Les investisseurs ne doivent pas ignorer les avantages potentiels des investissements obligataires durables, alors que les préoccupations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) sont de plus en plus présentes.
Autrefois considérés comme la chasse gardée des investisseurs en actions, les facteurs ESG réalisent une percée remarquée sur des pans entiers du marché obligataire mondial.
Le marché des obligations sociales a suscité un intérêt marqué et progressé de 43%
En Europe, le marché des obligations sociales a suscité un intérêt marqué et progressé de 43% au 2ème trimestre, pour atteindre 66 milliards d’euros. Si cette croissance s’explique en grande partie par l’effort des agences et des émetteurs supranationaux en vue d’atténuer les conséquences économiques et sociales de la pandémie de Covid-19, d’autres secteurs de l’investissement obligataire ESG enregistrent également une croissance robuste. L’année dernière, les émissions d’obligations à impact ont atteint à elles seules 300 milliards de dollars US2, tandis que l’intérêt pour les enjeux ESG ne cesse de progresser sur d’autres segments du marché obligataire.
La récente croissance des investissements structurés obligataires axés sur les facteurs ESG est en partie due au renforcement de la réglementation et à une sensibilisation accrue des investisseurs aux enjeux et aux risques ESG.
L’apport de la recherche universitaire, qui souligne l’impact positif de la prise en compte des facteurs ESG sur l’émetteur et sur la performance, et l’engagement accru des agences de crédit internationales en matière d’investissement obligataire ESG et durable.
Faire ce qui est juste
Les entreprises et les gestionnaires d’investissement ne peuvent plus se permettre d’ignorer les considérations ESG.
L’évolution de la réglementation contraint les entreprises et les investisseurs à mieux prendre en compte les questions ESG. Dans de nombreux cas, il n’est tout simplement plus possible d’ignorer les questions environnementales, sociales ou de gouvernance. L’identification claire des risques ESG peut avoir un impact significatif sur la performance des obligations. Les émetteurs qui ignorent les préoccupations ESG soulevées par leurs parties prenantes risquent de voir leur notation de crédit abaissée et pourraient rapidement perdre leur attrait. Dans le monde de l’investissement obligataire, éviter les perdants est souvent aussi important pour les investisseurs que choisir les gagnants.
Tandis que les investisseurs en actions détiennent un droit de vote, l’influence potentielle des détenteurs d’obligations peut sembler moins évidente. Les investisseurs obligataires peuvent exercer une grande influence sur les émetteurs, notamment à travers des dialogues constructifs.
Les investisseurs peuvent les encourager à s’améliorer dans des domaines spécifiques.
Si les détenteurs d’obligations ne possèdent aucun droit de vote, ils ont la possibilité de s’engager auprès des entreprises différemment et sont réellement en mesure d’influencer les émetteurs de manière positive. En évoquant des sujets pertinents et importants avec les entreprises, les investisseurs peuvent les encourager à s’améliorer dans des domaines spécifiques.
En guise de sanction, les investisseurs obligataires peuvent en dernier recours limiter le financement par emprunt des entreprises suscitant de graves préoccupations ESG.
Dans les cas plus critiques, le refus de financer les acteurs qui ne respectent pas les facteurs E, S ou G constitue une sanction potentielle très efficace pour orienter le comportement des entreprises, notamment celles qui ont du mal à lever des capitaux.
Si les obligations d’entreprise permettent d’influencer les décisions de leurs dirigeants, il existe également des opportunités dans le secteur des obligations souveraines et dans les émissions des organisations supranationales finançant le développement durable dans les économies émergentes.
L’investissement dans les organisations supranationales est un domaine réservé aux investisseurs obligataires. Dans certains cas, cela permet d’investir à faible risque dans des noms très stables, tout en sachant que la totalité du capital vise à obtenir des résultats ESG positifs.
L’héritage de la pandémie
Alors que les enjeux ESG montent en puissance dans le secteur de l’investissement, la pandémie de Covid-19 et ses conséquences laisseront un héritage durable aux marchés mondiaux et pourraient renforcer la nécessité d’adopter une approche d’investissement équitable et durable.
Les préoccupations sociales et économiques sont beaucoup plus pressantes aujourd’hui et on observe un boom des initiatives écologiques. La pandémie est ainsi devenue un problème de société, alors que gouvernements et entreprises sont invités à construire une économie plus juste. À l’avenir, les émetteurs seront probablement évalués sur la manière dont ils ont géré le pic de la pandémie, mais aussi sur leur capacité à maintenir des performances appropriées tout en soutenant un large éventail de parties prenantes dans la longue et lente reprise qui se profile.