Nous avons connu un début d’année très instable aussi bien sur le plan humanitaire, qu’économique et politique. La pauvreté commençait à diminuer lorsque le coronavirus a net stoppé cette tendance. Selon les estimations, le monde en 2020 verra, pour la première fois depuis 1997, plus de personnes entrer dans la pauvreté que la quitter. Des effets profonds peuvent également être observés sur les systèmes de santé, de nombreux pays étant poussés à la limite de leur capacité à subvenir aux besoins de leur population.
Le coronavirus a également eu un impact important sur l’environnement. Avec la mise en place de l’Accord de Paris sur le changement climatique, les gouvernements et les entreprises étaient de plus en plus pressés à réduire leurs émissions de carbone. Aujourd’hui, l’arrêt de l’activité économique dû au Covid-19 a entraîné une vaste réduction de la production de carbone.
En 2020, du fait de l’effet confinement, les émissions devraient diminuer de 5,5 % à 7,5 %. Afin de respecter les objectifs climatiques de Paris, une réduction de 7,6 % par an doit être visée jusqu’en 2030. Cette situation nous a permis de prendre conscience de ce qu’est la vie dans un environnement non pollué, mais aussi de transformer ce qui était une lente évolution, en une révolution.
Dans le débat sur les émissions de gaz à effet de serre, l’accent est mis sur la production d’énergie, mais les énergies renouvelables n’apporteront pas à elles seules la solution au problème. Il est donc nécessaire de s’attaquer au problème à la racine : l’agriculture et la sylviculture, par exemple, sont responsables de 20 % des émissions de C02, trouver des alternatives aux protéines de viande végétale ou encore la gestion durable des forêts peuvent réduire ces émissions. Par ailleurs, une meilleure isolation des bâtiments neufs et existants permettra de réduire considérablement la consommation d’énergie. Enfin le passage à une économie circulaire peut également entraîner une réduction allant jusqu’à 45 % des émissions de gaz à effet de serre non énergétiques.
Un autre effet du coronavirus a été la chute massive du prix des combustibles fossiles. Malgré cela, les progrès technologiques ont rendu la production d’énergie renouvelable moins chère. En effet, le coût actuel est un dixième de ce qu’il était lors de la crise précédente. De plus, le marché s’est déconnecté du marché du pétrole : malgré le fait que le pétrole brut soit au minimum, ce n’est que le mois dernier que 400mw d’énergie solaire ont été vendus aux États-Unis.
Les gouvernements ont introduit des packages fiscaux pour soutenir l’économie à court terme et ont formulé des packages “durables” à plus long terme. C’est le cas de l’accord de relance verte de l’UE, un package de 750 milliards d’euros qui doit être mis en œuvre immédiatement, mais qui devrait passer à 1,85 trillion d’euros d’ici 2030. Cet accord vise à assurer une transition verte et numérique ainsi que la neutralité carbone. L’objectif sera la rénovation des habitations, l’économie circulaire, les énergies renouvelables et l’hydrogène propre. Mais avant même l’annonce de l’accord européen sur la relance verte, l’Europe travaillait déjà sur la taxonomie européenne. Celle-ci aidera les investisseurs et les entreprises à prendre des décisions éclairées sur les activités respectueuses de l’environnement. Le mécanisme du marché récompensera donc les entreprises sur cette base.
Face aux défis sociaux et environnementaux grandissants, les investissements à impact élevé sont regardés de près. Selon nous, cette tendance va continuer à prendre de l’importance dans les années à venir.
L’investissement d’impact pendant le Covid-19
John William Olsen, Gérant du M&G (Lux) Positive Impact Fund
Gérer un fonds d’impact a selon nous un double objectif : offrir les meilleurs rendements possibles et investir dans des entreprises qui ont un impact positif sur la société.
La moitié du portefeuille du M&G (Lux) Positive Impact Fund est investie dans des entreprises ayant un impact environnemental, l’autre moitié étant investie dans des entreprises ayant un impact social. Le fonds s’est bien comporté l’année dernière et au cours du confinement. Le secteur de la santé, qui représente 34,8 % de notre portefeuille d’impact, a constitué un bon “coussin” de sécurité au cours de cette période, tandis qu’à court terme, le confinement a généré un choc pour de nombreuses entreprises qui doivent aujourd’hui redémarrer. Au début de la crise, nous craignions que le Covid-19 n’attire l’attention sur les solutions environnementales au détriment des personnes et des institutions. Mais les gouvernements ont continué à mettre l’accent sur l’économie verte, comme en témoigne l’accord européen sur la relance verte.
