La lutte contre la pollution due au plastique a rapidement pris de l’ampleur ces dernières années. Avec la pandémie de coronavirus, les entreprises devront renouveler leurs engagements. Nous avons cherché à identifier les gagnants et les perdants de la guerre contre le plastique.
La lutte contre la pollution due au plastique a rapidement pris de l’ampleur ces dernières années.
Notre rapport de 2018, intitulé « Élimination progressive du plastique : exposition de la chaîne de valeur », analysait les enjeux liés à l’utilisation de sacs, de microbilles et de pailles en plastique dans les différents secteurs d’activité. Nous en avions conclu qu’il ne s’agissait pas seulement d’une préoccupation d’ordre public, mais également que cela représentait une opportunité pour les entreprises avant-gardistes et menaçait la rentabilité de certaines autres.
L’urgence liée à la crise du Covid-19 a freiné, au moins temporairement, les efforts déployés dans ce domaine, tant du point de vue de la priorité que les entreprises y accordent que pour des raisons d’hygiène.
Néanmoins, à long terme, l’instauration d’une économie circulaire en matière de plastique est inévitable. On ne pourra plus se contenter de produire, utiliser et jeter du plastique ; il faudra éliminer le plastique superflu, développer des produits innovants et recycler les produits.
Nous avons identifié 60 nouvelles réglementations visant à remédier au problème du plastique jetable. Nous avons ensuite échangé avec plus de 100 entreprises au sujet de leurs engagements et des actions entreprises dans le cadre de cette réglementation plus stricte.
Nous pensons que le retour en arrière qui a récemment eu lieu par rapport aux progrès réalisés est provisoire. Comme le montre notre dernier rapport, intitulé « Forging a new future for problematic plastic: are companies prepared? », les entreprises doivent de toute urgence mettre l’accent sur la transparence et renforcer leurs ambitions et leurs actions.
Le coronavirus a augmenté la demande d’« emballages flexibles »
L’entreprise Wood Mackenzie, spécialisée dans l’intelligence de marché, avait prédit que la demande d’« emballages flexibles » de la part des consommateurs augmenterait de 5 % en Europe cette année, et ce, malgré un recul en deçà de 1,5 % l’an dernier (cf. graphique ci-dessous).
Les « emballages flexibles » sont généralement des articles en plastique à usage unique comme les sachets, les sacs poubelle et les films plastiques, bien qu’ils soient également constitués de papier, d’aluminium et de matériaux combinés.
Avec les mesures de confinement, acheter des produits exempts de plastique est devenu encore plus difficile et les détaillants ont interdit les tasses à café réutilisables pour éviter toute contamination. Le prix du plastique vierge s’est également effondré dans le sillage des cours pétroliers, ce qui le rend plus attrayant.
Avec la fermeture des cafés, des fast foods et des restaurants, les consommateurs dépendent davantage des supermarchés et autres épiceries, un secteur où 37 % des emballages sont en plastique à usage unique, d’après le rapport d’EY intitulé « Unwrapping the Packaging Industry ».
L’intérêt offert par le plastique en matière de protection et d’hygiène durant la pandémie a dopé la consommation sur les marchés développés comme l’Europe et les États-Unis.
Taux de croissance annuel de la consommation d’emballages flexibles, en Europe et aux Etats-Unis
Source : Wood Mackenzie Chemicals.
Les progrès réalisés ont été freinés, mais la suppression complète des engagements liés à la consommation de plastique est peu probable
Dans l’ensemble, les mesures prises face à la crise portent sur trois thèmes :
- l’élimination des produits problématiques et non nécessaires ;
- l’innovation, pour veiller à ce que les plastiques dont nous avons besoin soient réutilisables, recyclables ou compostables ; et
- la circulation du plastique usagé au sein de l’économie et pas dans l’environnement.
L’ampleur de la pollution due au plastique, son impact négatif sur les écosystèmes mondiaux et les risques potentiels du microplastique sur la santé des êtres humains sont bien trop importants pour être ignorés.
Bien que certaines parties prenantes fassent pression sur les gouvernements pour lever les restrictions sur les produits en plastique jetables, et malgré la suppression de certaines réglementations, nous pensons que la pression règlementaire se maintiendra.
Notamment, la Commission européenne a d’ores et déjà confirmé que les délais relatifs à l’interdiction de certains produits en plastique jetables dans toute l’Europe, prévue pour 2021, devraient être respectés.
De même, le gouvernement britannique maintient la taxe sur les emballages plastiques ne contenant pas 30 % minimum de plastique recyclé, laquelle s’appliquera d’ici 2022.
Les entreprises doivent renforcer la transparence, leurs ambitions et leurs actions
Il est difficile d’ignorer les avantages que le plastique offre au secteur de la santé dans le contexte de crise lié au Covid-19. L’équipement de protection individuelle est presque intégralement constitué de plastique, certains articles comme les tabliers et les gants comptant parmi les articles à usage unique.
Toutefois, à mesure que l’activité reprend dans le secteur de l’hôtellerie et que les autorités de réglementation revoient leur programme pré-Covid, il va devenir de plus en plus évident – contrairement aux émissions de carbone – que la pollution plastique dans les océans n’a pas diminué.
Les risques à long terme restent identiques. Nous pensons que les consommateurs et la réglementation continueront d’exercer une pression en vue d’une transition vers une économie plus circulaire, même si sa mise en place devrait être moins rapide que souhaité.
Le Covid-19 devrait donner lieu à une réaction plus forte, et non l’inverse. La crise a mis en évidence la nécessité pour les entreprises de trouver des solutions pas seulement conçues pour dépanner, mais pour durer.
Les modèles économiques et les infrastructures peuvent résister, et même prospérer, en temps de crise, à condition que les entreprises entreprennent des actions concrètes. Il est temps pour celles-ci de renouveler leurs engagements.
Une analyse de Schroders