En deux ans d’existence, la stratégie Global Transition de Mandarine, consacrée à la transition écologique vers une économie décarbonée, a déjà collecté plus de 650 millions d’euros. Un succès commercial qui traduit l’intérêt des investisseurs, aussi bien français qu’étrangers, pour cette thématique. Labellisé Greenfin à sa création, le fonds a conduit Mandarine à rejoindre l’initiative 1% pour la Planète en fin de l’année 2021, ce qui engage la société à verser 1% des frais de gestion du fonds aux projets environnementaux. Interview avec Adrien Dumas
La particularité du fonds est de sélectionner des entreprises œuvrant pour la transition écologique et énergétique, en se basant sur des indicateurs qui ne laissent pas de place à la subjectivité. Tout cela en conservant un large rayon d’action, puisqu’il s’agit d’un fonds d’actions internationales, sans contraintes sur la géographie ou le niveau de capitalisation des valeurs. « Cela permet de sélectionner des entreprises de niche, à la pointe sur leur segment », souligne Adrien Dumas, gérant du fonds.
La sélection des titres s’effectue selon deux indicateurs. Le premier critère est la « part verte » des entreprises telle qu’exprimée par la taxonomie. Pas moins de 90 % des entreprises en portefeuille ont une part verte supérieure à 50 %. Quant aux 10 % restants, ils concernent des entreprises qui se démarquent par l’importante transition de leur activité. A ce critère s’ajoute celui de la trajectoire des entreprises, qui doivent être alignées sur le scénario de réchauffement de + 2 °C. Le Science-Based Targets Initiative (SBTI), placé sous l’égide de quatre institutions internationales, dont l’ONU, est chargé d’évaluer et certifier les trajectoires présentées par les sociétés. « Sa méthodologie s’est renforcée en 2021, il examine les entreprises sur les scopes 1 à 3, c’est-à-dire les émissions de CO2 sur toute la chaîne de valeur », explique Adrien Dumas. Près de 53 % des entreprises de son portefeuille ont déjà reçu l’approbation du SBTI. La conjugaison de ces deux indicateurs résulte dans un univers de 450 valeurs, en constante hausse car porté par de nouvelles cotations et créations d’entreprises.
En 2021, un indicateur non excluant portant sur la biodiversité a été ajouté. Une méthodologie interne examine si le secteur d’activité fait peser un risque sur la biodiversité et étudie aussi les ambitions et éventuelles mesures prises par les entreprises pour limiter leur empreinte sur cette dernière. Au final, le portefeuille est relativement concentré, avec une cinquantaine de titres. Il fait l’objet d’un reporting d’impact transparent et précis, apprécié des investisseurs institutionnels, soumis à une obligation de reporter sur des critères de climat et de biodiversité. Outre une évaluation liée à la transition écologique et énergétique, par exemple la trajectoire de température des entreprises investies, le document inclut des données sur la biodiversité.
Interview avec Adrien Dumas, gérant du fonds
Mandarine Global Transition a-t-il profité de la bonne performance des marchés actions l’année dernière ?
Le fonds a réalisé une performance de 27,1 %, en ligne avec les grands indices mondiaux (Part R). Il a fallu, par rapport à 2020, faire preuve de plus de sélectivité, car la reflation a bien commencé en 2021. Nous avons abandonné notre surpondération européenne pour une répartition presque égale entre l’Europe, l’Asie et les Etats-Unis. Cela résulte du retour du protectionnisme. Les volontés chinoise et américaine de promouvoir la transition énergétique, mais avec des acteurs nationaux, nous ont conduits à augmenter nos positions sur ces zones.
On imagine que la réalisation de la transition environnementale requiert un important recours aux technologies. Une baisse des valeurs technologiques en 2022 vous inquiète-t-elle ?
En réalité, le secteur technologique ne représente que 14 % de notre fonds. Nous investissons sur des secteurs en transition, donc principalement l’industrie, la production d’énergie, la construction, l’agriculture… Nous y cherchons les acteurs les plus avancés, qui utilisent pour cela des innovations différenciantes. L’autre sujet de 2022 est celui de l’inflation, auquel nous nous préparons en privilégiant les entreprises moins valorisées mais à fort potentiel. Nous avons diminué de 30 % à 15 % le poids des énergies propres, notamment américaines et européennes, car leurs valorisations étaient très élevées – sans compter le retard pris par le plan Biden « Build Back Better ». Nous avons acté le changement conjoncturel qu’imposent l’inflation et la compression des multiples.
On entend beaucoup parler de l’hydrogène, est-ce un secteur que vous privilégiez dans le fonds ?
L’hydrogène a un grand potentiel en tant qu’énergie, mais beaucoup moins en termes d’investissement. Nous y avons diminué notre exposition car la Chine en a fait une de ses priorités. Cela signifie qu’elle va investir massivement, voire même produire à perte, pour favoriser ses entreprises. Pour les autres, la pression concurrentielle sera difficile à suivre. Nous sommes plus intéressés par le stockage de l’énergie, une technologie qui arrive à maturité. Nous étudions toutes les solutions disponibles, comme celles basées sur les batteries lithium-ion, et qui permettront de mieux exploiter et utiliser les énergies renouvelables.