L’Investissement Responsable est devenu, avec le temps, incontournable dans l’industrie de la gestion d’actifs et d’importantes ressources y sont consacrées. Parmi les différents instruments et approches constitutifs de l’Investissement Responsable, l’Actionnariat Actif est de plus en plus exploré par les gestionnaires de portefeuille.
L’actionnariat actif se caractérise par l’utilisation des droits de vote aux assemblées et par les prises de position de l’actionnaire, pour influencer les activités ou les décisions des entreprises dans lesquelles il investit. Une meilleure gestion des risques et des opportunités liés au développement durable est essentielle pour créer des rendements responsables au sein des portefeuilles d’actifs. Le vote actionnarial est un outil efficace pour influencer les entreprises dans la bonne direction, celle de la progression en matière d’initiatives ESG. En retour, une gouvernance d’entreprise saine contribue à la valeur actionnariale et favorise une meilleure rentabilité de l’investissement en actions.
Trois formes d’engagement actionnarial complémentaires
Plus précisément, il est utile de caractériser l’engagement actionnarial et son impact selon trois grandes catégories. Tout d’abord, une première approche de l’engagement peut être définie selon ses normes et incidents : il s’agit ainsi pour l’actionnaire de ne pas s’engager auprès d’entreprises qui enfreignent les normes, les conventions internationales ou bien auprès de celles qui rencontrent des incidents liés aux critères ESG. L’enjeu pour l’actionnaire est d’identifier efficacement ces incidents. Puis de contacter les directions d’entreprises pour comprendre le contexte dans lequel ces incidents se sont produits et les mesures qui ont été prises en conséquence. L’actionnaire peut ensuite examiner s’il doit mener une action pour inciter au changement, défendre ses intérêts en influençant la direction. Cette initiative peut être collaborative en incluant d’autres investisseurs animés par les mêmes intérêts.
L’engagement guidé par l’investissement constitue une deuxième catégorie. Il s’agit de conditionner l’investissement (ou le renforcement de l’investissement) à la mise en place d’un programme d’amélioration par l’entreprise, concernant des enjeux ESG identifiés. Par exemple, des risques ESG émergents qui, selon l’actionnaire, ne sont pas correctement adressés. En tant qu’actionnaire, le gérant de portefeuille peut fixer des objectifs à l’entreprise et demander un rapport sur les progrès réalisés. Le « dossier » peut être clôturé, une fois obtenue la garantie que les changements nécessaires sont opérés par la direction d’entreprise.
Enfin, citons l’engagement thématique : il repose sur la défense de thèmes spécifiques auprès des directions d’entreprises, dont les enjeux et risques les plus remarquables sont le climat, les Droits de l’Homme, la bonne gouvernance, l’accès et la gestion de l’eau ou, encore, la préservation de la biodiversité. Pour chaque thème, le gérant de portefeuille a la possibilité de fixer des actions à mener en priorité. A titre d’exemples, il s’agira d’influencer la gestion de l’exposition au risque climatique par l’entreprise et d’obtenir la garantie d’un alignement avec l’accord de Paris sur le Climat. Concernant la bonne gouvernance, l’un des enjeux est d’inciter l’entreprise à améliorer ses résultats et sa compétitivité grâce à la diversité et à l’inclusion.
Les gestionnaires d’actifs ont ainsi un rôle et une responsabilité actionnariaux à jouer auprès des entreprises pour les accompagner dans leur transition. Pour qu’il soit pleinement efficace, cet engagement doit être construit sur une base partenariale et sur des discussions permanentes avec les directions d’entreprises.