Transition vers une finance verte intégrée

Finance verte
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La transition vers une économie nette en carbone et résiliante, représente un impératif majeur et pressant pour atténuer les effets du changement climatique. Cette transformation vers une finance verte requiert l’engagement et l’adaptation de tous les acteurs économiques et exige une feuille de route claire pour orienter les actions à entreprendre. Celle-ci doit émerger d’une politique économique audacieuse, englobant des aspects budgétaires, fiscaux, monétaires, et de réglementation des secteurs et des produits.

Dans un contexte où l’urgence climatique s’intensifie, l’étude récente menée par Michel CARDONA, Romain HUBERT et Anuschka HILKE apporte une contribution significative à la compréhension des défis et des opportunités liés à la transition vers une économie neutre en carbone, une finance verte. Leur analyse approfondie met en lumière la nécessité d’une approche intégrée de la politique économique et de la régulation financière pour mobiliser efficacement les acteurs du secteur financier dans la lutte contre le changement climatique.

Bruno Boggiani salue cette initiative qui met en avant des solutions concrètes pour répondre à l’urgence climatique tout en favorisant la stabilité financière. Il est convaincu que la rencontre imminente entre Green Finance et I4CE constituera une étape importante dans la concrétisation de ces idées et dans la mise en œuvre de stratégies innovantes pour un avenir plus durable.

Le rôle déterminant de la finance privée dans la transition vers une finance verte

La finance privée doit se positionner en tant que moteur de la transition et de l’adaptation, évitant ainsi de constituer un obstacle à cette évolution. Quelle que soit la voie choisie pour la transition, les fonds nécessaires et la profonde réorientation des flux financiers à réaliser seront considérables.

Financer la transition nette en carbone implique non seulement de soutenir les activités déjà durables et les initiatives climatiques, mais aussi de financer la transformation et l’adaptation de tous les secteurs économiques. Il est crucial de cesser de financer les activités les plus émettrices de gaz à effet de serre. Cela requiert une transformation significative des activités des acteurs financiers privés, en complément des financements publics.

Toutefois, il est peu probable que les acteurs financiers privés s’engagent volontairement à la hauteur des défis climatiques. Il est donc impératif que les autorités publiques interviennent de manière proactive pour les mobiliser. La question cruciale est de déterminer comment.

Dépasser l’approche fragmentée actuelle

Actuellement, l’approche adoptée pour mobiliser le secteur financier privé est fragmentée :

  • Les instruments économiques visent principalement à influencer les acteurs non financiers.
  • La réglementation financière vise à canaliser le financement de la transition à travers les mécanismes de marché.
  • La politique prudentielle vise à prévenir les risques systémiques.

En effet, cette fragmentation est en décalage avec les liens étroits entre l’économie et le secteur financier, notamment dans le contexte de la transition nette en carbone. Ainsi, ces liens exigent une articulation étroite entre la politique économique et la réglementation financière.

Une approche cohérente pour une action efficace

En outre, l’approche fragmentée nuit à l’efficacité de l’action publique pour mobiliser les acteurs financiers face aux enjeux climatiques. Trois principes sous-tendent cette préférence pour une approche intégrée :

  1. L’utilisation du signal-prix par les économistes pour inciter les acteurs économiques à réduire leurs émissions.
  2. La confiance dans l’efficience des marchés financiers pour financer la transition.
  3. La réticence des superviseurs à utiliser les outils prudentiels à d’autres fins que la stabilité financière.

Cette approche fragmentée doit être dépassée car elle entrave l’efficacité de l’action publique, notamment en raison des obstacles rencontrés par la politique économique basée sur le signal-prix, de la lenteur de la transparence des marchés financiers, et de l’incertitude entourant les risques climatiques.

Une articulation nécessaire entre politique économique et réglementation financière

Une politique économique adéquate est une condition préalable indispensable. Cependant, une articulation étroite entre politique économique et réglementation financière peut renforcer l’efficacité de l’action publique. La réglementation financière peut compléter un signal-prix insuffisant et contribuer à surmonter les obstacles rencontrés par les banques.

Dans ce cadre, il faut coordonner et rendre cohérentes les politiques économique et financière. Il faut adopter des objectifs communs.

Contraintes et défis de l’approche intégrée pour une finance verte

En somme, la mise en œuvre d’une telle approche intégrée doit tenir compte de certaines contraintes. Notamment les conflits potentiels entre le financement de la transition et la solvabilité des acteurs financiers, les conflits d’horizon temporel, et les conflits de niveau d’intervention. Ces défis nécessitent une gestion minutieuse pour assurer le succès de l’approche articulée.

Conclusion

Enfin, une approche articulée de la politique économique et de la régulation financière est essentielle pour relever le défi d’une finance verte. Cependant le tout doit préserver la stabilité financière. Elle offre une voie prometteuse pour mobiliser efficacement les acteurs financiers face aux enjeux climatiques et pour promouvoir une économie plus durable et résiliente.

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