Économie mondiale à l’automne 2025 : un contexte commercial tendu et des perspectives contrastées

Économie mondiale

L’automne 2025 se caractérise par un environnement économique mondial marqué par l’incertitude commerciale et des dynamiques de croissance divergentes entre les grandes économies. Les mesures protectionnistes américaines, combinées à des ajustements monétaires et budgétaires dans plusieurs pays, pèsent sur le commerce international et la consommation. Malgré des signes de soutien en zone euro et dans certains pays émergents, la croissance globale reste inférieure aux niveaux pré-pandémiques et expose l’économie mondiale à des risques principalement orientés à la baisse.

Une croissance de l’économie mondiale modérée face aux tensions commerciales

La croissance mondiale est attendue à +3,0 % en 2025, légèrement inférieure aux prévisions du printemps, avant de ralentir à +2,9 % en 2026. Ce ralentissement reflète principalement l’impact des droits de douane américains et des contre-mesures adoptées par leurs partenaires. Le commerce international, moteur essentiel de l’économie globale, est particulièrement affecté, avec une progression limitée à +2,1 % en 2025 et +2,3 % en 2026, bien en dessous de sa moyenne historique de 2,8 % sur la période 2015-2019. Ce ralentissement du commerce est accentué par la contraction des importations en Chine et en Inde, malgré une légère reprise des achats des économies avancées au premier semestre 2025.

Dynamiques contrastées dans les économies avancées

Aux États-Unis, l’activité économique ralentit fortement, avec une croissance projetée à +1,6 % en 2025 et +1,5 % en 2026. La consommation des ménages est particulièrement freinée par les effets anti-redistributifs de la loi fiscale « One Big Beautiful Bill Act » (OBBBA) et par le renchérissement des biens importés. L’investissement privé souffre de l’incertitude économique et de conditions financières restrictives, tandis que le commerce extérieur reste atone. En revanche, certains segments comme la recherche et développement, notamment dans l’intelligence artificielle, continuent de soutenir partiellement l’activité.

En zone euro, la croissance est plus soutenue, portée par la baisse de l’inflation qui stimule la consommation et par la diffusion progressive de la détente monétaire. L’Allemagne connaît une quasi-stagnation en 2025 (+0,2 %), pénalisée par les retards dans la mise en œuvre de la relance budgétaire, avant un redressement attendu à +0,9 % en 2026. L’Italie progresse faiblement (+0,6 % en 2025), soutenue par le Plan national de relance et de résilience (PNRR) et la transmission de la baisse des taux d’intérêt. L’Espagne maintient une dynamique relativement élevée (+2,8 % en 2025), portée par la consommation privée, l’investissement et le tourisme, tandis que le Royaume-Uni bénéficie d’une politique budgétaire expansionniste qui stabilise la croissance à +1,2 %.

Un ralentissement marqué dans les grandes économies émergentes

Les grandes économies émergentes connaissent un ralentissement général. La Chine, après un premier semestre dynamique, voit sa croissance décélérer à +4,7 % en 2025 et à +4,0 % en 2026, freinée par les droits de douane américains et des vulnérabilités structurelles persistantes. En Inde, l’activité ralentit à +6,3 % en 2025 puis à +6,2 % en 2026, impactée par la hausse des droits de douane et un endettement croissant des ménages. Le Brésil progresse plus modérément (+2,1 % en 2025, +1,8 % en 2026) sous l’effet d’un resserrement monétaire et de la dégradation de la demande extérieure. La Turquie, confrontée à une inflation élevée et à des taux directeurs encore restrictifs, voit sa croissance se stabiliser autour de +3,0 % en 2025 et +3,4 % en 2026.

Hypothèses économie mondiale : droits de douane et politiques monétaires

Le scénario d’automne 2025 repose sur une hausse significative des droits de douane américains, avec un taux effectif moyen porté à +16 points, contre +4,5 points au printemps. Les mesures sectorielles et bilatérales touchent particulièrement l’automobile, l’acier, l’aluminium, la Chine, le Mexique et le Canada. La plupart des grandes économies avancées poursuivent un assouplissement monétaire, à l’exception de la Fed qui maintient ses taux inchangés, bien que des baisses soient anticipées fin 2025 et en 2026. Les pays émergents suivent également un assouplissement monétaire progressif, à l’exception du Brésil qui continue son resserrement pour contenir l’inflation.

France : des effets modérés mais sensibles

Pour la France, dont les échanges sont davantage concentrés sur l’Europe que sur les États-Unis, la demande adressée progresse à +2,5 % en 2025 puis +2,1 % en 2026, légèrement révisée à la baisse par rapport au printemps. Les droits de douane américains entraînent un impact limité sur le PIB (-0,1 % en 2025, -0,4 % en 2026), tandis que l’investissement et la consommation restent modérément soutenus par les politiques monétaires et la résilience du marché intérieur. L’appréciation de l’euro face au dollar constitue un frein supplémentaire à la compétitivité.

Des risques économiques orientés à la baisse

Le principal aléa réside dans les tensions commerciales persistantes, avec la menace de nouveaux droits de douane américains. À cela s’ajoutent des risques géopolitiques, notamment liés au conflit en Ukraine, et l’impact croissant des événements climatiques extrêmes sur les économies émergentes. Sur le plan financier, l’attaque répétée de l’administration Trump contre la Fed fragilise l’indépendance monétaire et la crédibilité du dollar, accentuant l’incertitude sur les marchés.

Dans ce contexte, l’économie mondiale apparaît fragile, avec des disparités fortes entre régions et secteurs, et une sensibilité accrue aux politiques commerciales et monétaires. La vigilance reste de mise pour les entreprises et les décideurs publics, face à un horizon marqué par des tensions persistantes et des ajustements structurels nécessaires pour soutenir la croissance à long terme.

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