
En 2024, le capital-investissement français continue de démontrer sa résilience malgré un environnement économique et géopolitique incertain. Bien que les défis soient nombreux, les indicateurs de l’activité dans ce secteur sont globalement positifs, avec une forte progression des investissements, des levées de fonds, et des cessions. Ce phénomène témoigne d’une confiance retrouvée des investisseurs, notamment en réponse à la montée des tensions géopolitiques et à la hausse des taux d’intérêt. Cet article explore les tendances marquantes du capital-investissement en 2024, les secteurs en plein essor, et les perspectives pour l’avenir.
Le capital-investissement français évolue
Le capital-investissement français évolue dans un contexte mondial en perpétuelle mutation, marqué par des incertitudes économiques et géopolitiques croissantes. Les fluctuations des marchés financiers, les tensions commerciales entre grandes puissances et l’évolution des politiques monétaires redessinent les dynamiques d’investissement et influencent directement les décisions stratégiques des acteurs du private equity.
Dans ce paysage incertain, la France se distingue par une résilience notable et une capacité d’adaptation qui en font un marché attractif. Les récentes annonces en matière de relance budgétaire et de renforcement des infrastructures, notamment dans les secteurs de la transition énergétique et de la défense, ouvrent de nouvelles perspectives pour les investisseurs. Cependant, ces opportunités s’accompagnent de défis, notamment en matière de réglementation et de financement, qui nécessitent une approche plus agile et diversifiée.
Quel impact la nouvelle donne économique transatlantique aura-t-elle sur les flux d’investissement ? L’Europe peut-elle tirer parti des tensions américaines pour renforcer son attractivité et son autonomie financière ? Autant de questions cruciales auxquelles nous tenterons d’apporter des éléments de réponse.
Une dynamique capital-investissement solide malgré les turbulences économiques
L’année 2024 marque une évolution notable du capital-investissement en France, avec 36,9 milliards d’euros investis, soit une augmentation de 13 % par rapport à 2023. Ce montant a été réparti entre 2 883 entreprises et projets d’infrastructure, reflétant une diversité d’opportunités pour les investisseurs. Cette hausse est portée par une reprise généralisée des investissements, avec une attention particulière portée aux grandes opérations. Le secteur industriel reste dominant, capturant 26 % des investissements totaux, suivie par une activité soutenue dans les projets d’infrastructure, en particulier dans les énergies renouvelables.
L’infrastructure, en particulier, voit une légère progression, avec 10,9 milliards d’euros investis dans 189 projets. Les énergies renouvelables se distinguent particulièrement, attirant 4,3 milliards d’euros pour 120 projets, confirmant la place croissante des investissements verts dans le portefeuille des investisseurs. Cette tendance vers des projets plus durables s’inscrit dans une dynamique mondiale où la transition énergétique devient un enjeu majeur pour les acteurs économiques.
Les levées de fonds capital-investissement : une attractivité renforcée malgré les obstacles
Malgré un climat économique mondial incertain, marqué par des tensions géopolitiques et des défis macroéconomiques, les levées de fonds en capital-investissement connaissent une progression notable. En 2024, les levées ont atteint 38,9 milliards d’euros, soit une augmentation de 9 % par rapport à l’année précédente. Cette hausse s’explique en grande partie par un retour des investisseurs institutionnels, qui semblent avoir retrouvé leur confiance après une année 2023 marquée par des tensions liées à la remontée des taux d’intérêt.
Les levées de fonds importantes, comprises entre 100 millions d’euros et 1 milliard d’euros, ont particulièrement contribué à cette progression. Ces fonds sont principalement dirigés vers des projets à fort potentiel, notamment dans les secteurs technologiques, industriels et d’infrastructure. En outre, la diversification des investisseurs est un point clé de cette dynamique. Si une part significative des fonds provient d’investisseurs étrangers, notamment européens (36 %), une partie non négligeable des souscriptions provient également des entrepreneurs et des family offices français. Cette attractivité internationale témoigne de l’expertise du capital-investissement français et de son rôle stratégique pour l’économie nationale.
Le marché des cessions : une reprise timide mais encourageante pour le capital-investissement
Bien que les cessions aient enregistré une hausse de 42 % par rapport à 2023, atteignant 12,8 milliards d’euros pour 1 315 opérations, le marché des sorties reste inférieur aux attentes. Cette augmentation des cessions en valeur, surtout portée par les grandes opérations, est un signe positif. Toutefois, la stabilité du nombre d’entreprises cédées montre que les investisseurs privilégient la poursuite de la croissance des entreprises en portefeuille plutôt que de céder à la pression de liquidités.
La tendance à prolonger les durées de détention des participations explique en grande partie cette situation. Les acteurs du capital-investissement choisissent de maintenir leur engagement pour accompagner les entreprises dans des phases de croissance longues et complexes, plutôt que de procéder à des cessions rapides. Néanmoins, le second semestre 2024 a montré une dynamique plus favorable, les conditions de financement pour les entreprises ayant nettement progressé.
Perspectives et défis pour 2025 : Maintenir la dynamique en période d’incertitude
L’année 2024 a permis d’affirmer la résilience du capital-investissement en France, mais plusieurs défis demeurent pour l’avenir. L’incertitude géopolitique, notamment les tensions commerciales entre les États-Unis et l’Europe, ainsi que les implications des évolutions macroéconomiques, continuent de peser sur la confiance des investisseurs. En particulier, l’évolution des droits de douane et la question du rôle international du dollar américain alimentent une part importante de cette incertitude.
Pour 2025, le secteur du capital-investissement devra s’adapter à ces nouveaux enjeux. Le besoin d’innovation, la réindustrialisation européenne, et la souveraineté nationale, notamment dans les secteurs stratégiques comme la défense et l’énergie, devront être soutenus par des investissements accrus. La capacité du capital-investissement à répondre à ces défis sera cruciale pour maintenir son dynamisme. Les tendances en matière de cessions, ainsi que les évolutions des levées de fonds, joueront un rôle central dans la poursuite de cette dynamique.
Un secteur plus solide que jamais, mais sous surveillance
En somme, 2024 s’avère être une année favorable pour le capital-investissement français malgré un contexte international incertain. Les investissements ont progressé de manière significative, soutenus par une reprise dans des secteurs clés comme l’industrie et les infrastructures, tandis que les levées de fonds continuent de refléter l’attractivité de ce marché. Les cessions, bien que moins nombreuses, montrent des signes de reprise, avec un certain optimisme quant à l’évolution des conditions économiques dans le second semestre.
Si des défis subsistent, notamment en raison des évolutions géopolitiques et économiques mondiales, le capital-investissement semble prêt à relever ces défis. L’orientation stratégique vers l’innovation et les secteurs sensibles à la souveraineté nationale, comme la défense et les infrastructures critiques, pourrait renforcer la position de la France sur la scène internationale. Dans ce contexte, le secteur du capital-investissement pourrait bien devenir un levier essentiel pour naviguer à travers les incertitudes des années à venir.
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