Une nouvelle étude réalisée par des chercheurs de l’Université d’East Anglia, de l’Université de Stanford et du Global Carbon Project dresse un bilan sur les émissions de gaz à effet de serre, cinq ans après l’Accord de Paris de 2015. Les résultats sont sans appel : il faudrait multiplier par 10 les efforts nécessaires pour endiguer le changement climatique. En effet, la réduction des émissions est actuellement de 0,16 milliard de tonnes de CO2 par an, alors qu’elle devrait atteindre de 1 à 2 milliards de tonnes par an pour respecter les engagements de l’Accord de Paris de limiter le réchauffement à 1,5°C.
25 pays ont vu leurs émissions diminuer
L’étude montre que sur les 36 pays à revenu élevé évalués, 25 ont vu leurs émissions diminuer au cours de la période 2016-2019 par rapport à 2011-2015, dont les États-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni. Trente des 99 pays à revenu intermédiaire supérieur ont également vu leurs émissions diminuer sur les mêmes périodes. Ainsi, le nombre croissant de lois et de politiques en matière de changement climatique semble avoir réellement un impact dans la diminution des émissions au cours de la période 2016-2019. Mais Corinne Le Quéré, auteure principale de l’étude et présidente du Haut Conseil pour le Climat, déplore que les résultats ne soient pas suffisants : « il y a des progrès, on voit que les politiques climatiques commencent à avoir de l’influence. Mais est-ce qu’on est au niveau ? Pas du tout. »
La pandémie a également participé à la réduction des émissions de CO2 en 2020. Durant les épisodes de confinement, les émissions ont baissé d’environ 27 %. C’est une nette amélioration par rapport à 2019, mais ce n’est qu’une parenthèse. « C’est déjà certain qu’on aura un rebond, parce que les émissions ont particulièrement bien baissé en 2020. La grande question est de savoir si l’on retournera au niveau de 2019, ou pire encore, si les émissions vont recommencer à augmenter comme dans les crises précédentes. » explique Corinne Le Quéré.
les engagements des pays ne suffisent pas
L’ambition de réduire les émissions nettes à zéro est désormais soutenue par les dirigeants des trois plus grands émetteurs de gaz à effet de serre : la Chine, les États-Unis et la Commission européenne. Néanmoins, les engagements des pays ne suffisent pas. « Il y a vraiment une intention de renverser les tendances, mais quand on regarde ce que la plupart des pays ont fait comme plan de relance, c’est bien axé sur l’économie conventionnelle basée sur les énergies fossiles » précise l’auteure de l’étude. En effet, l’Union européenne, le Danemark, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Suisse sont parmi les rares pays qui ont jusqu’à présent mis en œuvre d’importants plans de relance écologiques avec des investissements limités dans les combustibles fossiles. Accord paris
Corinne Le Quéré explique pourtant qu’investir dans les énergies propres et l’économie verte serait l’opportunité de relancer l’économie, tout en ayant des bénéfices pour la santé ainsi que l’emploi. Elle donne des exemples concrets : « Avec les perturbations du transport routier à cause de la pandémie, c’est justement l’opportunité de renforcer le transport actif comme le vélo ou la marche, ainsi que l’électrification des véhicules dont on a absolument besoin pour répondre au changement climatique. Tout ce qui permet de réduire les émissions en même temps que d’avoir des bénéfices pour la santé et pour l’emploi est important en ce moment. Le développement d’énergie renouvelables, la rénovation énergétique des bâtiment… tout cela crée beaucoup d’emplois. On peut aussi implanter des pratiques positives pour l’environnement au niveau de l’agriculture. Il s’agit d’orienter les investissements pour répondre au changement climatique. »