Saxo Bank publie ce jour ses 10 Prévisions Choc pour 2022. Ces prédictions concernent des scénarios improbables, mais dont la probabilité d’occurrence est sous-estimée, et qui, s’ils venaient à se matérialiser, provoqueraient une onde de choc terrible sur les marchés financiers.
Saxo Bank publie ce jour ses 10 Prévisions Choc pour 2022. Ces prédictions concernent des scénarios improbables, mais dont la probabilité d’occurrence est sous-estimée, et qui, s’ils venaient à se matérialiser, provoqueraient une onde de choc terrible sur les marchés financiers.
- Le plan pour mettre fin aux énergies fossiles est reporté
- Facebook fait face à l’exode des jeunes
- États-Unis : les élections de mi-mandat provoquent une crise constitutionnelle
- États-Unis : l’inflation dépasse 15% en raison de la spirale prix/salaires
- L’Union Européenne présente un fonds de réserve pour le climat, l’énergie et la défense, qui sera financé par les fonds de pension privés
- Les femmes se mobilisent sur Reddit pour mettre à bas le patriarcat d’entreprise
- L’Inde intègre le Conseil de coopération du Golfe en tant que membre sans droit de vote
- Spotify connaît des perturbations à cause d’une plateforme de droits numériques basée sur les NFT
- Une nouvelle technologie hypersonique relance la course à l’espace et une nouvelle guerre froide
- Une découverte médicale prolonge l’espérance de vie moyenne de 25 ans
Ces prédictions ne sont pas les prévisions boursières officielles de Saxo Bank pour l’année 2022, mais elles nous alertent sur la tendance éventuelle des investisseurs à sous-estimer certains risques, estimant à 1% seulement la probabilité de réalisation de ces scénarios. C’est un exercice qui consiste à envisager tous les scénarios possibles, quand bien même ils sont peu probables, tout particulièrement en cette année exceptionnelle marquée par la crise de la Covid-19. Évidemment, les scénarios les plus disruptifs (et, donc, les plus audacieux) sont ceux auxquels le consensus ne s’attend pas.
Interrogé au sujet des Prévisions Choc pour 2022, Steen Jakobsen, Directeur des investissements chez Saxo Bank, explique : « Le thème sous-jacent de nos prévisions choc pour 2022 est la Révolution. Rongée par les inégalités, notre société ne manque pourtant pas d’âmes volontaires désireuses de changer les choses. Compte tenu de l’incapacité du système actuel à régler ce problème, il ne s’agit plus de savoir s’il y aura une révolution, mais plutôt de savoir quand et comment. Chaque révolution engendre son lot de gagnants et de perdants, mais là n’est pas la question. Si le système actuel ne parvient pas à changer mais le doit, une révolution est la seule issue possible.
Le monde est en proie à une guerre culturelle et le fossé ne sépare plus uniquement les riches des pauvres. On observe des oppositions de toutes parts : les jeunes contre les plus âgés, les cadres diplômés contre la classe ouvrière peu qualifiée, les marchés reposant sur un mécanisme naturel de formation des prix contre les marchés subissant des interventions des États, les rachats d’actions contre les dépenses en recherche et développement, l’inflation contre la déflation, les femmes contre les hommes, la gauche progressive contre le centre gauche, les dénonciations en ligne sur les réseaux sociaux contre les véritables changements sociétaux, les rentiers contre les travailleurs, les combustibles fossiles contre les énergies vertes, les initiatives ESG contre la nécessité d’alimenter le monde en énergie fiable… La liste est longue.
Nous avons collaboré au niveau mondial sur les vaccins Covid en 2020 et 2021. Nous avons maintenant besoin d’un nouvel effort collectif semblable à celui du “projet Manhattan” pour ramener le coût marginal de l’énergie, ajusté en fonction de la productivité, à des niveaux beaucoup plus bas tout en éliminant l’impact de notre production d’énergie sur l’environnement. Une telle initiative engendrerait le cycle de productivité le plus important de l’histoire : nous pourrions dessaler l’eau, créer des fermes verticales quasiment partout, créer des ordinateurs quantiques ultra puissants et continuer à explorer de nouveaux horizons en matière de biologie et de physique.
