
En 2005, alors que la finance durable n’en était qu’à ses balbutiements et que l’ISR peinait encore à convaincre les marchés, un acteur public a fait un choix radical, historique, presque impensable à l’époque : l’ERAFP, le Régime de retraite additionnelle de la fonction publique, décide de placer 100 % de ses actifs en Investissement Socialement Responsable.
Aucune grande institution française ne l’avait jamais fait.
Aucune n’osait imaginer le faire.
L’ERAFP, si.
Vingt ans plus tard, cette décision visionnaire apparaît non seulement fondée, mais avant-gardiste. Alors que la finance se convertit peu à peu aux critères ESG, l’ERAFP démontre qu’un portefeuille 100 % ISR peut être performant, robuste et piloté avec une approche globale, structurée et transparente.
Une charte ISR pionnière : la matrice du changement
Dès 2005, l’ERAFP formalise une Charte ISR propre, définissant les principes, les valeurs et les exigences qui guideront l’ensemble de ses investissements. Cette charte est toujours l’un des textes les plus complets du paysage institutionnel français.
Elle repose sur cinq grands piliers :
1. Les droits humains et fondamentaux
- non-discrimination, égalité des chances
- liberté d’opinion et d’expression
- responsabilité dans la chaîne d’approvisionnement
2. Le travail, l’emploi et le dialogue social
- gestion responsable des carrières
- respect du droit syndical
- amélioration de la santé-sécurité
- partage équitable de la valeur
3. L’impact social
- contribution positive des produits et services
- soutien aux acteurs promouvant la cohésion sociale
4. L’environnement et le climat
- stratégie environnementale formalisée
- maîtrise des impacts environnementaux
- contribution à la transition énergétique
- gestion des risques climatiques
5. La gouvernance responsable
- bonne gouvernance
- lutte contre la corruption
- transparence fiscale
- pratiques responsables de lobbying
Cette grille est appliquée à toutes les classes d’actifs, un cas unique en Europe à l’époque.
Le choix stratégique du best in class
Plutôt que d’exclure des secteurs entiers, l’ERAFP privilégie les émetteurs les plus responsables au sein de chaque secteur.
Une approche cohérente pour un investisseur institutionnel de cette taille, investissant sur une multitude d’actifs :
- elle incite tous les secteurs à progresser,
- elle évite les paradoxes de l’exclusion (ex. exclure l’énergie mais financer des industries fortement consommatrices),
- elle permet de suivre et accompagner les trajectoires ESG des entreprises,
- elle repose sur une logique systémique : considérer les liens entre secteurs, enjeux et chaînes de valeur.
C’est cette approche globale, non idéologique, mais rigoureuse, qui a permis à l’ERAFP de bâtir une politique ISR robuste.
Un dispositif internalisé et piloté par la gouvernance
Contrairement à de nombreux fonds déléguant leur stratégie ISR à des agences externes, l’ERAFP a fait un choix rare : conserver le pilotage en interne, via son conseil d’administration et son Comité de suivi de la politique de placements.
Les notations externes, les analyses indépendantes et les benchmarks servent de matériaux… mais la colonne vertébrale du dispositif est définie en interne, traduisant les valeurs républicaines portées par la fonction publique.
Sélection des gérants : une concurrence vertueuse
La sélection des mandataires de gestion se fait :
- via un processus multicritères,
- dans le respect du Code de la commande publique,
- sans exclusivité systématique,
- avec intégration obligatoire de la Charte ISR,
- et avec participation d’administrateurs à la commission d’appels d’offres.
L’ERAFP vérifie ensuite :
- l’application réelle des lignes directrices,
- la cohérence entre valeurs affichées et positions prises,
- la capacité des gérants à progresser dans le temps.
Une partie du portefeuille est également investie dans des fonds multi-investisseurs soumis aux mêmes exigences.
Un investisseur engagé, actif et influent
Depuis 2012, l’ERAFP ne se contente plus de filtrer :
il engage, dialogue, influence.
Il participe à des initiatives internationales majeures :
- Climate Action 100+
- IIGCC
- Net-Zero Asset Owner Alliance
- Nature Action 100
- FAIRR
- ShareAction
- PRI (optimisation fiscale agressive)
Sa politique de vote est structurée, strictement alignée avec ses valeurs :
- transparence financière
- équité et modération des rémunérations
- diversité
- respect des actionnaires de long terme
Chaque année, l’ERAFP coordonne le vote de ses gérants sur un échantillon de 40 grandes entreprises françaises et internationales.
Une stratégie climat ambitieuse : neutralité carbone 2050
Un autre choix majeur :
En 2020, l’ERAFP rejoint la Net-Zero Alliance, engageant son portefeuille vers la neutralité carbone en 2050.
Depuis, deux feuilles de route climat ont été établies :
- 2019–2024
- 2024–2029
Elles encadrent la réduction progressive des intensités carbone, la sortie accélérée des énergies fossiles et le financement de l’économie compatible avec le scénario à +1,5°C.
La politique fossile adoptée en 2023 cible :
- le charbon
- les hydrocarbures conventionnels
- les hydrocarbures non conventionnels
Les entreprises dont la stratégie n’est pas compatible avec une trajectoire 1,5°C sont désinvesties.
Une démonstration magistrale : le 100 % ISR fonctionne
Après vingt ans d’application sans compromis, les résultats sont clairs :
→ la performance financière est au rendez-vous,
→ la gestion des risques est améliorée,
→ la transparence est totale,
→ la robustesse du portefeuille est reconnue,
→ l’impact social, environnemental et climatique est mesurable.
Ce choix stratégique a fait de l’ERAFP :
- un laboratoire institutionnel de la finance durable,
- un référent français pour l’intégration des critères ESG,
- un acteur engagé dans l’évolution des pratiques de marché.
Une conviction : la durabilité n’est plus une option
En intégrant les critères ESG à toutes les phases de l’investissement — sélection, gestion, suivi, engagement, vote — l’ERAFP propose une vision holistique rare dans le paysage français.
Cette démarche montre que :
- la finance durable n’est ni un supplément d’âme,
- ni une contrainte réglementaire,
- ni un simple outil de communication.
C’est un principe structurant, un levier de performance, un horizon stratégique.
Un modèle pour les investisseurs publics et privés
En 2005, l’ERAFP a ouvert une porte que beaucoup hésitaient à franchir.
Vingt ans plus tard, elle n’a jamais été aussi actuelle.
Dans un monde où l’exigence climatique augmente, où la pression sociale se renforce, et où la gouvernance est scrutée comme jamais, le 100 % ISR de l’ERAFP apparaît comme une direction nécessaire, plus que courageuse.
Ce qui était audace est devenu référence.
Ce qui était expérimentation est devenu standard.
Et ce qui était vision est devenu une réalité :
la finance durable peut être performante, rigoureuse, systémique et transformative.
Un modèle que beaucoup cherchent encore, mais que l’ERAFP applique déjà depuis deux décennies.
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