les gouvernements et les banques centrales dont ils ont pu profiter. Avec une politique du « quoi qu’il en coûte », sans condition, pour faire face à la crise, les gouvernements et les banques centrales ont permis la hausse la plus importante de la fortune des milliardaires jamais enregistrée. Dans le même temps, les salarié.es travaillent plus dur, pour des salaires moindres et dans des conditions plus précaires. », ajoute Quentin Parrinello.
« Les ultras riches profitent de la douleur et de la souffrance. C’est inadmissible. Certains se sont enrichis en refusant délibérément à des milliards de personnes l’accès au vaccin, d’autres en exploitant la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie. Ils versent des bonus et des dividendes colossaux tout en payant le moins d’impôts possible. L’augmentation de la richesse et l’augmentation de la pauvreté sont indissociables. Elles prouvent que notre système économique fonctionne exactement tel que les personnes riches et puissantes l’ont voulu », affirme Quentin Parrinello.
« Après plus de deux ans de pandémie ayant entraîné plus de 20 millions de morts selon les estimations et une destruction économique généralisée, les responsables politiques présent·es à Davos doivent choisir : agir en tant que mandataires des milliardaires qui pillent leurs économies, ou prendre des mesures ambitieuses dans l’intérêt de la vaste majorité. Une mesure par-dessus tout, faisant sens sur le plan économique, pourrait donner le ton : les gouvernements finiront-ils enfin par taxer la richesse des milliardaires ? »
Oxfam adresse les recommandations suivantes au nouveau gouvernement Français :
Pour lutter contre l’inflation et protéger les personnes les plus fragiles, il convient d’Instaurer des mesures d’urgence sur les prix sur certains produits de premières nécessité notamment sur les denrées alimentaires.
La facture de la crise ne doit pas être payée par les plus précaires. Après la réforme de l’assurance chômage, le gouvernement envisage désormais de repousser l’âge de la retraite pour combler le déficit. Oxfam appelle le gouvernement à faire contribuer ceux qui se sont enrichis grâce à l’action publique pendant la crise: les ultra-riches. Une taxe exceptionnelle sur la richesse de crise des milliardaires devrait être mise en place, accompagnée du rétablissement d’un véritable impôt sur les grandes fortunes.
En marge des élections présidentielles, Oxfam a publié un manifeste pour une fiscalité juste, verte et féministe destiné aux candidat-e-s à l’élection présidentielle. Ce manifeste comportait 15 mesures permettant de récolter au moins 65 milliards d’euros par an en ciblant les plus riches, les grandes entreprises faisant de l’évasion fiscale et les gros pollueurs. Aucune personne gagnant moins de 2500 euros net par mois ne serait impacté par ses mesures. Au vu de la situation du pays et du besoin de financement, Oxfam appelle le gouvernement à adopter ces 15 mesures au plus vite.
Retrouver en intégralité le rapport d’Oxfam :