Le Salon International de l’Agriculture à Paris offre-t-il une chance de transformer le système alimentaire mondial ? Malgré les crises, les géants de l’agroalimentaire ne contribuent pas efficacement à l’éradication de la faim (ODD 2). Tout comme les principaux négociants en matières premières agricoles. Pour atteindre les objectifs de l’ONU d’ici 2030, une attention particulière à l’ODD 2 est nécessaire. Car il est crucial pour le succès des autres objectifs.
ODD : transformer le système alimentaire mondial
Dans un contexte de crises alimentaires mondiales exacerbées par des événements tels que la pandémie de COVID-19, l’invasion de l’Ukraine et la crise énergétique. L’impératif de transformer le système alimentaire mondial devient de plus en plus pressant. La nécessité de cette transformation est d’autant plus criante lorsque l’on considère les persistantes problématiques de malnutrition et de famine signalées par des organisations telles que la FAO. Face à une population mondiale croissante et à des ressources planétaires limitées. Il est devenu crucial de développer des méthodes de production alimentaire plus résilientes.
L’objectif de développement durable (ODD) 2 : un engagement vital pour l’humanité
L’ODD 2, communément appelé “Faim Zéro”, représente une ambition cruciale pour le bien-être de l’humanité. En effet, cet objectif ne se limite pas à éliminer la faim, mais s’étend à garantir la sécurité alimentaire. Également à améliorer la nutrition et à promouvoir des pratiques agricoles durables et équitables. Il s’agit d’un pilier essentiel parmi les 17 ODD fixés par les Nations Unies en 2016. Offrant ainsi un cadre pour un avenir plus durable et équitable pour tous.
Analyse des principaux acteurs de l’industrie alimentaire : défis et perspectives
Malgré leur rôle central dans le paysage alimentaire mondial. Les principaux acteurs de l’industrie alimentaire font face à des défis majeurs pour contribuer à l’ODD 2. Une analyse approfondie des 6 principaux producteurs mondiaux de produits alimentaires révèle une réalité troublante :
Aucune de ces entreprises ne parvient à aligner efficacement ses activités avec l’objectif de Faim Zéro.
Les actions philanthropiques temporaires et les politiques d’approvisionnement responsable. Bien que louables, ne suffisent pas à générer des impacts positifs durables. Ainsi, il devient impératif de repenser les stratégies et les pratiques de ces entreprises pour véritablement contribuer à l’éradication de la faim dans le monde.
Intentionnalité et théorie du changement pour éviter le greenwashing
Lorsqu’il s’agit d’évaluer si une entreprise intègre véritablement la génération d’impact positif dans son modèle d’affaires. La théorie du changement (ToC) devient un outil essentiel. La ToC est une méthodologie clé de gestion d’impact utilisée par les entreprises pour planifier et évaluer leurs actions en faveur du changement social et environnemental.
Par exemple, certaines entreprises mettent en place des initiatives visant à encourager les agriculteurs à adopter des pratiques plus durables. Les résultats de ces initiatives sont souvent présentés en termes d’économies de ressources telles que l’eau. L’énergie et les produits agrochimiques, ou en termes d’externalités négatives évitées comme les émissions, la pollution, les déchets et la déforestation. Toutefois, pour démontrer l’efficacité de ces mesures, les entreprises doivent les faire auditer par des tiers indépendants. Ou publier des preuves de collaboration avec des experts externes.
Malheureusement, ces preuves sont rarement publiées, ce qui limite l’évaluation de la pertinence et de l’impact réel de ces mesures. Cette opacité rend souvent difficile l’établissement d’un lien direct entre l’intégration de la création d’un impact positif dans le modèle économique d’une entreprise et ses activités.
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Matérialité financière pour évaluer l’importance des initiatives
L’analyse de la matérialité financière constitue la dernière étape de la méthodologie d’évaluation des contributions positives des entreprises. Son objectif est de déterminer si ces initiatives ont une importance économique significative au sein des activités globales des entreprises. Cette matérialité est habituellement mesurée en pourcentage du chiffre d’affaires, des investissements ou des actifs, en fonction du type d’impact positif.
Il s’agit donc de déterminer dans quelle mesure ces initiatives positives sont véritablement intégrées et soutenues par les modèles d’affaires des entreprises évaluées. Cependant, le manque de données financières détaillées dans leurs publications rend difficile une estimation précise de la matérialité de leurs impacts. Par exemple, bien que Nestlé vende des produits de nutrition infantile potentiellement liés à l’Objectif de Développement Durable (ODD) 2, faute de publication du chiffre d’affaires associé, il n’est pas possible d’évaluer la matérialité financière de ces produits.
Perspectives sur les impacts potentiels et les défis de l’industrie agroalimentaire
Les analyses révèlent les lacunes préoccupantes des multinationales leaders de l’industrie agroalimentaire en termes de contribution à l’ODD 2, visant à éliminer la faim, garantir la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir des pratiques agricoles durables et équitables. Malgré la mise en avant de politiques en matière d’agriculture régénérative, de nutrition et de solidarité, ces entreprises ne participent généralement pas à la réalisation de cet objectif. Au mieux, elles atténuent leurs impacts négatifs.
Le potentiel de génération d’impacts positifs se trouve probablement chez les acteurs qui simplifient la chaîne agroalimentaire en favorisant les circuits courts et en diminuant les produits transformés. Une attention accrue doit également être portée aux négociants en matières premières agricoles, souvent méconnus mais jouant un rôle crucial dans la filière agroalimentaire. Pour transformer véritablement l’industrie vers un modèle plus durable, il est essentiel de porter une attention accrue à ces acteurs majeurs et d’élaborer des stratégies claires et transparentes répondant aux besoins des parties prenantes tout au long de la chaîne de valeur.
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