Le capital-investissement confirme son rôle clé dans le financement des cleantech en France

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Au premier semestre 2025, les investissements dans les technologies propres (cleantech) en France connaissent un rebond marqué, portés par l’engagement soutenu des acteurs du capital-investissement. Selon le dernier baromètre publié par France Invest en collaboration avec GreenUnivers et EY, le secteur attire 1,3 milliard d’euros à travers 70 levées de fonds, soit une hausse de 26 % par rapport au semestre précédent. Cette dynamique illustre la place centrale qu’occupent les investisseurs privés dans l’accompagnement de la transition écologique et énergétique.

Une reprise après deux semestres de ralentissement

Après une période de baisse des montants investis, le marché français des cleantech retrouve une trajectoire ascendante. Les 70 opérations recensées traduisent une stabilité en nombre par rapport à la fin de l’année 2024, mais un net regain en valeur. Cette tendance s’explique par la confiance renouvelée des investisseurs dans des filières jugées stratégiques, malgré un contexte économique et géopolitique incertain. La France se distingue ainsi par sa capacité à mobiliser des capitaux privés pour accélérer l’émergence et la consolidation de solutions bas carbone.

Les énergies renouvelables, moteur du secteur

Les énergies renouvelables concentrent la plus grande part des financements, avec 14 opérations pour un total de 528 millions d’euros, soit plus de 40 % des montants levés. Les projets solaires, éoliens et de biogaz continuent de séduire les investisseurs, attirés par leur potentiel de croissance et leur rôle essentiel dans l’atteinte des objectifs de neutralité carbone. Parmi les levées marquantes, Solveo Energies a obtenu 98 millions d’euros pour renforcer sa production d’électricité verte, tandis que CVE Biogaz a levé 70 millions d’euros pour accroître ses capacités de biométhane.

Une diversification sectorielle en plein essor

Si les renouvelables dominent, d’autres filières affichent également une progression notable. L’efficacité énergétique a levé plus de 220 millions d’euros, avec un projet phare porté par Powesco, spécialiste de la rénovation dans le tertiaire, qui a réuni 150 millions d’euros. L’économie circulaire attire elle aussi l’attention avec 14 opérations et 80,8 millions d’euros levés, preuve que la valorisation des déchets et l’optimisation des ressources gagnent en maturité. De leur côté, l’hydrogène (90,8 millions d’euros) et le nucléaire (49 millions d’euros) s’imposent comme des secteurs stratégiques, témoignant d’une volonté d’investir dans des solutions variées pour diversifier le mix énergétique.

L’innovation et les premiers tours de table toujours dynamiques

Les projets en phase de lancement continuent de bénéficier d’un soutien significatif. Les premiers tours de table et le capital-innovation représentent 56 opérations pour un montant total de 493 millions d’euros. Cette vitalité montre que les investisseurs ne se limitent pas aux acteurs déjà établis mais misent également sur des jeunes entreprises à fort potentiel, capables de proposer des innovations de rupture dans la transition écologique. Toutefois, la majorité des capitaux se concentre sur les phases de développement, reflétant une volonté de consolider les champions existants et d’accompagner leur passage à l’échelle industrielle.

Des freins persistants à surmonter

Malgré cette dynamique positive, plusieurs obstacles demeurent. L’incertitude géopolitique et les tensions économiques peuvent freiner les décisions d’investissement, en particulier dans les projets les plus capitalistiques. Le manque de compétences spécialisées dans les métiers techniques de la transition verte constitue également un défi majeur. Enfin, les disparités territoriales persistent : certaines régions concentrent l’essentiel des projets grâce à des écosystèmes déjà structurés, tandis que d’autres peinent à capter ces flux d’investissements.

Un enjeu de structuration pour transformer l’élan en leadership

Le premier semestre 2025 confirme la vitalité des cleantech françaises, portée par des capitaux privés en quête d’opportunités durables. Toutefois, pour transformer cette dynamique en leadership européen et mondial, il sera nécessaire de consolider les filières industrielles, de développer massivement les compétences et d’assurer une répartition équilibrée des investissements sur le territoire. Si ces conditions sont réunies, la France pourra non seulement accélérer sa transition écologique, mais aussi s’imposer comme une puissance industrielle de référence dans l’économie bas carbone.

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