Disparités des revenus agricoles en France en 2024

revenus agricoles

Le secteur agricole français se caractérise par de fortes disparités en termes de revenus, largement influencées par la taille des exploitations et le type de production. Alors que le revenu agricole réel par unité de travail a globalement augmenté depuis 2010, les fluctuations conjoncturelles liées aux conditions climatiques et aux marchés mondiaux restent importantes. L’année 2023, marquée par un recul des revenus après une année record en 2022, illustre bien cette instabilité. Les subventions agricoles jouent néanmoins un rôle crucial dans la stabilisation des revenus, mais elles ne parviennent pas à gommer les écarts entre les différentes filières agricoles.

Revenus agricoles en hausse, mais disparités marquées

Selon la Direction générale du Trésor, le revenu agricole agrégé par unité de travail a connu une progression régulière depuis 2010, bien qu’une baisse de 9 % ait été observée en 2023 après une année 2022 exceptionnelle. Cette volatilité est principalement due à un découplage entre les prix de la production agricole et ceux du PIB, illustrant les difficultés auxquelles les agriculteurs sont confrontés face aux fluctuations des marchés.

Les disparités de revenus sont frappantes. Le taux de pauvreté des ménages agricoles atteignait 16 % en 2020, contre 14 % pour la population générale. Dans certaines filières comme l’élevage, ce taux dépasse même 20 %, tandis que pour les grandes cultures, il est plus bas, à 12 %. Ce contraste témoigne de l’inégalité profonde au sein des exploitations agricoles françaises.

L’impact des subventions agricoles

Les subventions constituent un levier indispensable pour les agriculteurs. En 2022, les subventions agricoles atteignaient en moyenne 36 300 € par exploitation, représentant une part importante du revenu agricole global. Sans ces aides, 18 % des exploitations auraient enregistré un excédent brut d’exploitation (EBE) négatif. Grâce aux subventions, ce chiffre est ramené à 3 %.

Les aides issues de la Politique agricole commune (PAC) ont donc permis de compenser partiellement les fluctuations de revenus dues aux marchés mondiaux et aux conditions climatiques défavorables. Cependant, ces subventions ne suffisent pas toujours à éliminer les disparités profondes entre les types de production.

Un niveau de vie comparable à la population active française

Malgré ces disparités, le niveau de vie médian des ménages agricoles en 2020 était de 22 800 €, un chiffre relativement proche des 22 400 € pour l’ensemble des ménages français. Toutefois, cette comparaison masque une réalité : les agriculteurs travaillent en moyenne 52,5 heures par semaine, contre 37,1 heures pour le reste de la population active. En outre, ils sont les plus nombreux à déclarer travailler le soir, la nuit, ainsi que les week-ends, ce qui alourdit leur charge de travail.

Arbitrages entre revenus et investissements dans l’appareil productif

Les agriculteurs doivent souvent arbitrer entre rémunération de leur travail et réinvestissement dans leurs exploitations. En moyenne, 46 % de l’excédent de trésorerie des exploitations est consacré aux prélèvements privés, tandis que plus de la moitié est réinvestie dans l’appareil productif. Cette approche permet aux exploitants de constituer un capital professionnel important, bien que celui-ci ne soit pas toujours réalisable au moment du départ à la retraite, en raison d’un déséquilibre entre le nombre de départs et d’installations de nouveaux agriculteurs.

Les disparités intra et inter-filières

La taille de l’exploitation agricole est un facteur déterminant des revenus. Les petites exploitations génèrent en moyenne un revenu quatre fois plus faible que les plus grandes. Les grandes cultures et la viticulture sont les secteurs les plus rémunérateurs, avec des revenus moyens de 55 000 € et 53 000 € respectivement entre 2017 et 2022. En revanche, les élevages bovins viande affichent un revenu moyen bien plus faible, autour de 20 000 € par actif.

Les disparités se retrouvent également au sein même des filières, notamment dans la viticulture et le maraîchage, où la dispersion des revenus est particulièrement forte.

À retenir

Le secteur agricole français continue de faire face à des disparités importantes en termes de revenus. Les subventions agricoles jouent un rôle crucial dans la stabilisation des exploitations, mais ne permettent pas de compenser les écarts entre les filières et les exploitations de tailles différentes. Les agriculteurs doivent concilier une charge de travail élevée et des revenus souvent insuffisants, malgré des gains de productivité importants. Le défi pour les années à venir réside dans la réduction de ces disparités tout en garantissant la pérennité du secteur agricole.

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