Il faut garder en tête que le monde évolue constamment, alors que les cycles économiques et politiques sont toujours limités dans le temps ».
Nos Prévisions Choc 2022 sont disponibles ici. Vous en trouverez un récapitulatif ci-dessous :
1. Le plan pour mettre fin aux énergies fossiles est reporté
Résumé : les responsables politiques repoussent à plus tard les objectifs climatiques et soutiennent l’investissement dans les énergies fossiles pour lutter contre l’inflation. Ce faisant, ils prennent le risque d’alimenter des troubles sociaux en attendant de repenser la voie vers un avenir bas carbone.
Dans un contexte marqué par la flambée des cours des matières premières, les gouvernements ont pris conscience de la menace inflationniste. Redoutant un déraillement de l’économie à cause d’un calendrier irréaliste en matière de transition énergétique, ils ont repoussé à plus tard les objectifs climatiques. Ils assouplissent les règles pour cinq ans pour les producteurs de pétrole et pour dix ans pour les producteurs de gaz naturel. L’objectif est d’encourager les producteurs à fournir de l’énergie en quantité suffisante et à prix raisonnable pour combler le déficit de production d’énergie actuel en attendant de passer à une société bas-carbone.
Cette décision a entraîné une hausse et un regain de volatilité des prix, non seulement pour l’énergie, mais également pour les métaux industriels, dont la plupart sont nécessaires en grande quantité pour permettre la transition verte. De plus, la flambée des prix de l’énergie a poussé à la hausse les cours du diesel et surtout, des engrais, d’importants coûts agricoles qui provoquent des inquiétudes quant à la production de cultures vivrières essentielles.
Impact sur le marché : L’ETF iShares Stoxx EU 600 Oil & Gas (code mnémonique : EXH1:xetr) s’envole de 50%, profitant de la renaissance du secteur de l’énergie
2. Facebook fait face à l’exode des jeunes
Résumé : Les jeunes délaissent les plateformes de Facebook pour dénoncer l’exploitation de leurs données personnelles à des fins lucratives. La société mère de Facebook, Meta, tente de les récupérer grâce au Metaverse, en vain.
Facebook est passé du statut de véritable référence pour les jeunes à celui de plateforme pour « boomers », comme disent les jeunes. Ils dénoncent de plus en plus les algorithmes de Facebook, qui transforment leur expérience sur le réseau social en flux de contenus identiques, voire, dans le pire des cas, en contenus haineux et trompeurs. Des études réalisées par Facebook montrent que les adolescents passent 2 à 3 fois plus de temps sur TikTok que sur Instagram (qui appartient à Facebook), et qu’ils privilégient Snapchat pour communiquer entre amis.
Prendre un nouveau nom (Facebook s’appelle désormais Meta), adopter une nouvelle image de marque pour protéger Instagram, son actif le plus précieux actuellement, et créer un nouveau produit répondant aux attentes des jeunes est exactement la même recette que d’autres industries problématiques utilisent depuis des années. Mais en 2022, les investisseurs réaliseront que Meta est en train de perdre rapidement son jeune public, donc le potentiel et la rentabilité futurs de l’entrepris. Dans un acte de désespoir et convaincu que le fait d’être un précurseur garantit le succès dans l’univers des technologies, Meta essaie de racheter Snapchat ou TikTok, tout en dépensant des milliards de dollars pour mettre en place l’inquiétant Metaverse, dont l’objectif est de surveiller les utilisateurs encore plus étroitement et d’inciter les jeunes à revenir sur les plateformes Meta du groupe. Le plan fait chou blanc et les jeunes restent indifférents à la tentative.
Impact sur le marché : Meta, la société mère de Facebook dévisse de 30% en bourse et est poussé à se séparer en entités distinctes, mettant fin aux rêves de monopole de Mark Zuckerberg.
3. États-Unis : les élections de mi-mandat provoquent une crise constitutionnelle
Résumé : les élections américaines de mi-mandat sont marquées par une contestation des résultats au Sénat et/ou à la Chambre des Représentants, empêchant le 118e Congrès de prendre ses fonctions en temps et en heure début 2023.
