Le Forum Mondial Convergences 2024 s’est tenu le mardi 17 septembre au CENTQUATRE-PARIS, rassemblant des milliers de participants et professionnels engagés dans la quête d’un avenir plus durable et solidaire et de la finance à impact. Pour cette édition, le forum a proposé plus de 35 conférences et animations, avec pour objectif d’élaborer des solutions aux enjeux sociaux, économiques et environnementaux majeurs de notre époque. Retour sur cet événement de référence qui, depuis 16 ans, catalyse l’innovation et l’engagement autour des Objectifs de Développement Durable (ODD).
Le Forum Mondial Convergences revient pour sa 16ème édition le 17 septembre 2024 au CENTQUATRE-PARIS. Parmi les temps forts de l’événement, une table ronde rassemblera plusieurs experts pour discuter du thème crucial : La finance à impact social, levier d’une transition juste et inclusive.
Table ronde : La finance à impact social
La session s’est tenue 10h00 à 11h20, abordera plusieurs questions centrales pour l’avenir de la finance à impact, notamment :
- Comment intégrer les risques sociopolitiques en inclusion financière ?
- ESS et financement en France : pourquoi est-il si difficile de trouver des fonds ?
- Comment s’assurer que la performance sociale soit au cœur de toute activité de financement ?
- Informer et engager les investisseurs à impact dans les secteurs clés.
Cette table ronde réunira des personnalités clés du secteur de la finance à impact et de l’économie sociale et solidaire (ESS) pour partager leurs expériences et initiatives.
- Accélérateur ESS d’HEC et de la Région Île de France – Daniel Spitezki
- Fondation Grameen Crédit Agricole – Edouard Sers
- Ring Capital – Nicolas Celier
- BNP Paribas – Maha Keramane
- Tameo – Ramkumar Narayanan
- Strateggyz / Green Finance – Bruno Boggiani
L’importance d’une vision long terme en finance à impact
La création de valeur par l’impact durable
Les experts présents à la conférence ont mis en avant l’importance de s’écarter des stratégies d’investissement à court terme, souvent focalisées sur des rendements rapides ou des “bulles” spéculatives, comme le bitcoin ou les start-ups de la tech. La finance à impact promeut au contraire une vision de long terme, qui prend en compte la réduction des risques à travers des investissements durables.
L’un des intervenants a souligné que le financement à long terme souffre actuellement d’une réglementation coûteuse et pénalisante pour les banques, ce qui freine souvent les investissements d’impact. En effet, plus un financement est long, plus son coût augmente, ce qui décourage la patience financière nécessaire aux entreprises cherchant à maximiser leur impact social. Il est donc crucial de revoir cette réglementation pour permettre aux investisseurs de valoriser le potentiel de la “patience capitalistique”, en évitant les prises de risques excessives liées aux rendements rapides.
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Les défis de la gouvernance et de la gestion d’impact
La gouvernance a également été citée comme un facteur central de réussite dans les entreprises d’impact. Les fondateurs de start-ups sociales et environnementales sont souvent émotionnellement impliqués dans leurs projets, avec une histoire personnelle qui motive leur engagement. Cependant, pour atteindre une croissance durable, il est essentiel qu’ils délèguent certaines responsabilités et s’entourent de professionnels expérimentés, notamment pour gérer l’expansion de leur entreprise.
Par ailleurs, la mesure d’impact est indispensable pour assurer un pilotage précis de la rentabilité et de l’impact social. Les entreprises d’impact doivent utiliser ces données comme outil stratégique, et non seulement comme un élément de communication destiné aux investisseurs ou aux partenaires.
ESS et Financement en France : Pourquoi est-il si Difficile de Trouver des Fonds ?
Les freins réglementaires et l’accessibilité limitée au financement
Le financement de l’ESS en France reste un défi majeur, en raison de la difficulté pour les entreprises sociales d’obtenir des capitaux. Les intervenants ont pointé du doigt les obstacles réglementaires qui, bien qu’ils visent à garantir des investissements transparents, deviennent parfois des freins pour le développement des entreprises d’impact. Le cadre réglementaire actuel impose des exigences de reporting élevées, mais souvent floues, et rend difficile la comparaison des performances sociales entre différents produits financiers.