Des entreprises comme Thermo Fisher Scientific et Grifols ont été manifestement exposées à la situation sanitaire, toutes deux ayant participé à la mise au point des tests. Par ailleurs, fin mars, Quest Diagnostics avait réalisé près de la moitié des tests Covid-19 aux États-Unis. Ansys fournisseur de logiciels de simulation a été active pendant la crise en offrant leur aide pour simuler et améliorer la propagation de matériaux antibactériens dans le métro ou dans les systèmes de ventilation des hôpitaux. La société de télécommunications kenyane Safaricom possède le plus grand système de paiement par téléphone portable d’Afrique, appelé M-PESA. En réponse au Covid-19, l’entreprise a réduit les frais de transaction et limité les paiements, tout en doublant la bande passante pour ses clients à haut débit. Cette offre gratuite a nécessité des investissements mais a renforcé leur position au Kenya.
Parmi les entreprises qui bénéficieront de l’accord européen sur la relance verte, citons Rockwool, une entreprise cyclique qui fournit des isolants pour les maisons et les bâtiments. Cette entreprise basée au Danemark a été touchée par la crise, mais nous pensons qu’elle va bénéficier de programmes gouvernementaux, notamment en matière d’efficacité environnementale structurelle, ainsi que d’un renforcement des normes de sécurité (l’isolation en laine de roche que produit l’entreprise est également ignifuge).
Le rôle clé de la durabilité (Maria Municchi, gérante M&G (Lux) Sustainable Allocation Fund
L’une des principales avancées de la crise est la reconnaissance par un public beaucoup plus large du rôle de la durabilité, ainsi que de l’interconnexion des défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui.
La croissance démographique fait partie de ces défis. La population mondiale ne cesse de croître, avec 9,8 milliards de personnes d’ici 2050. Les objectifs de développement durable des Nations unies fournissent un cadre clair pour relever les défis liés à la durabilité et démontrent l’interdépendance qui existe entre eux.
Ce que nous trouvons extrêmement important au sein de M&G (Lux) Sustainable Allocation Fund est la construction de portefeuille liée à la durabilité. Nous maintenons la flexibilité du portefeuille pour mettre en œuvre une allocation active des actifs afin de naviguer dans différents environnements de marché et de fournir le rapport risque/rendement attendu : 20-80% de flexibilité dans pour le fixed income, 20-60% pour les actions et 30 % du portefeuille est consacré à l’impact positif. La partie ESG du portefeuille, plus liquide et plus facile à négocier, nous permet de maintenir un dynamisme dans l’allocation d’actifs, tout en respectant un engagement d’impact sur les actifs.
Pour l’impact, nous avons trouvé une opportunité chez la Banque Inter-American Development, un émetteur supranational AAA, dont l’activité d’investissement se concentre sur le LatAm et les Caraïbes. Pendant la crise du Coronavirus, la BID a soutenu l’économie dans ces régions par l’émission d’une obligation de 2 milliards d’USD pour aider les pays emprunteurs à lutter contre l’épidémie.
Les infrastructures renouvelables constituent un élément crucial pour le changement climatique et sont extrêmement compétitives d’un point de vue économique. Nous sommes maintenant conscients que la durabilité ne signifie pas nécessairement une croissance faible ou nulle, nous disposons d’un ensemble de possibilités innovantes capables d’engendrer de la croissance, tout en soutenant l’évolution vers un environnement plus durable.
En mars, dans le domaine du multi-asset, nous avons assisté à des ventes panique sur les marchés. La situation des fondamentaux et des bénéfices était extrêmement volatile, mais aujourd’hui, cet épisode s’est en partie résorbé et nous réduisons une partie de l’exposition aux actions. Certains domaines spécifiques offrent encore des opportunités intéressantes et les bénéfices pourraient connaître une croissance saine à l’avenir. Dans cette optique, une approche active des marchés reste essentielle.
Une analyse de M&G Investments