L’élection présidentielle américaine de 2020, particulièrement chaotique, a été un épisode inquiétant pour grand nombre d’institutions américaines. Le président sortant Donald Trump a refusé de reconnaître sa défaite et a prétendu que l’élection lui avait été volée. L’accusation n’a pas fait long feu devant les tribunaux mais elle a suscité un élan de sympathie dans la base électorale de l’ancien Président. Encouragée par les propos de Donald Trump, une horde de fervents partisans du complot électoral a envahi le Capitole pour empêcher l’investiture de Joe Biden le 6 janvier 2021. Il s’agit d’une première dans l’histoire des États-Unis.
Avant cela, puis lors du second tour des élections sénatoriales de l’Etat de Géorgie, des agents électoraux scrupuleux et honnêtes, dont de nombreux républicains, ont vérifié les résultats malgré les menaces, parfois de mort, de certains extrémistes. En 2022, les républicains s’assurent qu’aucun assesseur zélé ne se trouve au mauvais endroit et veillent à ce que tous les assesseurs soient des partisans extrémistes prêts à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour inverser le résultat de l’élection.
Dans le sillage de l’élection de 2022, plusieurs courses au Sénat ou à la Chambre des Représentants se jouent au coude à coude et l’un, ou les deux, camps refusent de certifier les résultats, empêchant la formation et la prise de fonction du nouveau Congrès comme prévu le 3 janvier 2023. Joe Biden certifie les résultats par décret, mettant à mal la démocratie américaine puisque les démocrates s’opposent à la Cour Suprême, que Donald Trump a pris grand soin de faire pencher du côté des républicains. Une véritable crise constitutionnelle se profile à l’horizon de cette impasse, alors que l’année 2023 débute.
Impact sur le marché : volatilité extrême des cours des actifs américains, hausse des taux souverains américains et baisse du dollar (USD) car les investisseurs se protègent contre la crise existentielle de la première puissance économique mondiale, qui émet la monnaie de réserve de référence.
4. États-Unis : l’inflation dépasse 15% en raison de la spirale prix/salaires
Résumé : d’ici au quatrième trimestre 2022, les salaires inférieurs au salaire médian affichent une hausse de 15% en rythme annuel. Les entreprises peinent à pourvoir les emplois disponibles et les travailleurs qualifiés sont de plus en plus sélectifs car l’offre est plus forte que la demande.
L’indice officiel des prix à la consommation américain a atteint un pic à 11,8 % en février 1975. Il aura fallu attendre la récession de 1980-82 et ses augmentations brutales des taux directeurs jusqu’à 20 % pour que l’inflation soit finalement tuée.
En 2022, dans un contexte marqué par la fragilité de l’économie et par la forte tension du marché de l’emploi, la Réserve fédérale, sous l’impulsion de son président Jerome Powell, commet la même erreur, au mépris des modèles traditionnels qu’elle met en avant. Jerome Powell est convaincu que des millions d’Américains retourneront au travail et accepteront l’un des 10,4 millions d’emplois vacants lorsque la pandémie de la Covid-19 refluera. Mais il se trompe lourdement. Certains ont pris leur retraite définitive à cause de la crise et ne font désormais plus partie des actifs.
La grande différence entre ce qui s’est passé avant et la situation actuelle est que la pandémie a engendré une véritable prise de conscience des travailleurs. Ils sont désormais plus exigeants : ils exigent de meilleures conditions de travail, de meilleurs salaires, une plus grande flexibilité et veulent un travail qui a du sens. Dans un contexte marqué par des pressions inflationnistes tenaces résultant du déficit de production, de la crise énergétique et de la pénurie de main-d’œuvre, cela entraîne une hausse à deux chiffres des salaires (en rythme annualisé) d’ici au quatrième trimestre.
En conséquence, l’inflation américaine atteint un rythme annualisé de 15% à l’aube de 2023, pour la première fois depuis la Seconde guerre mondiale. Prise au dépourvu, la Fed resserre sa politique monétaire trop mollement et trop tardivement dans une tentative désespérée d’endiguer l’inflation. Mais la Banque centrale américaine a perdu beaucoup de crédibilité et il lui faudra un certain temps pour la regagner.
