Macroéconomie – Tendances actuelles

Macroéconomie

Après une période de surperformance étalée sur plusieurs trimestres, les récentes données macroéconomiques des États-Unis suscitent des interrogations quant à la possibilité d’un atterrissage en douceur de l’économie. Simultanément, une lueur d’optimisme émerge en Europe, où la conjonction de croissance, inflation et politique monétaire semble prometteuse. En Chine, malgré des améliorations, le secteur immobilier et les tensions commerciales avec les États-Unis restent des points d’incertitude.

États-Unis : équilibre sur le fil

Avec une croissance annualisée de 1,6 % au premier trimestre 2024, une diminution des créations d’emplois à 175 000 et une stagnation des ventes au détail en avril, l’économie américaine montre des signes de ralentissement. Cette tendance est illustrée par le passage des surprises économiques en territoire négatif pour la première fois depuis début 2023, marquant une révision des attentes de croissance pour 2024, passant de 0,6 % (août 2023) à 2,4 % en mai. Ces révisions optimistes laissent place à des surprises potentiellement à la baisse, comme observé récemment. Les États-Unis ne maintiennent plus le rythme de croissance élevée enregistrée au deuxième semestre 2023, où l’économie avait progressé de près de 4 % annualisés.

Le mouvement de désinflation a également fait une pause au premier trimestre 2024, en raison de la rigidité dans le secteur des services. Cette combinaison de faible croissance et d’inflation persistante réveille les craintes de stagflation, soulignant la nature changeante et bruyante des narratifs de marché. Bien que le chiffre d’avril ait été plus rassurant, l’inflation des services reste élevée à 0,4 % sur le mois, mais en baisse par rapport à la moyenne de 0,55 % du premier trimestre.

Les marchés accueillent favorablement l’apaisement de l’inflation, ainsi que le ralentissement des créations d’emplois. Bien que la décélération de la croissance aux États-Unis puisse soulever des questions sur la résilience réelle de l’économie, elle semble nécessaire pour maîtriser l’inflation et permettre un atterrissage en douceur, conformément au scénario anticipé. L’attention se focalise sur le marché de l’emploi et jusqu’où il peut ralentir. Les prévisions de croissance robuste aux États-Unis cette année, avec un léger rebond attendu au deuxième trimestre 2024, laissent penser que ce relâchement devrait conduire à un taux de chômage d’environ 4 % fin 2024 (contre 3,9 % en avril), sans dégradation majeure.

Zone euro : perspectives encourageantes

De l’autre côté de l’Atlantique, les perspectives semblent plus stables. Après une fin d’année 2023 marquée par une légère récession technique, l’économie européenne a progressé de 0,3 % au premier trimestre 2024, dépassant les attentes du consensus à 0,1 %. Bien que l’inflation reste supérieure à la cible de la BCE, elle demeure dans des niveaux plus confortables, grâce à la baisse des tensions sur le prix du pétrole.

Alors que les marchés demeurent incertains quant au calendrier des baisses de taux de la Réserve fédérale, la première baisse de la BCE semble être largement acceptée pour juin, avec une anticipation de 100 points de base de baisse en 2024. Dans ce contexte, le sentiment des investisseurs s’est considérablement amélioré ces derniers mois. Cependant, bien que la confiance des consommateurs s’améliore depuis fin 2023, elle reste mitigée, se traduisant par une prudence notable et un taux d’épargne historiquement élevé à plus de 14 %. Cette prudence devrait toutefois se dissiper, avec une augmentation des salaires de 4,7 % au premier trimestre 2024 et une inflation qui revient juste au-dessus de la cible. Les baisses de taux prévues devraient soutenir la propension à la consommation en zone euro, élément central du scénario de reprise graduelle de la croissance en 2024.

Chine : défis persistants

La dynamique s’améliore également en Chine, portée par la progression des exportations et de la production industrielle, bien que les ventes au détail ralentissent. Le secteur immobilier ne montre pas de signes de stabilisation, demeurant un enjeu majeur pour les perspectives de croissance. Les autorités chinoises ont annoncé de nouvelles mesures, assouplissant les règles sur les prêts hypothécaires et encourageant les gouvernements locaux à racheter les logements invendus. Le commerce international devrait également être surveillé dans les mois à venir.

En mai, la Maison Blanche a dévoilé de nouvelles mesures visant à augmenter les taxes douanières sur certains produits importés de Chine, ravivant ainsi les tensions commerciales quelques mois avant l’élection américaine. Bien que ces mesures devraient avoir un impact limité sur la croissance chinoise, le marché américain ne représentant qu’une part marginale des exportations chinoises de ces produits, elles soulèvent des préoccupations sur les tensions commerciales à venir.

Découvrez aussi notre article le pacte mondial de l’ONU