La Bourse de New York a fini en forte baisse vendredi après des propos de Jerome Powell, le président de la FED. La banque centrale américaine allait poursuivre encore un certain temps sa politique de resserrement monétaire pour maîtriser l’inflation.
Les taux pourraient rester plus élevés plus longtemps
« Compte tenu du contexte d’assouplissement des conditions financières depuis début juillet, comme nous nous y attendions, nous avons constaté un recul du président de la Fed, Jerome Powell, sur l’évaluation par le marché d’un pivot immédiat en mettant en garde contre un assouplissement de la politique plus tôt que tard. Alors que l’inflation a commencé à montrer des signes de retournement, certaines des composantes les plus résilientes et persistantes restent élevées. De plus, le marché du travail reste tendu. Le seul secteur qui montre des signes de net ralentissement de l’activité est celui du logement. »
« Dans son discours, le président Powell a maintenu une hausse des taux de 75 points de base sur la table pour septembre. Nous avons maintenant révisé le taux terminal à environ 4% contre 3,5% auparavant, et pensons que les taux pourraient rester plus élevés plus longtemps, ce qui semble plus cohérent avec la position de la Fed consistant à maintenir une politique restrictive jusqu’à ce que des signes plus clairs de ralentissement économique et d’inflation apparaissent. » commente Salman Ahmed, Global Head of Macro and Strategic Asset Allocation chez Fidelity International, en réaction au discours de Jerome Powell à Jackson Hole.
Les attentes du marché prématurées
Le président de la Fed n’a donné aucune indication sur les décisions qui pourraient être prises lors de la réunion de la banque centrale en septembre, mais les contrats à terme sur les taux d’intérêt suggéraient après son discours une probabilité de 56,5% d’une nouvelle hausse de taux de 75 points de base, contre 46,5% avant sa prise de parole.
Jerome Powell a par ailleurs relativisé l’annonce en début d’après-midi d’un ralentissement de l’indice des prix à la consommation PCE en juillet, réaffirmant que l’amélioration d’un seul mois est insuffisante pour se convaincre d’un reflux de l’inflation.
« Les données historiques mettent fermement en garde contre un assouplissement prématuré de la politique », a-t-il déclaré. « Nous devons continuer jusqu’à ce que le travail soit fait. »
Pour certains analystes, la récente hausse des marchés qui tablaient sur un assouplissement de la stratégie de la Réserve fédérale était prématurée.
Les valeurs technologiques ont été particulièrement affectées par le changement d’ambiance à Wall Street, à commencer par Nvidia (-8,9%) et Amazon (-4,6%) qui avaient été les plus recherchées les jours précédents.
Meta Platforms, Alphabet, la maison mère de Google, et Block n’ont pas été mieux servies, perdant entre 4,1 et 7,5%.
Alibaba et JD.com, qui avaient ouvert en nette hausse à la faveur d’un accord entre les régulateurs chinois et américain concernant l’audit des entreprises chinoises cotées à Wall Street, n’ont pas davantage résisté au retournement tendance, cédant finalement autour de 2%.
Quant au groupe de mode Gap, il n’a pas tiré longtemps avantage de la publication d’un bénéfice trimestriel inattendu, reculant de 1,8% après avoir ouvert nettement dans le vert.
« La Fed n’aime pas le fait que le marché intègre déjà des baisses de taux, elle veut que l’on croit qu’elle va resserrer et resserrer jusqu’à ce que le tuyau grince (…) il se pourrait que le marché se rende compte que la Fed n’est pas derrière lui et ne le sera pas tant que les données ne changeront pas », a commenté Neil Wilson, analyste chez Markets.com.