Mésange Vert : l’outil d’évaluation climatique

mésange vert

En juillet 2024, la Direction générale du Trésor a introduit le module Mésange vert, conçu pour compléter les évaluations macroéconomiques effectuées avec le modèle Mésange. Ce nouvel outil quantifie l’effet des chocs et des réformes économiques sur les émissions de carbone en France à moyen et long terme, permettant ainsi une évaluation plus complète des politiques économiques et climatiques.

Structure et fonctionnement du module

Le module Mésange vert se divise en deux parties principales :

  1. Partie énergétique : Cette section modélise la consommation énergétique finale en France, répartie en plusieurs sources (électricité, charbon, pétrole, gaz). Elle permet de définir la composition du bouquet énergétique national en fonction des besoins énergétiques, des prix, et des préférences techniques des différents agents économiques.
  2. Partie climatique : Cette section calcule les émissions de carbone associées à la consommation énergétique définie précédemment. On détermine les émissions à partir de coefficients techniques spécifiques à chaque source d’énergie, permettant ainsi d’estimer précisément les impacts climatiques des différents types de consommation énergétique.

Utilisations et flexibilité du module

Le module Mésange vert se distingue par sa grande flexibilité d’utilisation. Il permet de varier le nombre de sources d’énergie et d’agents économiques considérés, ainsi que d’ajuster la demande énergétique et le calibrage du module en fonction des besoins spécifiques de chaque analyse.

Par exemple, le module peut comparer les effets économiques et climatiques d’une hausse permanente de la TVA et de la taxe carbone, chacune représentant 1 % du PIB ex ante, sans recyclage des recettes. Une hausse de la taxe carbone, en ciblant la consommation énergétique, réduit significativement cette consommation par rapport à une hausse de la TVA, incitant les ménages et les entreprises à privilégier l’électricité aux énergies fossiles, entraînant une baisse proportionnellement plus importante des émissions de carbone.

Évaluations nécessaires pour les politiques de transition écologique

L’évaluation des politiques de transition écologique requiert des outils divers pour mesurer leur efficacité vis-à-vis des objectifs économiques et climatiques. Ces évaluations se divisent en deux grandes catégories :

  • Évaluations microéconomiques : Elles analysent l’impact d’une mesure sur des agents économiques spécifiques (ménages, entreprises) à l’aide de techniques économétriques, de modélisations comportementales ou d’études qualitatives.
  • Évaluations macroéconomiques : Conduites principalement avant l’implémentation d’une mesure, elles estiment l’impact sur les principaux agrégats macroéconomiques (PIB, emploi, prix, etc.) en utilisant des modèles synthétiques des interactions économiques nationales et internationales.

Le modèle Mésange, utilisé par la Direction générale du Trésor, se concentre traditionnellement sur les effets macroéconomiques des politiques et des chocs économiques en France. Le module Mésange vert vient compléter cette approche en intégrant les dimensions énergétiques et climatiques, permettant ainsi une analyse plus complète des impacts des politiques économiques.

Décomposition de la consommation énergétique et émissions de carbone

Pour évaluer l’effet climatique d’un choc économique, il est essentiel de décomposer la consommation énergétique en différentes sources, car les émissions de CO2 varient selon l’énergie consommée. Le module Mésange vert permet d’analyser l’évolution du bouquet énergétique et des émissions de carbone en deux étapes :

  1. Modélisation de la consommation énergétique : On modélise la demande en énergie des ménages et des entreprises en fonction des besoins totaux en énergie, des prix, et des élasticités de substitution entre différentes sources d’énergie.
  2. Conversion en émissions de carbone : On convertit la consommation des différentes énergies en émissions de carbone à l’aide de coefficients techniques spécifiques, calculés à partir des émissions moyennes par unité physique consommée.

Scénarios de référence et évaluations

Comme pour le modèle Mésange, le module Mésange vert fonctionne autour d’un scénario de référence, ou compte central, permettant de comparer les résultats des évaluations aux conditions de base. Ce scénario de référence est aligné avec la stratégie nationale bas carbone (SNBC), et sera mis à jour en fonction des développements de la troisième version de la SNBC.

Exemples d’utilisation du module

Le module Mésange vert a été utilisé pour analyser cinq chocs différents et leurs conséquences énergétiques et émissives à l’horizon 2030-2050 :

  1. Hausse de l’investissement public : Cette mesure soutient l’activité économique et les prix, entraînant une augmentation de la consommation énergétique et des émissions de CO2.
  2. Hausse de la TVA : Elle a un impact marginal sur les prix relatifs des énergies, réduisant les émissions principalement par la baisse de l’activité économique.
  3. Hausse de la productivité du travail : Cette mesure augmente l’activité économique tout en réduisant les coûts de production, entraînant une augmentation des émissions de CO2 sans modification des prix relatifs des énergies.
  4. Hausse du prix du pétrole : Elle incite les ménages et les entreprises à substituer le pétrole par de l’électricité, réduisant ainsi les émissions de CO2.
  5. Hausse de la taxe carbone : Cette mesure réduit la consommation d’énergies fossiles, augmentant la consommation d’électricité, et entraînant une diminution globale des émissions de CO2.

Perspectives de développement

Le module Mésange vert pourrait être développé davantage pour intégrer les émissions non-énergétiques, liées aux processus industriels et agricoles, et pour modéliser les différents postes de consommation des ménages et des secteurs d’activité des entreprises. Une dynamique de court terme pourrait également être ajoutée pour analyser la montée en charge progressive des chocs appliqués.

En résumé

Le module Mésange vert représente une avancée significative pour l’évaluation des politiques économiques et climatiques en France. En combinant une analyse détaillée de la consommation énergétique et des émissions de carbone, il permet de mieux comprendre les impacts des différentes mesures et de guider les décisions vers des solutions plus durables et efficaces pour la transition écologique.