L’importance de la cohérence pour les start-ups d’impact
Dans le secteur de l’ESS, les start-ups sont souvent confrontées à un niveau d’exigence plus élevé que les entreprises traditionnelles. En effet, elles se doivent d’être cohérentes avec leurs valeurs sociales, en respectant par exemple leurs employés et en évitant des pratiques contraires à leurs objectifs d’impact. La gouvernance et la transparence sont des éléments clés pour les start-ups de l’ESS, qui doivent faire preuve d’une cohérence irréprochable pour préserver leur crédibilité et attirer les financements nécessaires.
Comment s’assurer que la performance sociale soit au cœur de toute activité de financement ?
La mesure d’impact comme pilier de pilotage stratégique
Un point crucial soulevé lors de la conférence était l’importance de maintenir la performance sociale au centre de toute activité de financement, sans sacrifier l’impact social pour des raisons de rentabilité. La mesure d’impact social n’est pas seulement une pratique de reporting, mais un véritable levier de gestion pour garantir que les objectifs financiers et sociaux soient équilibrés et alignés.
Les entreprises doivent donc surveiller attentivement leurs indicateurs sociaux et environnementaux, en veillant à ce que leur modèle d’affaires reste aligné avec les principes d’impact social.
Les start-ups tech et l’impact social
Les nouvelles technologies, notamment le digital, représentent un outil puissant pour l’inclusion financière, en permettant par exemple d’atteindre des populations isolées avec des services de base. Cependant, il est crucial que l’innovation technologique soit associée à un impact social clair, et que l’inclusion des populations fragiles reste une priorité.
Intégrer les risques sociopolitiques en Afrique francophone
Un potentiel de croissance exceptionnel pour l’Afrique francophone
La conférence a mis en lumière le potentiel énorme de l’Afrique francophone, souvent sous-exploitée par les investisseurs internationaux. Avec une vitalité entrepreneuriale et une croissance rapide, le continent attire aujourd’hui de nombreux investisseurs issus de la diaspora. Toutefois, les investisseurs anglo-saxons restent réticents, en raison de la barrière linguistique et des perceptions de risques sociopolitiques.
L’impact local des start-ups africaines et l’accompagnement nécessaire
Le continent africain abrite des start-ups à impact qui répondent aux besoins fondamentaux des populations locales. Par exemple, une entreprise innovante permet aux restaurateurs d’acheter des produits directement auprès des producteurs locaux, transformant ainsi la vie des petites entrepreneuses en simplifiant l’accès aux matières premières. L’accompagnement des start-ups africaines par des partenaires locaux et des fonds dédiés à l’Afrique francophone reste essentiel pour soutenir leur croissance.
Les défis du cadre réglementaire : clarification et adaptation
Un cadre réglementaire ambigu et un risque de greenwashing
Le cadre réglementaire actuel de la finance à impact, bien qu’essentiel, reste flou et difficile à interpréter. En l’absence de règles claires et uniformes, certains acteurs financiers peuvent prétendre à tort répondre aux exigences d’impact social, ce qui alimente le risque de “greenwashing”. Pour garantir la transparence et l’efficacité des investissements à impact, il est essentiel de clarifier les exigences en matière de reporting et de fournir des outils permettant de comparer les produits de manière fiable.
Les attentes des investisseurs face à la régulation
Les investisseurs rencontrent des difficultés pour se conformer aux réglementations et fournir les informations requises. Dans un cadre souvent complexe, il peut être difficile de rapporter des données d’impact social, ce qui freine l’adoption massive de la finance à impact. Pour certains acteurs, le cadre réglementaire actuel devient un obstacle, et il est donc primordial d’améliorer la transparence et la cohérence des règles afin de favoriser l’investissement dans les entreprises d’impact social.
Un engagement croissant mais des obstacles à surmonter
La conférence de septembre a permis de mettre en lumière des perspectives encourageantes pour la finance à impact, mais a également révélé de nombreux défis. Les experts s’accordent à dire que la finance durable, en France comme en Afrique francophone, est en pleine croissance, bien que confrontée à des obstacles réglementaires, financiers et structurels. L’enjeu est de taille : réformer la réglementation, assurer un financement accessible aux entreprises sociales, et soutenir une gouvernance et une mesure d’impact solides pour créer un impact durable.
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