Deux ans après la COP15 de Kunming-Montréal, qui a marqué une prise de conscience mondiale sans précédent sur l’urgence de protéger la biodiversité. La COP16 s’annonce comme un tournant crucial pour la mise en œuvre des engagements pris.
Malgré l’adoption d’un cadre ambitieux visant à inverser la perte de biodiversité d’ici 2030. Les résultats concrets se font encore attendre. La rencontre de Cali doit non seulement renforcer les actions des gouvernements. Mais aussi intensifier la mobilisation des ressources financières, notamment des acteurs privés. Cet article explore les enjeux de cette COP16 et l’urgence d’un changement radical dans la gestion de la biodiversité mondiale.
COP15 : des engagements ambitieux mais une mise en œuvre insuffisante
En 2022, la COP15 a été saluée comme une avancée majeure pour la biodiversité. Avec l’adoption du Global Biodiversity Framework (GBF). Ce cadre international fixe des objectifs clairs : protéger 30 % des milieux naturels et restaurer 30 % des écosystèmes dégradés d’ici 2030. Il reflète l’urgence d’agir face à la crise environnementale qui menace les écosystèmes mondiaux. Cependant, deux ans après cet accord, la mise en œuvre des stratégies nationales reste insuffisante.
Les pays signataires ont jusqu’à présent peiné à concrétiser les plans d’action nécessaires pour atteindre ces objectifs. La lenteur des avancées est inquiétante. Notamment parce que les fonds prévus pour financer ces initiatives, estimés à 200 milliards de dollars par an, n’ont pas été déployés de manière efficace. L’un des grands défis de la COP16 sera de traduire les ambitions de Kunming-Montréal en actions tangibles. Afin de répondre à la perte rapide de biodiversité.
Le rôle clé des financements : des promesses à la réalité
Pour soutenir la transition écologique, les gouvernements ont prévu de mobiliser 200 milliards de dollars par an d’ici 2030, dont 30 milliards pour l’aide au développement. Cependant, jusqu’à présent, ces financements sont loin de répondre aux besoins réels. Si 80 % des fonds proviennent encore du secteur public. Il devient impératif de mobiliser le secteur privé pour combler cet écart financier.
Des solutions innovantes, telles que les crédits biodiversité, sont envisagées pour encourager les investissements dans la protection des écosystèmes. Ces crédits, soutenus par l’International Advisory Panel on Biodiversity Credits (IAPB), pourraient jouer un rôle central dans la mobilisation des capitaux nécessaires. Ce mécanisme offre une opportunité aux entreprises et investisseurs de contribuer à la préservation de la nature. Tout en tirant parti d’un cadre financier attractif. La COP16 sera l’occasion de définir les contours de ces outils financiers, essentiels pour atteindre les objectifs fixés.
La mobilisation des entreprises : un levier indispensable pour la biodiversité
Le secteur privé est de plus en plus sollicité pour participer activement à la protection de la biodiversité. L’objectif 15 du GBF appelle les entreprises à évaluer et à publier leurs impacts et dépendances vis-à-vis des écosystèmes. Depuis la COP15, la mobilisation du secteur privé s’est structurée autour de cadres volontaires. Tels que celui de la Taskforce on Nature-related Financial Disclosures (TNFD), permettant aux entreprises de mieux intégrer les risques liés à la biodiversité dans leurs stratégies.
Ce cadre volontaire a été adopté avant même la mise en place de réglementations strictes, et il joue désormais un rôle clé dans l’évaluation des risques environnementaux. De plus, la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) recommande désormais aux entreprises d’utiliser la TNFD pour déployer des indicateurs environnementaux clairs, renforçant ainsi la transparence des pratiques des grandes entreprises. Toutefois, ces initiatives, bien que prometteuses, doivent encore se traduire par des actions concrètes et mesurables. La COP16 pourrait être le catalyseur de cette transformation, en encourageant une meilleure articulation entre les efforts publics et privés.
COP16 : un moment décisif pour l’action internationale
La COP16, qui se tiendra à Cali, est perçue comme un moment de vérité pour la communauté internationale. Depuis la COP15, les discussions autour de la biodiversité ont évolué, mais les résultats concrets restent limités. Les gouvernements sont désormais confrontés à l’urgence d’aligner leurs politiques nationales sur les objectifs ambitieux du GBF et d’accélérer la mobilisation des ressources financières nécessaires.
Si cette conférence ne parvient pas à obtenir des engagements clairs et mesurables, les objectifs de 2030 risquent de ne pas être atteints. Le rôle du secteur privé sera également central, notamment à travers des outils financiers innovants comme les crédits biodiversité. Si la COP16 se limite à des déclarations d’intention, la promesse d’une « paix avec la nature » pourrait rester un simple slogan, sans réels impacts sur le terrain.
La biodiversité, un enjeu stratégique pour les entreprises
Au-delà des engagements des États, les entreprises jouent un rôle crucial dans la préservation des écosystèmes. Ces dernières années, la prise en compte des risques environnementaux dans les modèles économiques s’est renforcée, mais il reste encore beaucoup à faire. Les entreprises doivent aller au-delà de la simple évaluation des risques liés à la biodiversité et intégrer ces enjeux dans leur stratégie globale. Repenser les modèles d’affaires pour en assurer la résilience et réduire leur impact sur les écosystèmes est une nécessité.
Agir pour la biodiversité ne peut se limiter à des mesures superficielles ; il s’agit d’une transformation profonde qui touche à la durabilité même des activités économiques. La COP16 doit encourager les entreprises à franchir ce cap et à prendre des mesures concrètes pour inverser la courbe de la perte de biodiversité.
La COP16 à Cali représente une opportunité unique pour accélérer les actions en faveur de la biodiversité. Alors que les engagements pris lors de la COP15 peinent à se concrétiser, cette nouvelle conférence doit marquer un tournant décisif. La mobilisation des ressources, tant publiques que privées, et l’implication active des entreprises seront essentielles pour atteindre les objectifs de 2030. Si les actions ne suivent pas, la perte de biodiversité pourrait atteindre un point de non-retour. La COP16 doit donc être le moment où les promesses se transforment enfin en réalité.
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