Impact sur le marché : volatilité extrême des bourses et marchés obligataires américains. L’ETF JNK high-yield s’effondre de 20%, tandis que l’ETF VIXM mid-curve volatility s’envole de 70%.
5. L’Union européenne présente un fonds de réserve pour le climat l’énergie et la défense, financé par les fonds de pension privés
Résumé : pour contrer la montée du populisme, renforcer la lutte contre le changement climatique et défendre ses frontières à l’heure où le bouclier sécuritaire américain se rétracte, l’Union européenne lance un fonds de réserve de 3 000 milliards de dollars qui sera financé par les cotisations de retraite plutôt que par de nouvelles taxes.
Le bouclier sécuritaire déployé par les États-Unis sur la majeure partie de l’Europe de l’Est pendant et après la Guerre froide se rétracte rapidement et pourrait disparaître dans les prochaines années, les Etats-Unis se concentrant sur des rivaux économiques et militaires beaucoup plus sérieux à l’est.
Le Président français Emmanuel Macron, soutenu par le Premier ministre italien Mario Draghi désireux d’endiguer la montée du populisme en Italie, annonce la création d’un fonds de réserve européen qui servira à financer la défense, la lutte contre le changement climatique et la transition énergétique qui en découle.
Compte tenu du vieillissement de la population de l’UE et de sa fiscalité déjà lourde, les dirigeants politiques savent qu’il sera impossible de financer le fonds de réserve avec une hausse de l’impôt sur les revenus ou autres recettes fiscales traditionnelles. Désireuse de réformer son système de retraites, la France a alors une idée lumineuse et lorgne du côté des fonds de pension européens, qui représentent un montant considérable. Elle décide que les retraites de tous les travailleurs de plus de 40 ans doivent allouer une part de plus en plus importante de leurs capitaux de retraite en obligations du fonds de réserve à mesure qu’ils vieillissent. Cela offre une marge de manœuvre budgétaire considérable à l’UE, et ce malgré le tour de passe-passe consistant à dissimuler le coût de l’inflation et les rendements réels négatifs des obligations du fonds de réserve peu rémunératrices, qui ne sont rien d’autre que des obligations de l’UE déguisées. Dans le même temps, les jeunes jouissent d’un marché de l’emploi plus solide et d’une fiscalité plus équitable car le système est un tel succès que les impôts sur le revenu diminuent progressivement.
Impact sur le marché : les rendements obligataires s’harmonisent en Europe, au grand dam des Bunds allemands, qui sous-performent. Les entreprises européennes opérant dans les secteurs de la défense, de la construction et des énergies nouvelles sont parmi les meilleures performances.
6. Les femmes se mobilisent sur Reddit pour mettre à bas le patriarcat d’entreprise
Résumé : imitant la stratégie utilisée par l‘armée de boursicoteurs Reddit sur les « actions meme » en 2020-2021, un groupe de tradeuses lancent un assaut coordonné sur des entreprises mauvaises élèves en matière d’égalité des sexes. L’offensive provoque des variations de cours brutales pour les entreprises ciblées.
Les femmes en ont marre d’attendre. Dans un contexte d’immobilisme ambiant, l’année 2022 est le théâtre de vastes initiatives populaires sur les réseaux sociaux visant à obliger les entreprises qui violent les droits civiques à rendre des comptes sur leurs pratiques sexistes, racistes, âgistes et capacitatistes. Malgré des salaires inférieurs, les femmes affichent des taux d’épargne supérieurs à ceux des hommes. Elles décident d’utiliser cette épargne et leur influence considérable dans un mouvement #metoo sur les marchés financiers.
Contrairement à la philosophie souvent nihiliste des membres de la communauté Reddit, les femmes s’organisant sur Reddit adoptent une stratégie plus élaborée. Les tradeuses coordonnent une liquidation forcée des positions longues (« long squeeze » en anglais) en vendant à découvert les actions des certaines sociétés patriarcales. Parallèlement, elles réorientent les fonds vers des entreprises performantes en matière de représentation des femmes parmi les cadres intermédiaires et supérieurs. Plutôt que de condamner cette initiative, les responsables politiques du monde entier soutiennent la cause, obligeant ces entreprises aux pratiques archaïques (écarts de salaire entre hommes et femmes, sous-représentation des femmes dans les directions et les conseils d’administration) à redresser la barre.
