Partout dans le monde, les thèmes du développement durable et de l’environnement sont à l’honneur. La « Global Climate Strike » qui a lieu la semaine dernière, la rencontre de la jeune militante écologiste Greta Thunberg avec des politiciens américains et le nouvel “accord sur le climat” allemand de 54 milliards d’USD pour réduire de moitié les émissions de CO2 d’ici 2030 ont fait la une des journaux mondiaux. Les investisseurs se tournent eux aussi vers les solutions d’investissement ESG : 93 % des personnes interrogées dans le cadre de l’étude Future 2024 de Create Research et BNY Mellon Investment Management considèrent le changement climatique comme un “risque” d’investissement qui n’a pas encore été pris en compte par les principaux marchés financiers.
Scott Freedman, Gérant obligataire chez Newton Investment Management (BNY Mellon Investment Management), analyse les défis auxquels sont confrontés les investisseurs ESG sur le marché obligataire.
« Il est de plus en plus évident que les enjeux ESG ont un impact sur la qualité du crédit et les rendements obligataires, ce qui exerce une pression nécessaire sur les investisseurs. Malgré la croissance exponentielle du marché des obligations vertes, en hausse de 48 % au premier semestre 2019 par rapport à 2018, la taille du marché des obligations vertes ne représente aujourd’hui qu’une infime fraction des marchés mondiaux.
Ce qui a commencé avec les obligations vertes s’est maintenant étendu aux obligations sociales, aux obligations durables (couvrant à la fois les facteurs environnementaux et sociaux) et même aux obligations bleues (axés sur la préservation des océans et des côtes). L’importante prise de conscience autour du changement climatique à l’échelle mondiale signifie que les obligations vertes continueront probablement d’attirer la plus grande part du capital des marchés obligataires durables.
Les investisseurs désireux de réduire leur exposition aux risques liés au changement climatique devront se méfier de « l’écoblanchiment ». Les investisseurs doivent évaluer soigneusement les points faibles des obligations vertes. Les investisseurs obligataires ont besoin de standardisation pour pouvoir comparer les obligations vertes les unes aux autres et les émetteurs doivent respecter les normes du marché en matière de transparence, d’information et d’impact. Il est important d’examiner le marché des obligations vertes de façon exhaustive afin d’évaluer correctement les opportunités d’investissement.
Une analyse de crédit détaillée et « ascendante » est essentielle pour les obligations vertes comme pour les obligations non vertes, et elle est souvent un moteur clé du rendement. Les obligations vertes ne sont pas sans risques et les investisseurs ont déjà vu certaines obligations vertes faire défaut. La gestion active permet aux investisseurs d’examiner attentivement les obligations qui sont étiquetées “vertes”. Lorsqu’ils examinent les détails, les investisseurs peuvent même envisager d’investir dans des obligations qui ne sont pas qualifiées d’écologiques, mais plutôt dans des obligations fournies par un émetteur responsable et dont le produit a d’autres retombées positives du point de vue environnemental.
Actuellement, comme une proportion importante des obligations vertes ont été émises par des banques, des entités gouvernementales/supranationales et des collectivités, il existe des émissions pour les investisseurs qui cherchent à répartir leurs risques. C’est également un problème sur le marché des obligations sociales aujourd’hui, la majorité des émetteurs étant liés au gouvernement.
Ceci dit, l’ICMA (International Capital Market Association) a publié une cartographie des obligations vertes et sociales avec les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies, suggérant que nous pourrions voir une augmentation de celles-ci à long terme. Compte tenu du soutien apporté aux activités qui s’alignent sur les ODD, les investisseurs pourraient s’attendre à une augmentation de l’offre.
Ces nouvelles opportunités seront bien accueillies par les investisseurs qui sont actuellement confrontés à un contexte d’essoufflement de la croissance mondiale, de faible inflation et de resserrement des liquidités en dollars. »