Finance verte : pas que pour les banquiers Finance verte : pas que pour les banquiers
Un délai de deux ans s’impose quant à la parution de la taxonomie verte européenne. La publication des règles de la finance est ainsi repoussée à 2022. L’actualité financière en est incessamment saturée, les états membres de l’union européenne sont désormais tous conscients de l’urgence climatique et cherchent à orienter l’ économie vers un modèle soutenable.
L’ UE s’est donc imposée d’ ambitieux objectifs et a formé des groupes d’ experts afin d’identifier les besoins massifs d’investissement. A travers l’industrie des services financiers l’Union Européenne cherche à faire évoluer le comportement des entreprises de façon durable.
Déjà en 2018, l’ UE aait proposé un plan de 10 actions, assorti de plusieurs propositions de réglementations. La pièce maîtresse est la taxonomie européenne : un référentiel unique qui catégorise les secteurs qui génèrent des bénéfices environnementaux et sociaux. Cette pierre angulaire de l’harmonisation “ESG” est censée se démultiplier sur les règles et pratiques de l’industrie financière, et par ricochet englober les entreprises dans la démarche. Mais comme toute définition universelle, l’exercice est difficile et demandera du temps ; preuve à l’appui, le Conseil européen a proposé fin-septembre 2019 le report de celle-ci à fin 2022 – plus de deux ans après la date initialement prévue…
L’industrie des services financiers est prête à apporter sa pierre à l’édifice et à développer une offre de produits orientée vers le développement durable. Certains gestionnaires d’actifs refondent même l’intégralité de leur gamme afin que l’ensemble des produits présente des objectifs ESG. L’absence d’une grille de lecture précise et partagée se fait donc sentir. Elle freine la conception des produits d’investissement ESG et complique l’orientation des investisseurs – favorisant par ailleurs leur scepticisme. C’est ce besoin que vient combler la proposition de taxonomie de l’Union européenne.
En orientant les investissements, l’UE incite de fait les directions financières des grandes entreprises ciblées par la taxonomie à s’engager dans la transformation ESG. Afin de maintenir leur capacité à se financer dans de bonnes conditions, elles devront mener les efforts de transparence permettant la publication de scores détaillés d’éligibilité à la taxonomie – favorisant par le truchement de ces conditions de financement la rentabilité des actionnaires. Elles sont par ailleurs les seules à avoir accès à leurs données nécessaires au calcul du score d’éligibilité à la taxonomie, même si l’analyse et la consolidation de ces informations exigeront la mise en place de processus dédiés.
Si les directions financières appréhendent pleinement ce rôle, alors le coup par la bande des régulateurs européens sera couronné de succès. Une chose, en tous cas, est sûre : cela prendra plusieurs années pour que la règlementation se stabilise et que l’effet se fasse sentir sur le marché dans son ensemble. Une autre chose est sûre : les entreprises doivent, aux côtés des financiers, se mettre dès maintenant à ingérer cette taxonomie pour éviter de défaire et refaire leurs travaux engagés sur la durabilité, mais surtout pour avoir un temps d’avance sur la concurrence.
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