Impact sur le marché : le mouvement porte ses fruits, le marché est acquis à la cause de ces femmes et les soutient dans leur combat, provoquant une forte baisse des entreprises ciblées en bourse, les obligeant à changer leurs pratiques. Ce mouvement marque le début d’une renaissance de la parité hommes-femmes sur les marchés.
7. L’Inde intègre le Conseil de coopération du Golfe comme membre sans droit de vote
Résumé : les alliances géopolitiques en place aux quatre coins du monde évoluent sur fond de géopolitiques démondialisantes et de flambée des prix de l’énergie.
Les pays dépendant des exportations pour produire la majeure partie de leur énergie dans un monde en proie à une démondialisation galopante doivent revoir rapidement leurs alliances stratégiques pour s’assurer un approvisionnement en énergie sur le long terme. L’Inde, forte de son puissant secteur technologique, rejoint le Conseil de Coopération du Golfe (CCG) en tant que membre sans droit de vote, dans ce qui s’apparente à une sorte de zone de libre-échange. Cette alliance renforce la sécurité énergétique de l’Inde puisqu’elle lui garantit des engagements d’importation sur le long terme.
Les zones de commerce inter-régional garantissent une production et des investissements de proximité. L’Inde bénéficie d’un approvisionnement fiable en énergie et le CCG, lui, s’offre un marché de destination fiable. L’alliance permet aux pays du CCG de planifier leur avenir sans pétrole ni gaz et à l’Inde d’accélérer son développement grâce à de nouveaux investissements considérables dans ses infrastructures. L’alliance permet également à l’Inde d’améliorer son rendement agricole grâce aux importations de combustibles fossiles, assurant ainsi une passerelle vers un avenir post-carbone.
Impact sur le marché : la roupie indienne résiste bien mieux que les autres monnaies de pays émergents au cours d’une année de forte volatilité boursière. La bulle qui s’était formée sur les bourses indiennes dégonfle début 2022 mais s’avère être un acteur relativement solide par rapport aux points bas de l’année.
8. Spotify connaît des perturbations à cause d’une plateforme de droits numériques basée sur les NFT
Résumé : les maisons de disque et les plateformes de streaming s’accaparent entre 75% et 95% des revenus provenant de la diffusion de titres en streaming. Les musiciens veulent changer les choses. En 2022, une nouvelle technologie basée sur la blockchain leur permet de récupérer une grande partie des fruits de leur labeur.
Les débuts des jetons non fongibles (‘non-fungible tokens’ ou ‘NFT’ en anglais) ont été chaotiques et dangereux pour les acheteurs mais les perspectives sont réjouissantes pour la technologie NFT. Non seulement les plateformes reposant sur l’utilisation de NFT offrent un nouveau moyen de vérifier les droits d’auteur, mais elles permettent également de distribuer les droits sans intermédiaire. Il s’agit d’un système totalement décentralisé qui rend inutile la présence d’une plateforme centralisée.
Les NFT pourraient se révéler particulièrement intéressants pour la production de contenus musicaux car les artistes dénoncent les modèles actuels de répartition des revenus des plateformes de streaming comme Spotify ou Apple Music. Ces modèles ne reversent pas les frais d’abonnement des auditeurs aux artistes qu’ils écoutent. À la place, tous les revenus des abonnement sont agrégés et distribués en fonction de la part de chaque artiste dans le volume total des écoutes en streaming. De plus, les plateformes prélèvent une part substantielle qui, cumulée à la part versée aux labels, représente 75% ou plus du revenu total.
En 2022, une plateforme reposant sur l’utilisation de NFT voit le jour et commence à diffuser la musique de grandes stars comme Katy Perry, The Chainsmokers ou Jason Derulo, qui ont toutes appelé de leurs vœux la création d’une plateforme de streaming reposant sur la technologie blockchain. D’autres artistes de renom délaissent à leur tour les plateformes de streaming traditionnelles, qui cessent d’opérer définitivement. Les investisseurs y voient une occasion en or pour les podcasts, les films et les autres formes de contenus numérisables.
