Agnès Buzyn livre des confessions accablantes sur le coronavirus
Dans un entretien au “Monde”, l’ex-ministre de la Santé qualifie de “mascarade” la tenue des élections municipales.
Une ex-ministre de la Santé devrait-elle dire ça? Quoi qu’il en soit, les confessions faites par Agnès Buzyn auprès du journal Le Monde ce mardi 17 mars sont particulièrement explosives en pleine crise du coronavirus, contre laquelle Emmanuel Macron a déclaré une “guerre sanitaire”.
Et pour cause. Celle qui a remplacé Benjamin Griveaux pour porter les couleurs LREM lors des élections municipales à Paris affirme qu’elle était parfaitement au courant de l’ampleur que prendrait l’épidémie du covid-19, ce qui ne l’a pas empêché de démissionner afin de briguer le siège occupé par Anne Hidalgo. En creux, elle admet avoir menti aux électeurs lorsqu’elle affirmait avoir fait de la conquête de la capitale sa priorité et assure qu’elle avait prévenu Emmanuel Macron et Édouard Philippe dès le mois de janvier de la catastrophe sanitaire qui se profilait.
“On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade”
“Quand j’ai quitté le ministère, je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous. Je suis partie en sachant que les élections n’auraient pas lieu”, affirme celle qui, il est vrai, ne cachait pas ses larmes lors de sa passation de pouvoirs avec Olivier Véran.
Dans ce qui sonne comme une façon de libérer sa conscience, Agnès Buzyn poursuit: “Depuis le début je ne pensais qu’à une seule chose : au coronavirus. On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade. La dernière semaine a été un cauchemar. J’avais peur à chaque meeting. J’ai vécu cette campagne de manière dissociée”. Pourtant, c’est bien son équipe de campagne qui a contacté via SMS 500.000 électeurs pour les appeler à voter Agnès Buzyn dimanche 15 mars, avec tous les risques sanitaires que le déplacement aux bureaux de vote comportait.
Plus intrigant, Agnès Buzyn affirme avoir pris conscience très tôt de l’ampleur de la crise à venir. “Le 11 janvier, j’ai envoyé un message au président sur la situation”, indique l’ex-ministre. Elle assure même avoir prévenu Édouard Philippe dès le 30 janvier pour l’avertir “que les élections ne pourraient sans doute pas se tenir”. Pourtant, quand la candidature Griveaux s’est effondrée, l’ex-ministre de la Santé a quand même quitté le ministère de la Santé pour tenter l’aventure électorale.
“Je recevais des milliers de textos me disant : ‘Il n’y a que toi…’ Je me suis dit que je n’allais pas laisser La République en marche dans la difficulté… Paris est un beau mandat. J’ai appelé moi-même le président pour lui dire que j’y allais”, affirme-t-elle. Des propos qui ont de quoi surprendre, surtout lorsqu’on se souvient qu’elle avait elle-même attaqué Anne Hidalgo sur sa gestion du coronavirus. Ce mardi dans Le Monde, elle prédit des “milliers de morts” dans l’Hexagone.