Global Outlook 2026 : le grand recalibrage économique, monétaire et stratégique mondial

Global Outlook 2026

À l’horizon 2026, l’économie mondiale entre dans une phase de profond recalibrage. Commerce international, domination du dollar, déficits publics, stratégies d’investissement et transition énergétique sous l’effet de l’intelligence artificielle : tous les équilibres sont en train d’évoluer. Cet article propose une lecture structurée de ces transformations majeures, en analysant les dynamiques de globalisation, les mutations monétaires, les choix budgétaires des États et les perspectives d’investissement qui redessinent le paysage économique mondial.

Un monde en accélération : pourquoi un recalibrage global devient indispensable

Lorsque le Global Outlook 2025 évoquait « un monde en transformation », les signaux de changement étaient déjà visibles. Mais la rapidité et l’ampleur des mutations observées depuis ont dépassé toutes les anticipations. À l’aube de 2026, une certitude s’impose : les anciens équilibres ne suffisent plus.

Les banques centrales doivent revoir leurs politiques monétaires, les gouvernements faire face à des déficits structurels, les entreprises ajuster leurs stratégies d’investissement, tandis que les systèmes énergétiques doivent absorber les besoins croissants liés à l’intelligence artificielle et aux impératifs de durabilité. Dans ce contexte mouvant, les gestionnaires de patrimoine et les investisseurs sont appelés à recalibrer leurs allocations d’actifs pour rester alignés avec la nouvelle réalité économique mondiale.

Déglobalisation ou nouvelle globalisation sans les États-Unis ?

Un commerce mondial en mutation plutôt qu’en déclin

Ces dernières années, le commerce international a marqué un palier. Perturbations des chaînes d’approvisionnement, tensions géopolitiques et politiques protectionnistes américaines, notamment via les droits de douane, ont freiné sa dynamique. Pourtant, selon l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le commerce mondial devrait progresser de 2,4 % en 2025, après 2,8 % en 2024, avant de ralentir nettement à 0,5 % en 2026, dans un contexte d’incertitude commerciale qualifiée de « sans précédent ».

Ces chiffres peuvent sembler contradictoires avec le discours dominant sur la déglobalisation. En réalité, il ne s’agit pas d’un recul du commerce mondial, mais d’un recalibrage profond de ses moteurs et de ses zones d’influence.

L’Asie et l’IA comme nouveaux piliers de la mondialisation

Les investissements massifs dans l’intelligence artificielle soutiennent les échanges internationaux, avec une Asie en position de leader. La Corée du Sud, Taïwan et la Chine renforcent leur rôle stratégique dans cette nouvelle phase de mondialisation technologique, tandis que les États-Unis composent avec des restrictions à l’exportation et une politique de relocalisation industrielle.

En cherchant à réduire leur déficit commercial par le rapatriement de la production, les États-Unis laissent émerger une globalisation alternative, moins centrée sur leur économie. La Chine, de son côté, accélère la signature d’accords commerciaux et de partenariats d’investissement en Afrique, en Amérique latine et en Asie. Ces régions représentent aujourd’hui 85 % de la population mondiale, illustrant l’ampleur du basculement en cours.

Dé-dollarisation ou émergence d’un nouvel ordre monétaire ?

Le dollar remis en question après des décennies de domination

« Celui qui contrôle la monnaie contrôle le monde. » Cette citation attribuée à Henry Kissinger résume des décennies de suprématie du dollar. Pendant longtemps, les investisseurs internationaux ont financé les déficits américains sans réellement se soucier du risque de change. L’année 2025 marque toutefois un tournant.

Sans prôner explicitement l’affaiblissement du dollar, l’administration américaine appelle à une révision des équilibres de change, dénonçant certaines pratiques jugées anticoncurrentielles. Paradoxalement, les pays qui financent la dette américaine réalisent désormais qu’ils détiennent une surabondance de dollars, ce qui fragilise leur exposition.

Trois tendances clés qui redessinent la scène monétaire mondiale

Plusieurs dynamiques structurantes émergent et pourraient définir la prochaine décennie.

D’abord, les banques centrales diversifient leurs réserves. L’année 2025 marque la quatrième année consécutive d’achats massifs d’or, signal clair d’une volonté de réduire la dépendance au billet vert.

Ensuite, la montée en puissance du renminbi s’accélère. La Chine multiplie les accords commerciaux bilatéraux et les partenariats financiers pour positionner sa monnaie comme une alternative crédible. Le cas du Kenya, qui envisage une émission de dette en renminbi afin de réduire significativement ses coûts d’emprunt, pourrait inspirer d’autres économies émergentes.

Enfin, les investisseurs ajustent leurs portefeuilles. La hausse marquée des couvertures de change traduit une prise de conscience du risque lié à un possible affaiblissement du dollar. Si les actifs américains restent attractifs, l’approche devient plus prudente et plus équilibrée, une tendance appelée à s’amplifier en 2026.

Déficits publics ou investissements stratégiques ?

La dérive des finances publiques dans les économies développées

Les déficits budgétaires constituent l’un des défis majeurs des économies avancées. Aux États-Unis, le Congressional Budget Office estime que la dette totale pourrait atteindre 53 000 milliards de dollars d’ici 2035. Les droits de douane sont parfois présentés comme une réponse partielle, avec des recettes potentielles estimées à 2 400 milliards de dollars sur dix ans selon le Budget Lab de Yale, mais cette solution reste temporaire et incertaine.

L’exemple allemand : investir pour préparer l’avenir

À l’inverse, l’Allemagne adopte une approche résolument stratégique. Le pays prévoit 1 000 milliards d’euros d’investissements sur la prochaine décennie, orientés vers les infrastructures, les technologies et l’autonomie stratégique européenne. Plutôt que de focaliser le débat sur les déficits, cette politique budgétaire vise à soutenir une croissance durable et à renforcer la souveraineté économique du continent.

Une recomposition des marchés de capitaux

Les marchés financiers reflètent eux aussi ce recalibrage. L’émission d’« obligations Yankee » — dette en dollars émise par des entreprises non américaines — ralentit, tandis que la « dette Yankee inversée », libellée en euros par des entreprises américaines, progresse. Cette évolution ouvre une fenêtre d’opportunité pour l’Europe, appelée à jouer un rôle plus central sur les marchés de capitaux mondiaux.

Les investissements publics à long terme agissent comme un levier, attirant les capitaux privés et créant un cercle vertueux entre dépenses stratégiques, innovation et croissance économique.

Perspectives 2026 : naviguer dans un monde recalibré

Les analyses détaillées de Jérôme van der Bruggen, Chief Market Strategist, apportent un éclairage complémentaire sur les messages clés pour 2026. La nouvelle rubrique « Les 10 surprises pour 2026 » propose également des scénarios de chocs potentiels, positifs ou négatifs, et leurs conséquences sur les stratégies d’investissement.

Cette édition du Global Outlook 2026 a été pensée comme un outil d’aide à la décision. Aujourd’hui le monde est en pleine recomposition, elle vise donc à accompagner investisseurs et décideurs dans le recalibrage de leurs perspectives et la construction de portefeuilles adaptés à un environnement économique complexe, instable, mais riche en opportunités.

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