Impact sur le marché : les investisseurs se rendent compte que les jours de Spotify sont comptés, faisant chuter l’action de 33 % en 2022.
9. Une nouvelle technologie hypersonique relance la course à l’espace et une nouvelle guerre froide
Résumé : les derniers essais de missiles hypersoniques alimentent un sentiment d’insécurité car cette nouvelle technologie rend le matériel militaire traditionnel obsolète, y compris les armes nucléaires. L’année 2022 est le théâtre d’une course aux armes hypersoniques.
Les armes hypersoniques et l’aérospatial sont au cœur d’un nouvel épisode de rivalité aiguë entre les États-Unis et la Chine, tant sur le plan économique que militaire. D’autres grandes puissances dotées de technologies militaires avancées se joignent à la course, dont la Russie, l’Inde, Israël et l’UE.
Les armes hypersoniques représentent une menace sans précédent pour le statu quo militaire stratégique de longue date. Cette nouvelle technologie offre de nouvelles capacités défensives et offensives asymétriques qui mettent à mal les deux piliers centraux qui garantissaient la stabilité de la stratégie militaire des dernières décennies. En effet, les missiles hypersoniques jouissent d’une puissance dévastatrice par rapport aux missiles longue portée des bombardiers traditionnels et les navires de guerre d’eau profonde permettent d’opérer aux quatre coins du monde sans besoin de ravitaillement.
Le deuxième pilier sur lequel reposait la période de la Guerre froide était le principe de destruction mutuelle assurée en cas de guerre nucléaire. Un pays n’avait aucun intérêt à lancer une guerre nucléaire dès lors que l’adversaire avait le temps de contre-attaquer en lançant un missile balistique intercontinental aussi destructeur à partir d’une position terrestre ou maritime. Mais la vitesse des missiles hypersoniques nourrissent l’idée qu’une défense supérieure pourrait faire échouer une attaque entièrement, voire même permettre de nouvelles capacités de première frappe.
Impact sur le marché : financement massif d’entreprises comme Raytheon qui construisent des missiles hypersoniques pouvant aller dans l’espace, et sous-performance des entreprises fabricant des armements traditionnels coûteux (avions, navires).
10. Une découverte médicale allonge l’espérance de vie moyenne de 25 ans
Résumé : jeunesse éternelle, ou presque. L’année 2022 voit une avancée majeure dans le domaine de la biomédecine, qui alimente l’espoir de prolonger l’espérance de vie en bonne santé de 25 ans. L’avancée engendre des débats éthiques, environnementaux et budgétaires d’une ampleur sans précédent.
L’année 2022 voit l’émergence d’une approche multifactorielle : plusieurs traitements sont regroupés pour manipuler les processus de multiplication cellulaire. L’objectif est de rallonger la durée de vie des cellules, et par conséquent la vie de l’organisme composé de ces cellules. Le traitement, coûteux, est toutefois efficace et a déjà fait ses preuves sur des souris de laboratoire contenant de l’ADN humain : le traitement a permis d’allonger leur durée de vie de 30%, voire plus.
La perspective d’un immense bond en avant dans la qualité et l’espérance de vie est une victoire exceptionnelle pour l’humanité, mais pose un dilemme éthique et financier. Imaginons que nous puissions tous ou presque vivre jusqu’à 115 ans en bonne santé. Quelles seraient les conséquences pour les pensions privées et les systèmes de retraite publics, ou simplement sur la capacité ou la volonté de prendre sa retraite ? Quel serait le coût pour la planète si elle devait pourvoir aux besoins de milliards d’êtres humains supplémentaires, sans avoir la garantie qu’il y aurait de la nourriture pour tout le monde ? Puis vient la question éthique de savoir s’il est humain de ne pas rendre ce traitement accessible à tous. En bref, comment réagiraient nos systèmes de valeurs, nos systèmes politiques et notre planète ?