1. Depuis le début de l’épidémie, nous avons pris le parti méthodologique de ne pas fournir à proprement parler de prévisions, mais de donner plutôt un ordre de grandeur de la récession en 2020. Notre approche consiste non pas à anticiper chaque composant de la croissance (consommation, investissement, …) mais à simuler sur une économie développée « type », l’impact d’un choc d’activité sur l’offre. Au regard des incertitudes persistantes et de la forte évolutivité de la conjoncture, nous maintenons cette approche. Cependant, la publication progressive de données sur l’ampleur de l’arrêt d’activité nous permet d’affiner ces estimations, et même d’obtenir une évaluation pays par pays.
2. Nos simulations publiées il y a près d’un mois montraient que pour une économie développée « type », la récession en 2020 serait comprise entre -5% et -10% sous l’hypothèse d’un choc d’activité initialement autour de 20% (25% pour le secteur marchand). Cependant, certaines informations recueillies par les instituts statistiques nationaux suggèrent que le choc d’activité serait plus fort : l’INSEE l’estime actuellement à 36% sur le cas français, l’IFO annonce également 36% pour l’Allemagne, l’Istat avance une perte d’activité de 41% pour l’Italie, l’INE l’évalue à 30% pour l’Espagne, et le CEBR l’estime à 31% pour le Royaume-Uni. En réinjectant ces données d’enquête dans nos maquettes, et en intégrant les périodes de confinement telles qu’annoncées, nous évaluons désormais la récession en 2020 dans les pays développées entre -7% et -15%. L’Italie aurait la récession la plus forte, elle serait la moins marquée aux États-Unis, tandis que la baisse de PIB serait comprise entre -10% et -12% pour la France, l’Espagne, l’Allemagne et le Royaume-Uni.
3. Si le choc de croissance est plus important, cela détériore mécaniquement la composante cyclique des déficits budgétaires. A l’aune de ces nouvelles estimations de récession, les déficits budgétaires s’établiraient en 2020 entre 10% et 15% du PIB, celui des États-Unis étant dans le haut de fourchette et celui de l’Espagne dans le bas.
4. Ces révisions haussières sur les déficits budgétaires nous conduisent aussi à revoir en hausse les ratios de dette publique rapportée au PIB pour 2020 à la fois sous le coup de la détérioration des déficits et de la baisse du dénominateur. Par exemple, l’endettement public s’approcherait de 110% aux États-Unis (contre près de 80% à fin 2019), de 130% en France et dépasserait les 170% en Italie. Avec des perspectives de croissance en 2021 qui s’établiraient entre 5 et 10%, ces ratios d’endettement diminueront un peu, mais il n’en reste pas moins, qu’ils auront franchi un nouveau « palier ».
Un compte rendu de Groupama AM