Les marchés des dettes souveraines entrent dans une nouvelle ère

En mettant l’économie mondiale à l’arrêt pendant plusieurs mois, la crise du coronavirus a poussé les Etats à prendre des mesures de soutien budgétaire de très grande ampleur. En conséquence, les déficits publics vont fortement se creuser et parfois atteindre des niveaux historiquement élevés. Ainsi, les marchés de dette souveraine vont entrer dans une nouvelle ère. Les banques centrales ont déjà absorbé une partie de ces nouvelles dettes ou ont fait savoir qu’elles allaient le faire. Nous faisons le point dans ce texte sur le financement des mesures adoptées par les gouvernements aux Etats-Unis et en Europe. 

Aux Etats-Unis, le déficit public le plus élevé depuis 1945

Pour faire face à la crise du coronavirus, les Etats-Unis ont déjà adopté 4 phases de soutien budgétaire, dont le plus important (le troisième) est le CARES Act. Ce dernier, qui devrait augmenter le déficit fédéral d’environ 1600 Mds $ en 2020, comprend notamment :

  • Des envois de chèques à la population (sous conditions de revenus)
  • Une amélioration temporaire de l’assurance-chômage
  • Des prêts garantis aux PME
  • Des prêts aux compagnies aériennes et à des entreprises vitales à la sécurité nationale
  • Une injection de capital dans les véhicules d’investissement déployés par la Fed
  • Une aide aux collectivités locales
  • Une augmentation des dépenses de santé.

Le CBO, organisme non-partisan du Congrès américain, estime que le déficit fédéral atteindra 3700 Mds $ en 2020 et 2100 Mds $ en 2021, soit respectivement environ 18 et 10% du PIB. Cela constituerait le déficit budgétaire le plus élevé depuis 1945. Pourtant, il y a plusieurs raisons de croire que le déficit sera plus élevé encore car les recettes fiscales seront vraisemblablement plus faibles que prévu et car le Congrès devra travailler sur une 5ème phase de soutien budgétaire pour venir en aide aux Etats en grande difficulté financière. En effet, les recettes des Etats américains sont en forte baisse alors que leurs dépenses augmentent très rapidement (assurance-chômage, programmes de santé pour les plus démunis) et sans aide financière de l’Etat fédéral, ils seront dans l’obligation de mettre en place des mesures d’austérité (coupes dans les dépenses, hausses d’impôts) au pire moment. Les Démocrates de la Chambre des représentants ont d’ailleurs présenté un projet de 5ème phase de soutien budgétaire portant sur 3000 Mds $. Enfin, il faut également avoir en tête que viendra le temps de plans de relance budgétaire (centré sur les infrastructures ?).


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