L’écologie est aujourd’hui utilisée par des idéologues, véritables climatosceptiques déguisés, qui trouvent en elle un terreau idéal pour prolonger leurs vieilles batailles, la lutte contre le capitalisme et la démocratie libérale, écrivent les auteurs.
Chaque jour rend un peu plus concrètes les conséquences du changement climatique. A mesure qu’ils se précisent, on devine l’étendue des défis qui s’imposent à nous. Ce n’est pas une surprise puisque les climatologues nous avertissent depuis des années, et nombre de leurs prédictions se sont déjà concrétisées. Il est donc plus que temps de prendre des mesures afin de limiter le réchauffement et de nous y adapter au mieux.
Agenda politique
Malheureusement, ceux qui se sont saisis de la question de la façon la plus visible ne se soucient pas d’écologie, mais poursuivent un agenda politique qui s’en éloigne au point de rendre inopérante toute mesure réellement utile. Il faut le dire et l’écrire encore : l’écologie est aujourd’hui prise en otage par des idéologues, véritables climatosceptiques déguisés, qui trouvent en elle un terreau idéal pour prolonger leurs vieilles batailles. La principale préoccupation d’un grand nombre de ces soi-disant défenseurs de la nature n’est pas la protection de la vie sur la planète mais la lutte contre le capitalisme et la démocratie libérale.
Le climat et la biodiversité n’ont pourtant pas besoin de vandales qui saccagent les locaux de BlackRock sans même savoir de quoi il s’agit. Pas plus qu’ils ne requièrent l’extinction de l’humanité, l’abandon de la quête du savoir à travers la grève de l’école ou encore la restriction de la liberté individuelle. Non. Bien au contraire. Pour les protéger, il faut davantage de scientifiques et d’experts qui nous expliquent par exemple où nous en sommes de la fusion nucléaire et à partir de quel moment nous pouvons raisonnablement penser que cette technologie sera viable et financièrement accessible pour le plus grand nombre.
Verdir la révolution
L’écologie est un sujet trop sérieux pour être abandonné à l’idéologie. Elle relève de la science, et c’est là qu’il convient de la replacer. Evidemment, certains y voient une aubaine de verdir la révolution antilibérale et antidémocratique, détruisant les valeurs qui ont façonné la prospérité de l’Occident. D’autres en profitent pour vendre une « décroissance », véritable fléau antisocial qui appauvrirait les plus modestes et risquerait de rendre une partie de la population climatosceptique. Et les uns comme les autres semblent véritablement jouir de l’apocalypse qu’ils appellent de leurs voeux.
L’attitude que nous voulons adopter est aux antipodes de ces passions tristes. Quiconque aime la nature et les hommes doit s’engager pour l’introduction de mesures écologiques dans le cadre de la démocratie et de l’Etat de droit. Il s’agit de la seule voie efficace et moralement acceptable pour celui qui croit, à juste titre, à la liberté, à la plus grande créativité des hommes libres et à l’altruisme qui ne peut exister sans la garantie de cette valeur centrale. Aucune évidence empirique n’a jamais démontré la supériorité du socialisme ou du nationalisme en matière de lutte pour l’environnement. Au contraire, de nombreux pays démocratiques, libéraux et ouverts ont déjà enclenché un découplage entre un PIB qui augmente et des émissions de CO2 qui baissent.
Passions tristes
BlackRock : le retour de la violence politique ou la préparation du pire
Afin de répondre à la double exigence de lutte contre le réchauffement climatique et de lutte contre la pauvreté, il n’est pas question d’abandonner notre système économique mais, tout au contraire, de consentir à des innovations et des investissements, d’une ampleur inédite, dans l’électricité décarbonée, les transports électriques ou à hydrogène et l’économie circulaire. Cette nouvelle économie, libérale et démocratique, est riche en valeur ajoutée, en salaires et en emplois. Elle passe avant tout par la fixation d’un prix du carbone élevé et une coopération internationale. L’Union européenne semble avoir pris la mesure de ces enjeux. Il faut maintenant accélérer. L’écologie a besoin d’intelligence, de moyens et de lucidité. Elle se passera sans souci d’une révolution et d’une dictature verte.
Pierre Bentata est essayiste et économiste, Nicolas Bouzou est économiste et fondateur d’Asterès, Pierre-Henri Tavoillot est philosophe.
Le climat et la biodiversité n’ont pas besoin de vandales qui saccagent les locaux de BlackRock.
Par Pierre Bentata (chercheur associé à l’Institut économique Molinari), Nicolas BOUZOU ( les Echos )