Anticipations proposées par AXA Investment Managers :
- Des émissions en hausse de 76% en 2019, avec 50% d’émetteurs supplémentaires
- Des besoins en investissements « verts » colossaux et la diversification des projets et des émetteurs devraient porter la croissance du marché en 2020
Une économie verte reboostée en 2019 après une année 2018 difficile
2018 a parfois été qualifiée de premier revers pour le marché des obligations vertes, du fait des négociations autour du Brexit, du contexte de guerre commerciale et de l’incertitude politique en Italie qui pesaient sur l’appétit pour le risque. Cela avait provoqué des sorties de fonds historiquement importantes dans la plupart des catégories d’actifs. Dans ce contexte, le volume d’émission sur le marché obligataire mondial avait fortement diminué par rapport aux années précédentes, et la demande avait été plus timide.
En dépit de cela, le volume d’émission des obligations vertes s’était montré plutôt stable par rapport à 2017, raison pour laquelle nous avions annoncé que ce n’était pas la fin d’un cycle et que l’année 2019 serait verte.
Cela s’est confirmé rapidement début 2019, avec un volume d’émission en hausse de près de 10 milliards de dollars à fin février 2019 par rapport à la même période en 2018.Ceci ne marque pas pour autant la fin de la fin d’un cycle selon nous : nous sommes convaincus que ce marché continuera de se développer. 2019 commence fort, avec un volume d’émission en hausse de près de 10 milliards de dollars à fin février par rapport à la même période en 2018.
2019, une année record pour le marché des green bonds
2019 a été une année de très forte croissance pour le marché des obligations vertes. Si l’on se réfère à l’indice Ice BofAML Green Bond Index, le volume des émissions a atteint près de 150 milliards de dollars sur l’année, soit une hausse de 76 % par rapport à l’année précédente. La volonté des émetteurs de mettre en avant leur engagement pour une économie plus propre, l’appétit des investisseurs renforcé par des exigences réglementaires de transparence en matière environnementale et les multiples initiatives telles que la publication des « EU Green Bond Standards » ou la future taxonomie verte européenne sont autant de facteurs d’engouement pour cette classe d’actif.
Au-delà des émetteurs historiques tels que les entités supranationales ou autres agences d’Etat, cette dynamique a été soutenue par un grand nombre de nouveaux émetteurs qui ont décidé de rejoindre le marché des obligations vertes. 77 nouveaux émetteurs ont rejoint ce marché en 2019, entrainant une hausse du nombre d’émetteur vert dans l’univers de plus de 50% sur l’année pour atteindre un total de 224 émetteurs.
Deux catégories se sont distinguées et ont donné un vrai coup de pouce au marché des obligations vertes : les émetteurs souverains avec Hong-Kong, le Chili ou encore les Pays-Bas et les émetteurs privés non financiers. Ce dernier segment, dont la contribution avait pu être perçue comme marquant le pas en 2018, a fortement rebondi grâce notamment à l’impulsion de nouveaux secteurs comme celui des télécommunications. Associé à un secteur financier toujours aussi dynamique, au sein duquel on a pu voir les premières émissions d’assureurs européens, le marché du crédit a pris pour la première fois la tête du marché primaire en 2019 avec 55% du volume total d’émissions.
Avec plus de 400 milliards de dollars à son actif, le marché des obligations vertes s’impose progressivement comme une classe d’actif crédible au sein de l’univers obligataire, avec l’avantage d’un bénéfice environnemental transparent et quantifiable.
Espérons que la diversification grandissante en termes d’émetteurs, de secteurs d’activité, ou de régions qui accompagne cette croissance s’accompagnera également d’une plus grande diversification des projets financés. Des opportunités pertinentes allant au-delà de la réduction des émissions de gaz à effet de serre pourraient ainsi bénéficier de la dynamique de ce marché. C’est le cas de projets visant d’autres objectifs environnementaux tels que la protection des écosystèmes, l’utilisation durable de l’eau et des ressources marines, l’économie circulaire ou l’adaptation au changement climatique.
Vers une nouvelle année record en 2020 ?
Nous pensons que ce que nous avons vu en 2019 va très probablement se poursuivre, offrant à 2020 la possibilité d’établir de nouveaux records.
De plus en plus de souverains sont désireux de souligner leur engagement à poursuivre les objectifs fixés lors de la COP 21 à Paris et sont donc susceptibles de devenir un moteur important du marché des obligations vertes dans les années à venir.
En parallèle, la dynamique du marché du crédit devrait rester soutenue. Au-delà des services aux collectivités et des banques au cours des dernières années, des entreprises au sein de nouveaux secteurs devraient progressivement franchir le pas, conscientes de la nécessité d’adopter une stratégie environnementale durable pour faire face aux challenges et opportunités du changement climatique, encouragées par les multiples initiatives menées par des entités comme la Climate Bond Initiative, et mieux informées sur le niveau d’exigence que requiert l’émission d’une obligation verte pour mettre en avant leur transition.
Aussi, rappelons que la croissance du marché des obligations vertes reste portée encore principalement par des émissions en Euro (62% du marché à fin décembre 2019), venant d’entités européennes. Une présence accrue d’émetteurs américains et émergents est donc à attendre au cours des années à venir.
Enfin, notons que les besoins en investissements verts sont colossaux. A titre d’exemple, le plan d’action de la Commission Européenne (publié en mars 2018) pour faire face aux risques climatiques indique un besoin de 180 milliards d’euros d’investissements annuels pour atteindre ses objectifs en matière d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.
Ces chiffres laissent penser que le marché des obligations vertes à encore de beaux jours devant lui, mais aussi que de nouveaux instruments pourraient voir le jour pour accompagner cet effort d’investissement. En effet, la nécessité de changement et d’investissement ne se résume pas aux entreprises les plus propres et aptes à émettre des obligations vertes. Des instruments comme les « transition bonds », dont AXA IM est à l’initiative, pourraient également aider à impliquer davantage de secteurs, les incitant à changer leur manière d’opérer et à s’engager dans la lutte contre le changement climatique.