Volonté de s’exposer aux actions tout en se protégeant contre une correction, diversification des actifs, stratégies asymétriques – les émissions d’obligations convertibles (OC) assorties de coupons à 0% remportent un franc succès en raison de leur convexité. Dans le sillage de l’assouplissement quantitatif, ces titres hybrides – à mi-chemin entre les obligations et les actions – offrent des rendements négatifs dans le cas où la conversion de l’obligation en actions n’a pas lieu. Une rémunération a priori bien insuffisante au regard de leur rang de subordination inférieur. «Elles ne sont pas pour autant inintéressantes, car leur performance est liée à l’évolution de l’action sous-jacente», estime Marc Basselier, responsable de la gestion Obligations convertibles à l’UBP.
Un univers plus diversifié
La tendance de fond des rachats d’actions propres par les entreprises a marqué l’année passée. Inversement, le marché primaire mondial des OC, dont les émissions ont atteint 85 milliards de dollars, est en effervescence:
«2019 a été une très bonne année pour le marché américain avec 60 milliards de dollars de nouvelles émissions, et une des meilleures années depuis 2001 en Europe après le rattrapage du second semestre»
commente Marc Basselier. D’ailleurs, certaines de ces émissions auraient financé des rachats d’actions propres «pour des raisons d’optimisation des bilans», précise-t-il.
Depuis quatre ans, certains secteurs non représentés jusqu’ici – comme la distribution alimentaire «take away», les softwares ou les semi-conducteurs, ainsi que des sociétés de croissance – sont venus s’ajouter à l’univers d’investissement. L’on a même vu des émissions d’OC vertes telles que celles de NeoN, une jeune société qui produit des éoliennes: «Sa première émission au deuxième trimestre a bien démarré, avec une petite souche», ajoute Marc Basselier.
Sélectivité dans le choix des titres
Avec des primes de conversion largement supérieures à 20%, les OC sont-elles toujours pertinentes à l’heure où les actions atteignent des sommets historiques? «La durée de vie des OC est de cinq à sept ans, ce qui procure des primes totalement correctes», explique Marc Basselier. Selon le spécialiste, d’autres critères comme la sensibilité des OC aux actions et leur protection contre une correction des marchés méritent davantage d’attention. «Dans l’univers européen, l’exposition aux actions est de 40% pour un plancher obligataire de 12% inférieur. Des expositions tout aussi attractives se retrouvent également dans le luxe, avec la dernière émission en LVMH, de maturité 2022, qui affiche une prime de conversion de 20% environ.»
Une analyse menée par UBP