Que proposez vous en plus de la réglementation ?
La finance durable est soutenue par la nouvelle réglementation SFDR qui incite les investisseurs à orienter leur épargne vers les fonds et les entreprises plus respectueuses de leur environnement et de la société en général. Or, le contexte est propice au financement des entreprises qui évoluent vers un nouveau modèle et participent à la transition énergétique, à condition que celles-ci soient accompagnées dans leur mutation.
L’entrée en vigueur à l’échelle européenne du règlement SFDR (ou plus simplement Disclosure), le 10 mars dernier, va permettre aux acteurs de la communauté financière (banques, compagnies d’assurance, sociétés de gestion, CGP, entreprises et épargnants) de converger vers un même objectif : tout mettre en œuvre pour respecter l’engagement pris lors de l’Accord de Paris de limiter la hausse des températures à 1,5°C et parvenir à la neutralité carbone à l’horizon 2050. Comment ? En drainant l’épargne des investisseurs vers les acteurs qui respectent leur environnement et la société en général. Une entreprise qui ne respecte pas les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) risque ainsi de manquer de sources de financement à plus ou moins long terme.
Accompagnées dans leur mutation...
Jusqu’alors, les différentes réglementations (Bâle 3, Solvency 2, Mifid 2 etc.) instaurées depuis la crise financière de 2008 avaient pour finalité de sécuriser le système financier et de protéger in fine l’épargnant. Ces textes réglementaires complexes et spécifiques pour chaque typologie d’acteurs ont fait l’objet de négociations sur plusieurs années. Avec la réglementation Disclosure et la réglementation sur la taxonomie, le régulateur agit cette fois beaucoup plus rapidement avec la ferme intention de changer la finance, rien de moins, pour « changer le monde », et modifier la structure de nos économies en orientant les flux d’investissements vers une économie durable et responsable, soucieuse des enjeux climatiques. La finance peut jouer un rôle décisif pour favoriser et permettre cette mutation.
Des plans de relance au service de la transition énergétique
Or, l’arrivée de Disclosure intervient dans un contexte sans précédent. Le plan de relance de 750 milliards d’euros mis sur la table pour sortir l’Union européenne de la crise économique issue de la pandémie constitue à cet égard une aubaine pour la finance responsable. En effet, l’argent massif du plan de relance représente une occasion unique de financer la transition énergétique, de soutenir massivement les énergies vertes et d’accompagner les populations dans cette mutation sans précédent (formation, effort sur le digital etc.). L’épargne des Européens peut être ainsi mobilisée vers des investissements durables et servir au développement d’entreprises responsables. Même la BCE prend désormais en compte la finance durable comme critère lors de ses achats d’actifs mensuels. L’institution dirigée par Christine Lagarde s’est même dotée d’un centre d’expertise dédié au changement climatique.
Toutefois, cette transition vers une économie circulaire ne se fera pas sans heurts. A ce titre, il est important de réussir à accompagner les entreprises dans leur transformation. C’est un défi enthousiasmant mais difficile, ne le cachons pas. Nous ne pouvons cesser de financer certaines entreprises du jour au lendemain sous prétexte que leur bilan carbone reste insuffisant sans générer d’autres problèmes, sociaux notamment. Il s’agit donc d’organiser la transition de l’économie dans son ensemble sans déstabiliser les entreprises mais en les accompagnant pour qu’elles fassent évoluer leur modèle en profondeur. Dès 2006, les Principes de l’investissement Responsable (PRI) incitaient les acteurs de la finance à s’engager dans une démarche de transition. Une entreprise qui aujourd’hui n’est pas conforme à ces principes doit avoir une chance de réussir sa mutation pour participer demain à l’économie durable qu’il convient de faire émerger.
Par Guillaume Poli, Directeur du Développement – OFI AM
Créé en 1971, le Groupe OFI gère 67 Mds€ d’encours à fin décembre 2020 à la fois surles actifs cotés et non cotés, pour le compte d’une clientèle institutionnelle et patrimoniale, française et internationale.
Le Groupe dispose d’un ancrage historique dans l’économie sociale et solidaire. Ses principaux actionnaires sont la Macif et la Matmut.