Les banques européennes mettent en avant leur engagement pour la transition énergétique verte, la comparaison de leurs ambitions reste complexe et l’alignement de leurs objectifs sur l’Accord de Paris (Net Zéro 2050) est délicat. Cette situation soulève la question de la réelle contribution des banques au combat climatique, oscillant entre volonté affichée et opacité des pratiques.
Banques européennes et engagement collectif avec la Net Zero Banking Alliance (NZBA)
Depuis 2021, les acteurs bancaires se sont engagés à aligner leurs émissions sur l’Accord de Paris en devenant signataires de la Net Zero Banking Alliance (NZBA), regroupant aujourd’hui 144 banques représentant près de 41% des actifs bancaires mondiaux. Cet engagement se distingue par le fait qu’il concerne non pas les émissions directes des banques, mais celles générées par les projets qu’elles financent. Cependant, l’absence de validation externe des stratégies climatiques des banques au sein de la NZBA soulève des interrogations sur la réelle efficacité de cet engagement.
Pour évaluer l’ambition des engagements pris, il est essentiel d’analyser divers critères tels que le nombre de secteurs couverts, l’étendue des émissions incluses (scopes 1, 2, 3), et la nature des objectifs fixés (absolus ou relatifs).
Les banques européennes et des objectifs alignés sur 1,5°C
En 2023, la NZBA a élargi ses exigences en obligeant les banques signataires à publier leurs émissions facilitées et à définir des objectifs alignés sur l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C. Cette évolution vise à renforcer la crédibilité des engagements, mais des limites persistent en termes de transparence et de comparabilité, notamment avec la consolidation des émissions facilitées et financées en un seul chiffre.
L’exclusion des financements aux énergies fossiles : une avancée mitigée
Bien que de nombreuses banques affichent des politiques d’exclusion du financement des énergies fossiles, leur portée et leur application restent variables. Ces politiques ne couvrent pas nécessairement l’ensemble des activités bancaires liées aux énergies fossiles, et leur impact réel sur la réduction des financements dans ce secteur demeure à évaluer. La transition vers un financement plus orienté vers les énergies propres est encouragée, mais des progrès significatifs restent nécessaires pour atteindre les objectifs de neutralité carbone.
Le rôle du financement dans la transition énergétique
Selon le scénario net zéro de l’AIE, un rééquilibrage des financements vers les énergies propres est essentiel, avec un ratio idéal de 5 dollars alloués aux énergies propres pour chaque dollar investi dans les énergies fossiles d’ici à 2030. Bien que les banques européennes progressent dans cette direction, notamment avec l’intégration du Green Asset Ratio (GAR) dans leurs pratiques, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour accélérer la transition vers un modèle financier durable.
En conclusion, les banques européennes affichent des avancées significatives dans leurs engagements climatiques, mais l’opacité persistante dans la communication et la mise en œuvre de ces politiques soulève des défis quant à leur efficacité réelle. Les nouvelles réglementations et normes de transparence, telles que celles de la NZBA, sont cruciales pour garantir une transition financière plus alignée avec les objectifs climatiques mondiaux.
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