L’intégration de critères de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) dans les mécanismes de rémunération variable à long terme était encore peu répandue en 2017. Cependant, ces dernières années ont vu une progression significative de cette pratique. En effet, sur les 40 sociétés composant le CAC 40, 35 d’entre elles, soit 88 %, intègrent désormais ces critères, contre seulement 4 en 2017.
Démocratisation de l’intégration RSE dans la rémunération au sein du CAC 40
Cette évolution ne se limite pas aux dirigeants mandataires sociaux, mais s’étend progressivement à d’autres catégories de personnel, notamment les cadres supérieurs, les managers et d’autres collaborateurs. Parmi les 36 sociétés du CAC 40 qui ont communiqué cette information, 67 % dédient ces dispositifs à d’autres groupes de travailleurs.
L’Observatoire de la RSE (Orse) et PwC France et Maghreb, en collaboration avec le Pacte Mondial de l’ONU, ont réalisé une troisième édition de leur analyse sur l’intégration des critères RSE dans les politiques de rémunération des entreprises du CAC 40. Cette édition vise à dresser un état des lieux de cette pratique devenue incontournable au sein des grandes entreprises. Les résultats de cette étude, basée sur l’analyse des documents d’enregistrement universels des sociétés du CAC 40 jusqu’au 30 juin 2023, sont enrichis par les témoignages et les bonnes pratiques de plus de 15 entreprises, ainsi que par les positions des organisations syndicales administratrices de l’Orse (CFDT, CFE-CGC et CGT), et du Medef.
Éclairages sur les pratiques RSE des PME et du capital-investissement : un Guide stratégique pour les directions d’entreprise
Cette édition apporte également des éclairages sur les pratiques des PME et du capital-investissement, ainsi que sur la transparence des entreprises concernant le calcul du ratio d’équité. Elle s’adresse principalement aux directions du développement durable/RSE, aux directions des ressources humaines/rémunérations, ainsi qu’aux directions générales pour lesquelles cette question est devenue un élément majeur dans la gestion stratégique des entreprises.
Premièrement, il ressort de l’étude que l’intégration de critères RSE dans les politiques de rémunération est désormais une pratique courante au sein des sociétés du CAC 40. Toutes les sociétés intègrent des critères RSE dans la rémunération variable à court terme de leurs dirigeants mandataires sociaux, tandis que 17 sociétés, soit 43 %, intègrent ces critères dans les dispositifs d’intéressement destinés aux salariés, contre seulement 7 en 2017.
Deuxièmement, cette pratique est en constante évolution et est alignée sur la stratégie et les priorités RSE de l’entreprise. Les critères les plus récurrents portent sur les thématiques environnementales et sociales, tels que les émissions de CO2 et la diversité et l’inclusion. Les entreprises tendent à intégrer une gamme plus variée d’indicateurs pour atteindre leurs objectifs RSE, avec une augmentation progressive de la part dédiée à ces critères dans les rémunérations à court terme des dirigeants mandataires sociaux.
Troisièmement, bien que la communication sur l’intégration des critères RSE dans les rémunérations ait augmenté, elle reste hétérogène. Alors que 53 % des sociétés du CAC 40 communiquent sur les indicateurs et objectifs RSE intégrés dans la rémunération des dirigeants mandataires sociaux, 65 % ne communiquent ni sur les indicateurs ni sur les objectifs RSE pour les autres populations.
En outre, de nouvelles tendances émergent, notamment dans le secteur du capital-investissement, où jusqu’à 37 % des fonds intègrent des considérations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) dans la rémunération des dirigeants. De plus, certaines sociétés de capital investissement appliquent jusqu’à 50 % de critères RSE dans le mécanisme de carried interest.
Cependant, l’intégration de critères RSE dans les PME reste encore peu répandue. Selon le baromètre annuel du Pacte Mondial de l’ONU et de PwC France et Maghreb, seules 9 % des PME françaises déclarent avoir intégré des critères liés aux Objectifs de Développement Durable (ODD) dans la part variable de la rémunération du dirigeant, tandis que ce chiffre atteint 38 % pour les grandes entreprises de plus de 5 000 salariés.
Enfin, la méthodologie de calcul du ratio d’équité varie considérablement entre les sociétés du CAC 40, ce qui rend difficile la comparabilité des ratios. Bien que la plupart des entreprises aient publié une méthodologie présentant les modalités de calcul du ratio et du périmètre, seules 38 % d’entre elles combinent une méthodologie exhaustive complète au niveau du périmètre et de la méthodologie appliquée.
Dans l’ensemble, cette troisième édition de l’étude confirme le virage stratégique pris par les entreprises en matière de développement durable. En plus de l’adoption généralisée des critères RSE dans la rémunération des dirigeants, cette étude met en lumière une extension des dispositifs utilisés, une pertinence accrue des critères définis et une augmentation de leur importance dans la rémunération globale des employés.